Chap V : Ce Qui Laisse Des Traces (1/4)

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Je me prends à m'imaginer une seconde une terre pleine de fleurs et d'un ciel toujours en larme. À croire que le nom du district, pousse à penser qu'une tempête y réside. Celle de nos malheurs, le flot de la tristesse.

Nous venons juste de sortir d'une suite de branchages après avoir longtemps marché, durant une journée et demie. Je me sens toujours en forme, seulement je désire grignoter quelque chose, cela va sans dire.

Le paysage qui s'offre à moi, est d'une étendue inouïe. Nous sommes au sommet d'une colline où nous pouvons observer la beauté d'un nouveau monde, alors méconnu de ma perception : des centaines de petits étangs placés en pente descendante et s'accroissant au fur et à mesure que notre vue prend en compte toute l'horizon. Ces eaux d'un bleu scintillant, dû à la lumière me précise certaines créatures flottant sur cet étendue, tels des traits. Chaque étang est entouré de racines épaisses et gigantesques qui proviennent de la charpente de tout cet édifice ; l'arbre titanesque dominant tout le grand domaine qui s'étend à mes yeux. Je me croirais dans une seconde Amazone, avec le fleuve Dytos jouant les serpents sur toute l'étendue.

Le temps de comprendre ma position dans ce grand paradis verdoyant et pleine de ramification, le passage nous ayant mené jusqu'à notre destination, s'effrite derrière nous aussi vite qu'un manuscrit brûlant au feu d'une bûche rougeoyante.

— Merci au moins... lance mon compagnon, en direction de notre raccourci.

Je décide de ne pas commenter et de me rapprocher le plus vite possible de cette immensité au loin.

Nous empruntons le chemin le moins abrupte. La rigueur dans l'exécution ne doit point être négligée. En effet, à l'instant même où je piétine un dédale à ma droite, mon pied s'enfonce, ratant de m'emporter.

Je reprends assez vite le contrôle de mes sens et la marche reprend son cours. Nous continuons à encaisser quelques petits inconvénients, comme une brume épaisse en de ça de la montagne, une bête zigzagant sans savoir exactement sa destination, mais qui finit par nous tomber dessus et à s'acharner sur nous. C'est un tvarak de la taille et la forme d'un hippopotame, muni d'oreille à l'image d'une feuille lobée. Nous finissons par le semer derrière un buisson. Tandis que nous descendons encore, de la lumière apparaît dans notre périmètre. Des boules lumineuses qui précèdent un craquement singulier. On dirait le bruit de la terre creusée, à même les doigts. C'est au tour d'un autre bruit, mais cette fois, il s'agit d'un bois percé assez vite pour que je me figure qu'il s'agisse d'un insecte dévorant son repas. La lumière emplit soudain la descente.

En un rien de temps, je vois se présenter une petite créature de la taille d'un bébé humain. Il est à quatre pattes. L'animal m'observe avant de se lever soudainement et de reprendre sa contemplation de la chose inédite, face à lui.

Avant même que j'aie le droit de m'intéresser à la créature, j'aperçois tout une horde de ses semblables, grimpant, se jetant du haut d'un arbre, d'autres déboulant la montagne. Je distingue des plus gros dans le tas, ces derniers atteignent au moins sept centimètres, avec une masse de l'entassement de trois à quatre d'entre eux côte à côte. Leur teint marron contraste avec celui du gris de leur compagnon, qui n'est pas sans me rappeler celle de la forêt du district du souffle de la peur.

Je m'incline à nouveau pour considérer le jeune e-motio juste à mes pieds, continuant à la regarder de ses yeux noirs complets, de son nez long comme un pif, de ses rides au niveau de la mâchoire lui donnant un aspect repoussant. On dirait un de ses gobelins de l'ancien monde. Ses longues oreilles pointues ne s'arrêtent qu'à l'extrémité de son crâne. Il est littéralement rouge tomate, ce qui ne lui donne pas un modeste moyen de se démarquer de la populace.

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