Chap VI : La Raison D'une Mort (2/3)

43 15 60
                                    

Je me situe dans une pièce délabrée et poussiéreuse. Des dizaines de planches flanquées en plusieurs endroits de la pièce. Je constate une veste placée sur un fauteuil étant certainement beige au départ, mais se retrouvant presque blanc due à la chaux du toit tombant régulièrement. Quelques-uns parsèment déjà le vêtement visiblement neuf et laissé là depuis près de quelques heures.

J'enregistre tout ce qui m'entoure. Un bruit me parvient. Cela provient de l'autre côté de la porte. Avant même que je comprenne, je recule instinctivement vers ma gauche et assiste à l'entrée brusque d'un homme en chemise noire et une cravate rouge. Il ferme rapidement la porte et se met à compter ses dernières balles.

— Et merde, jure-t-il, en fonçant à présent vers le centre de la pièce où il relève rapidement le tapis marron au sol, laissant apparaître une autre arme.

Il se précipite face au mur à sa gauche où un pendule vieux comme le monde, d'une taille remarquable le couvre d'une suite de balle qui transperce la porte. L'homme presse son corps contre le mur blanc, cherchant visiblement quelque chose.

Soudain, il se retourne et aperçoit une porte qu'il entrouvre alors qu'il s'abaisse remarquant un saut rempli d'eau à ses côtés. Il se dépêche de le soulever et de le lancer contre la fenêtre, face à lui.

Je le vois foncer vers la cachette qu'il venait d'enfoncer et reprend ses armes avant de s'y engouffrer.

Ses poursuivants explosent la porte et s'introduisent tout en le cherchant des yeux.

— Alors, tu crois qu'il... craint le premier avec une manche ensanglantée.
— Je ne crois rien... répond l'autre en costume noir qui précise son autorité. Vas-y ! Fais le tour.

Son collègue se précipite vers la fenêtre en remarquant les vitres brisées.

— Chef ! Je crois que vous pouvez venir voir cela...

Je décide de ne plus rester là et m'enfonce dans l'autre pièce par un simple saut tel un spectre. Je me retrouve dans une autre pièce où une dizaine de lits est disposée en rangée de quatre. Il fait sombre et une odeur de vieillie emplit cette pièce. Je constate une vitre relevée au loin. Il doit s'être échappé. Je suis vite rejointe par les deux filous levant leurs armes et visant des yeux, chaque recoin.

— C'est raté ! dit le meneur en cognant son pistolet contre sa cuisse.

Je ne dois pas traîner ici et le retrouver. Le simple fait de me figurer sa face, devrait m'emmener à lui. Je ferme les yeux une seconde. En les rouvrant, je me retrouve dans une pièce exiguë qui rend le tout étouffant. Il fait froid. Je lève la tête et remarque le climatiseur marchant à plein régime. Et au sol, mon homme, adossé au bas du lit, près de la porte. Nous sommes dans une chambre très modeste composée de ce lit et d'un tiroir. Le sol au carreau nous précise des motifs en fleur, tels des glaçons.

L'homme a les jambes écartées. Ses vêtements empestent le sang et sa respiration est intercalée de léger reniflement. Il s'approche d'un état d'hébétude. Ses deux mains détiennent encore leurs gadgets respectifs.

— Est-ce que tu vas bien ? lancé-je, assurée de son attention.

J'entends d'abord un souffle assez agité. Un silence soutenu par le ronronnement de la machine.

— J'ai quelques côtes brisées, mais je m'en sors comme un bébé dans son lit.

Une douleur surgit. Il se crispe. Il relève la tête en poussant un cri. Il ferme ses paupières et murmure un juron. Il transpire à grosse goutte. Il a une petite barbe de trois jours, un menton carré, des cheveux bruns et une égratignure sur le visage.

Ce Que Tes Émotions Leur FontOù les histoires vivent. Découvrez maintenant