A.L.P.H.A. / Souvenir (4/4)

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Alors que nous échangions encore sur le cas du brave, nous entendîmes un fort tapage, provenant de tous les recoins de la cité.

C'était des acclamations mêlées de stupéfaction, des cris suivis de hués.

Les figurants attirèrent l'attention de nos personnages. Le spectacle qui s'y déroulait à l'instant, était fort ahurissant.

Tous les e-motios, avaient le visage emplit d'étonnement, comme pris par un sentiment d'anxiété. Aux yeux de tout public, la boule rocheuse s'effritait. Des lézardes d'un jaune luisant, ne cessaient de dessiner sa surface ronde.

L'e-motio en chef se rapprochait, comme attiré par un sentiment d'appartenance à cette même vie, qui se pressentait au travers de cette coquille.

Brusquement, une onde traversa l'espace, sans manquer de retentir dans les âmes de chaque e-motio. Cela produisit une virulente crainte parmi eux. C'était tel un poids accroché à la poitrine, tel un coup porté directement à cet endroit. La lourdeur était subitement pulvérisée, se rependant dans tout le corps provoquant un frisson d'effroi. Les ondes se succédaient, s'épaississaient, puis disparaissaient pour laisser place à d'autres vagues saisissantes.

En cet instant, n'importe quel animal de l'univers aurait pris les talons face à cette vision intimidante. Mais pas les e-motios. Plus l'onde s'imposait, plus les créatures tenaient à rester, curieuses d'être témoin d'un avènement sans pareil.

Le flux de questions baigné de commentaires avait disparu, au sein de la foule. Je pouvais apercevoir une famille entière dont les jeunes enfants, sur les cuisses de leurs parents, pressaient leurs minuscules doigts sur la chair familiale. Les bras enlacés de partenaires se succédaient à plusieurs lieux, plaçant l'instant aux rêveries et aux mots doux. Un échange de regard à d'autres endroits et quelques verres vides cherchant une autre tournée.

Je croisais enfin ce cher filou de percepteur d'impôts, n'étant curieusement point à la caisse. Il y assistait debout et se passait la main sur sa barbe en pointe, à longueur de temps. Il était drapé de sa toge beige lui allant jusqu'aux pieds. Je devinais qu'elle détenait une sacoche de quelques pièces d'or.

La foule allait bientôt avoir besoin de tout son courage car, lorsque je ramenais mon visage vers la cage, une lumière telle une étoile venait de briller de tout son éclat. Un corps apparut alors, sans autre phare qu'elle. Devant l'assemblée, se dressait un e-motio d'un tout autre niveau.

— Je dois dire que tu es gâtée, petite chose, m'écriais-je, en la regardant, le rire me montant à la gorge. Ah ! pouffais-je, avant d'éclater de rire. Que dis-je, vous êtes tous infiniment chanceux !

— Pourquoi ? rétorquait ma compagne, toujours accoudée à la rambarde.
— Ah ! Qui l'eût cru ! dis-je encore, avant de m'affairer aux réponses. Ça, ma fille, ne se rencontre souvent qu'une fois dans sa vie, si tu élus domicile à Achlys. Seul le royaume d'Haemmer et les villes célestes peuvent t'offrir pareil spectacle. Ce qui se dresse là, devant tout le monde est un évolué.

— Un...évolué ?!
— Oui, ma p'tite dame... On appelle cela, une évolution.

À l'intérieur de la cage, le nouvel e-motio n'avait pas encore daigné faire le moindre mouvement. Il était deux fois plus imposant en masse que son semblable. Tous deux avaient la maturité de leurs émotions. Néanmoins, Le premier des êtres ne dégageait ni hostilité ni réserve. On pressentait une domination silencieuse, jugée permanente aux yeux de tous.

Si le corps de son collègue accordait déjà le respect, le sien lui garantissait sa suprématie.

Il mesurait 0,7 mètres, soit 0,3 mètres de plus que son confrère.

Ce Que Tes Émotions Leur FontWhere stories live. Discover now