Chap XIII : Bordos II (3/3)

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L'aventurière va se coucher. Il faut dire qu'elle nous a encore étonnés. Elle a réussi à apprivoiser le tvarak. Son contrôle sur lui a permis à ce que nous puissions trouver ce superbe endroit.

Tout le monde vaque à ses occupations, maintenant. Je suis de garde, ce soir. Je reste près du feu (jusqu'à ce que tout le monde s'endorme), assis face à eux. La place du brasier a été soustraite de toute paille.

Je me lève et me place au bout de la paille qui m'impressionne, tout de même, par sa superficie. Son diamètre étant de dix-huit mètres, il s'en trouve avantageux pour établir une barrière.


Je me retourne en direction de la forêt, en conservant une mine apaisée, dû au fait de savoir que nous n'allons pas être attaqués par cette créature.

Le vent est glacial. Je me prends à fredonner un air de mon pays : « Ah, fil le temps temps, jour de tempête... » Je ne m'en souviens que parce que j'avais permis à Mayvis de sourire, grâce à cela. Les souvenirs du passé sont bien des poids pour les hommes faibles que nous sommes.

J'entends un craquement de paille. Ce doit être un membre du groupe. Je pivote pour voir de qui il s'agit.

— Ah ! m'exclamé-je.

C'est le mercenaire. Il se dirige vers moi. Je souris un instant, tout en retournant à ma surveillance. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il fait totalement sombre. Malgré cela, ma vue me permet de distinguer des minuscules bêtes, au loin. Comme ces fourmis vertes qui se relaient pour transporter leur butin journalier.

— Beau temps, n'est-ce pas ?

Je reviens à moi et me dépêche de lui répondre.

— Ça, c'est à revoir. Il fait assez frisquet, à mon goût. Mais c'n'est pas comme si nous étions à Virkhusos ¹, n'est-ce pas ? Ah !
— Tu as forcément raison, acquiesce mon interlocuteur. Je reviens, je dois me désaltérer un moment. Ce masque ne me laisse pas un moment de répit.

Je l'entends s'éloigner. Je reste silencieux jusqu'à son retour. J'agite ma main pour lui souhaiter bonne nuit. Il me répond de la main gauche.

Mais brusquement, je me surprends à somnoler — qu'ai-je ? — Je ne ressens pourtant aucune fatigue. Je crois qu'il y a quelque chose qui se démarque dans les ténèbres de la forêt — Un e-motio ? — Pas maintenant, par pitié.

Je finis par retrouver la maîtrise de mes sens. Qu'était-ce ? Je me lève enfin, le jour pointe à l'horizon. Je me retourne vers le groupe. J'ai pour tâche de préparer le petit déjeuner de mes compagnons.

Eskiell se réveille. Il est le premier debout. Temps m'est octroyé de me diriger vers la forêt, pour récolter du bois.

—- Eh ! Où as-tu mis mes affaires ?

Je redresse la face, n'y comprenant rien.

— Mes babioles étaient près de moi... Où les as-tu placés ?

Mais qu'est-ce encore ? Est-ce ses hallucinations qui lui font...

— Seigneur... lancé-je, à mon intention.

Je me tourne vers le groupe et les alentours. Il y manque effectivement les affaires de bien du monde. Je reviens plonger mes pupilles, dans le marron d'Eskiell.

— Il n'y a pas que les tiens... présenté-je, espérant lui faire entendre raison, d'une seule fois.
— Écoute-moi bien, pauvre hypocrite... Si tu n'me donne pas ce qui m'appartient tout de suite, par Devada, je te refais...

Ce Que Tes Émotions Leur FontWhere stories live. Discover now