Chap XV : Ce Qui Donne La Force De Continuer II (1/2)

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Je tourne ma tête en direction de l'e-motio de la peur, qui continue à se débattre pour étouffer le dernier d'entre eux. Ils dessinent le corps de toute une suite de trait.

Je pivote mon corps vers ma gauche, pour mieux voir la scène. Je me décide finalement à me relever, remarquant au passage que tout est déjà fini.

Avec un effort insupportable, j'arrive à me lever et à croiser l'animal. Il se rapproche de ma position. Je reste presque paralysée sur place, tellement mes nerfs veulent me lâcher. C'est une bataille implacable qui se déroule dans ma chair, au point d'avoir du mal à distinguer l'e-motio.

Je m'agenouille sur le sol enneigé, la tête inclinée. J'ai beau avoir mal, impossible de le refléter. J'ai beau vouloir pousser tous les cris nécessaires pour évacuer cette douleur, je n'y arrive pas. Une sorte de mur sépare mes sensations de mes perceptions. Je suis libérée de toutes peines. Je n'arrive même pas à penser au passé ni à spéculer sur mon avenir.

Je vois une ombre se dessiner au sol. Un pelage dont des centaines de gouttelettes rouges perlent ses poils. Il est si près de moi que je sens la chaleur de son corps. J'ai rencontré nombres d'e-motios, mais aucun ne possédaient une chaleur corporelle comme la sienne. Et le ronronnement qui talonne ses battements de cœur. Je le comparaîtrais à celui d'un chat. Je l'entends grogner un peu pour me faire signe de m'agripper à lui.

Je serre la paume de mes mains en m'agrippant à ses poils. Je me lève difficilement, l'esprit toujours embrouillé. Je me rapproche de ce cœur, puis de sa tête. je laisse mes deux mains glisser sur ce pelage si soyeux que je ne peux m'arrêter.

C'est agréable, tout simplement magique.

Combien de temps suis-je ainsi ? Je ne le sais pas. Je lève ma face vers celle de la créature, regardant droit devant lui. En considérant le vide qui ne m'est point accessible.

— Hé, mon grand, commencé-je, encore capable d'articuler.

« Tu as été épatant... tu as gagné. Tu t'es battu et tu as gagné. Merci pour tout... tu as prouvé que ce n'est plus à toi d'avoir peur, mais aux autres de trembler devant toi. »

J'entends le faible grognement de l'animal, répondant à mes paroles. Je reste muette pendant deux ou trois secondes avant de rajouter :

— Tu vas rencontrer un tas d'épreuve. Tu vas te retrouver dans de tels états que tu hurleras peut-être, à nouveau, à la mort... Mais sache qu'il y a quelque chose qui conjura le sort. Qui changera ces difficultés en défis à relever... qui te forcera à avoir les opportunités là où tout le monde croit qu'il n'y a que ténèbres. Humain, je t'accorde m'a bénédiction... et mon e-motio... mon ami... je t'accorde ma gratitude.

L'e-motio, sans lui porter un regard, se redresse de tout son long et réapparaît majestueux sur cette plaine enneigée, où ses semblables marchent, lentement mais sûrement, vers le centre du district.

L'e-motio tourne ces pattes dans la direction opposée à la mienne. Il va doucement, sans se presser. Je le contemple marquer la neige de ses énormes traces de pas. Elle l'observe s'éloigner jusqu'à une certaine distance avant de prononcer sa dernière phrase, clairement à son intention :

— Adieu, mon ami.

Ces paroles ne me font pourtant pas réagir différemment de mon habitude. Mais, à mieux y réfléchir, j'ai toujours porté mes mains vers les e-motios plutôt qu'aux humains.

Je lui fais volte-face à mon tour, me force à placer deux ou trois pas — mauvaise idée — Je m'effondre sur le drap blanc, la tête contemplant l'immensité cosmique. Ici, les étoiles sont perceptibles même en plein jour. Je me surprends à chercher celle à qui je dédierai ces dernières heures, ces minutes singulières, que sais-je.

Ce Que Tes Émotions Leur FontWhere stories live. Discover now