After Chronique 12

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J'avais besoin d'un homme qui me fasse oublier la douleur d'avoir perdu mon père, qui me fasse oublier Yanis malgré tout, qui me protège, qui prenne soin de moi. Younès m'aimait vraiment, je n'avais aucun doute là-dessus mais il me brisait psychologiquement, il me mettait plus bas que terre, m'utilisait à souhait, me contrôlait.

Je n'avais plus les idées claires, à vrai dire je ne savais pas si c'était moi le problème, si j'étais folle, ou si c'était lui le fou. J'étais perdue, je gardais tout en moi. Est-ce que j'étais frigide ou est-ce que Younès me traitait vraiment mal ? Est-ce que j'en demandais trop ou est-ce qu'il ne me donnait pas assez ?

Je culpabilisais déjà de lui avoir lâché tout ça dans la tronche alors je commence à caresser sa joue pour prendre la température. Il reste sur son téléphone sans me calculer.

Moi : ça va ?

Younès : oui

Je mets ma crème solaire, m'allonge et pense à un avenir meilleur, à une Jade qui est libre, forte, qui n'a plus peur. J'aimais trop me faire des scénario. Ça suffisait à me rendre heureuse, je m'enfermais dans des bulles pour oublier les imperfections du présent qui je l'espère changera. In sha Allah.

(...)

Suite à ces vacances, nous (Younès et moi) sommes allés à Marrakech avec sa famille cette fois. Il y avait ses parents, son demi-frère (un cap-verdien que ses parents avaient adopté), ses 2 nièces et nous. C'était une bonne semaine pas très ensoleillée, il faisait chaud mais le soleil n'était pas au rendez-vous. Les journées passaient sous le rythme des repas en famille, du volley, ping-pong... C'était bien, je m'étais calmée quant à mes pensées des dernières semaines.

Younès n'avait pas changé de comportement, comme à son habitude. Mais de mon côté, je m'étais remise en question. Mes propres pensées m'effrayaient, je pensais des fois que sa manière d'agir pouvait s'apparentait à un viol par moment, c'est comme-ci quelque chose clochait, mais je ne savais pas quoi. Je ne savais pas pourquoi je pensais de telles choses, je ne savais pas si c'était vrai ou si j'avais juste un problème. Par moment j'étais consentante, j'aimais m'apprêtais, porter une jolie tenue, lui faire plaisir. Mais ma routine et mon rythme de vie d'étudiante ne me donnait pas envie de faire des efforts et dans ces moments là, j'avais l'impression que Younès faisait irruption dans mon intimité, qu'il ne respectait pas mes choix. Il boudait quand j'étais malade, me mettait la pression quant au fait qu'on ne se voit pas assez bien qu'on se voyait tous les jours. Je faisais des invocations pour être prise à auchan. D'une part pour gagner un peu plus d'argent, mais également pour avoir en quelque sorte une excuse valable pour ne pas le voir par moment.

Ce n'était pas normal de penser comme ça, je m'en voulais, je culpabilisais. C'est cette culpabilité qui me faisait céder à chacun de ses caprices. Je repensais aussi souvent au fait que j'avais passé un moment avec Thomas, que j'avais vu Alexandre à nouveau. Alors je méritais parfois de ne pas être bien car j'étais pire que Younès. Lui au moins était un homme droit, pas moi. Dès que je flanchais, je repensais à mes pêchés et je cédais, encore et encore. Ça me poussait à faire des efforts et à amener la paix dans mon couple et dans ma tête pour un temps.

(...)

Arrivée à Malte

Quel mois d'août ! Que de voyages ! C'est ce type de vie que je voulais, je travaillais pour l'avoir. J'aimais voyager plus que tout. Ce mois d'août pour moi n'était qu'un échantillon de ce que serait ma vie. Je voulais être plus spontanée, partir en week-end à la dernière minute, faire le tour du monde... Ne pas calculer. Tant que j'avais les moyens financiers mais surtout la santé, rien ne pouvait me stopper... Si ce n'est Younès et sa famille.

Chronique au cœur de mes histoires impossiblesWhere stories live. Discover now