Chap II : L'E-motio De l'Espoir (1/3)

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L'aqua e-motio. Voilà le nom donné à ces eaux uniques. Ce sont les différents affluents alimentant le fleuve Dytos, qui servent à remplir ce bassin. Cependant, cette eau est bien plus dense que celle à l'extérieur.

La raison est on ne peut plus simple. Il y réside une multitude d'espèces aquatiques, notamment celle produisant cette vive lumière qui rend cette eau exceptionnelle. Il y est possible de respirer grâce aux réactions chimiques, libérées par cet animal peu commun.

Comment se sont retrouvées toutes ces créatures en ce lieu ? La réponse se situe durant la guerre des lucioles rouges. Plusieurs tvaraks tentant d'échapper au feu et à la cendre, ont fini par plonger par le long canal, menant finalement à cet endroit. Ce fut avant que l'e-motio de l'amour ne bloque l'accès du sanctuaire.

Pour plusieurs raisons, les espèces s'étant agglutinées là, ont rapidement pris du volume, suivi d'une taille abrutissante. À présent, près du trois quart de ses bêtes se situent entre trente et quatre-vingt-dix mètres.

En plus de leur taille titanesque, ils possèdent des propriétés complexes, forçant le parallèle avec les monstres de la surface. Nous pouvons citer le tariq, un monstre noir de près de soixante mètres, comparable à une anguille géante dotée de pores libérant un poison mortel contre toutes menaces, dans un rayon d'un mètre soixante-dix. Il est l'un des maîtres de ces eaux douces. Nous avons aussi le légendaire Léviathan qui atteint les quatre-vingts mètres et qui possède un son particulier, soignant les troubles de l'esprit. Il se tapit dans un des trous dessinant la roche. Il apparaît rarement.

Mais parmi les dizaines de milliers de bêtes vivant dans ce lac, seules deux d'entre elles font l'unanimité, au premier coup d'œil : nous avons Dar, le plus étrange de tous les poissons, le gros dévoreur anthropomorphe. Il s'agit d'un e-motio dévoreur évolué déviant possédant le contrôle du plus gros tvarak de ces eaux. Il s'agit du Tibariade surnommé Aldébaran, le gargantua de Lodart, possédant assez de force pour abattre tous les monstres du continent. Il possède aussi des yeux en diamant. Il est capable d’émettre un cri pouvant détruire l'âme de ceux qui l'entendent. moindre
carnivore, il se garde de réagir à tout ce qui se traduit comme de la provocation, sachant parfaitement qu'il est le plus fort dans ces profondeurs. Il ne s'en prend aux autres, qu'à l'ordre de Dar. Il est le plus dangereux de ces seigneurs aquatiques, de ce fait.

Le second est Typhon, le plus rapide de tous les tvaraks. Il est d'une telle lumière que le simple fait de le détailler est un exploit. Il détient assez de puissance pour téléporter une créature, d'un coin de Lodart à un autre, en un rien de temps. Cependant à l’instar d’Aldébaran, il ne peut vivre privé d’eau, comme tout poisson. Il atteint une ridicule taille de cinq mètres et pourtant, il se place au-dessus de tous les titans de son habitat.

C'est dans ces eaux impressionnantes qu'Alpha plonge plus profondément, serrée par les pinces poilues de l’e-motio. Ils continuent à s'engouffrer dans les méandres de ces secrets, attisant encore plus la curiosité de la jeune aventurière. Elle finit par y voir plus clair au bout de cinq minutes qui lui semblent une éternité.

Initialement, elle crût être incapable de respirer. Subitement, elle finit par lâcher l’oxygène emmagasiné. Elle retrouve contenance. Elle écarquille des yeux en contemplant un paysage baigné par une lumière lointaine mais si éclatante qu’elle illumine ces profondeurs.

Au loin, elle détaille d'immenses statues qu'elle semble avoir déjà aperçu quelque part. Ils ont une tête de gourde humaine. Des cheveux en boule d'une singulière maîtrise dans la symétrie. Les yeux clos des statues forment un trait et leurs mains présentent des paumes serrées, comme en prière. Elle reconnaît alors les statues bouddhistes terrestres. Comment sont-elles arrivées dans ce monde ? Une bonne vingtaine est à répertorier. Etonnement, une seule d'entre elles a le visage brisé. Ce sont certainement les dégâts d'une lutte provoquée, près de ladite statue, se dit Alpha.

Ils plongent plus en profondeur et rencontrent un point noir se rapprochant d'eux. Doucement d’abord. Puis, cela s'accélère. Alpha n'est point effrayée, simplement curieuse est-elle de savoir exactement ce qu'il en est. Visant de ses prunelles le petit point, elle croit voir la chose osciller légèrement à sa droite, avant de constater qu'elle grossit, à vue d'œil. Elle finit par être assez près pour que l'on réponde de sa nature.

Un tvarak tel un homard. Ne serait-ce pas plutôt un mille pattes géant ? Son gigantesque corps se déplaçant dans l'eau d'un seul mouvement tel un jeu, impressionne l’aventurière. L'animal les dépasse à leur gauche. L'e-motio ne s'est pas donné la peine de se déplacer et est resté l’avant-garde, droit vers son objectif. But final qu'Alpha ignore toujours.

Cependant, elle ne peut que détailler les longues barres dessinant ce corps bestial tels des arbres sans branches. Alpha les aurait associées à des poils. À un moment donné, la bête libère ce qui ressemble à de la fumée, mais que la jeune femme identifie être un liquide de couleur mauve. Elle comprend tout de suite qu'il s'agit d'une mesure de défense.

L'animal vient de lâcher des substances destructrices. Il tente de s'attaquer à elle. Son porteur s'est éloigné sans qu'elle n'ait à réagir. Il dépasse progressivement le danger sur lequel, elle remarque des orbites se dévoiler lui sortant de ses pores. Tout ceci impressionne la jeune touriste.

Ils descendent de plus en plus. Soudain, elle distingue un trou, non loin des pieds des statues. En s'enfonçant, elle considère deux iris d'un bleu d'émeraude qui lui précisent une bête tapie dans ses ténèbres et observant leur petite forme pénétrant dans leur monde.

Ils rencontrent encore trois autres créatures, bien plus lumineuses qui changent de coloration, à notre approche. Les deux sont aussi titanesque que le premier, mais nette différence y a-t-il qu'ils brillaient de partout. Du jaune, du bleu, du rouge, du violet, du vert et bien d'autres pétales de plaisir oculaire faisant rayonner les pupilles du plus insensible des humains.

Alpha observe d'un œil intrigué, ce mélange désorganisé de couleur, qui, à la grande surprise de ce monde, se marie parfaitement avec leur existence exceptionnelle. Mais cela ne tarde guère. Ils se retrouvent à nouveau livrés à eux-mêmes. Toutes les bêtes ont disparu.

En observant toutes les parois qui l’entourent, elle distingue plusieurs trous creusés. Elle devine que toutes les autres bêtes doivent être dans leur cachette, en cet instant. Soudain, elle est attirée par deux lumières scintillantes à sa droite. Il s'agit de deux orbites brillant d'un rouge vif captivant. Le propriétaire de ses précieux a une forme indubitablement
humaine. Il est assis sur le bord d’une grotte. L’aventurière remarque qu'il s'agit en vérité, de la plus grosse tanière de tout ce nouveau monde.

Alpha s'aperçoit que la créature l'étudie de son point. Brusquement, elle précise deux autres yeux, tout aussi brillants, mais cette fois, tels des cristaux énormes, assez pour la moitié d’un stade. À la simple vue de cette  chose inconnue tapie dans l'ombre, elle s'incline tentant de détailler de quoi il en retourne.

L'humanoïde remarquant que sa bête cherche à sortir, lève son bras droit, en signe de paix, à l'intention de son compagnon. En comprenant qu'il s'agit en vérité d'un des seigneurs de ces profondeurs, la curieuse détourne la face et contemple son champ de vision.

Le regard à présent captivé par un astre flanqué en plein cœur du centre. Elle tend sa main droite, comme pour capturer ce petit bout lumineux lointain.

L’astre grossit comme par enchantement. Il a l’air d’accélérer son approche. Effectivement, la lumière est proche. À leur droite, le producteur de cette lumière éblouissante, se dévoile. Il s'agit d'un tvarak dont le corps entier semble être du cristal. Elle se découvre plus d’intérêt encore pour cette trouvaille. Elle se donne toute la peine du monde pour tenter de l’observer d’encore plus près. Le tvarak déploie alors des ailes comparables au toit du Crystal Palace.

À nouveau, la cadence nous pousse à plonger plus en avant, découvrant qu'une autre lumière joue les phares de chemin. La soif d'Alpha est insatiable en matière de découverte. Elle ne peut s'empêcher de garder les pupilles en alerte, face à l'extraordinaire qui l’entoure.

Nos deux personnages finissent par émerger. La première réaction est d'ordre corporel pour Alpha. Elle porte sa main à son cou tout en recherchant à reprendre de l'air. Les toussotements répétés donnent à penser qu'elle s’imaginait ne point survivre à cette traversée.

Elle redresse sa tête et contemple le nouveau monde, face à elle. Il s'agit sans réserve d'une cité souterraine. Une métropole presqu’infinie. Les murs de cette cité ont été taillés dans la roche, alors qu'une part semble faite d'argile.

Brusquement, un scintillement à des miles de là, attire son attention : une partie de ces bâtisses est en or pur. Alpha ne peut empêcher à cette image, de produire un « waw » lui parcourant l'échine. Elle lève ses prunelles vers l'arc de voûte, au-dessus de son crâne.

Elle distingue des inscriptions détaillant une information destinée aux nouveaux venus, différents des e-motios : « ici s'étend la cité pavée d'or : Eldorado. »

L'aventurière restée de marbre face à cette indication, sort de ses pensées au moment où l'animal se rapproche d'elle, en râlant quelque peu. Elle le fixe brièvement.

La bête s'avance pour servir de guide. Devant eux se présente un long escalier menant jusqu'aux bas confins de ce paradis oublié. Se pourrait-il que des humains ou d'autres créatures, autres que les e-motios aient vécues en ces lieux ? Y a-t-il des traces de leur existence ? Si cela se vérifie, pourquoi ont-ils quitté cet endroit ?

Ces questions, Alpha les rumine incessamment dans son esprit, en quête de découverte et de reconstitution. Sur chaque maison formant un carré de plus en plus rectangulaire au fil du trajet, les murs sont colorés de gribouillis, expliquant les mœurs de ce peuple inconnu. Incroyable niveau d'expérience que ces systèmes de demeures encore debout.

L’aventurière ne peut s'empêcher de contempler le seuil de chaque porte. Les bâtiments dotés d’une fenêtre pour chacun, donne un aspect archaïque d'une vie de village tout à fait banale. Cependant, pas un seul objet ne jonche le sol. Il y règne une odeur d’argile et de refermée à certains endroits. Pourtant, un vent agréable vient remplir les poumons de la jeune aventurière. La raison est qu’il y existe des points d’aération, menant directement à la surface.

Elle se prend même à s’arrêter face à une demeure, lui paraissant abriter quelques restes possibles de la vie de ces habitants. Peut-être même des
restes organiques. Rien d'un passage à proprement parlé, mais d'une existence en ces lieux autrefois, oui.

Elle découvre une large table pour toute une communauté. Rien d'autre dans la pièce. Pas même de la poussière sur le meuble. C'est à cet instant que le monde des e-motios lui apparaît bien plus inconnu, plus mystérieux, plus singulier. Elle se retourne vers son nouvel ami et commence à lui poser certaines questions sur ce territoire :

— Dis, débute-t-elle, calmement. Tu es avec moi depuis un long moment… je me permets de te le demander, dans ce cas. Où sommes-nous ?

L'animal hoche la tête, en signe de refus.

— Tu ne peux rien me dire là-dessus ? Alors… y a-t-il eu des personnes vivant ici ?

L’e-motio la fixe pendant un temps de crépitement de feu sous le ronronnement incessant de son cœur. Il lève finalement la patte vers un flanc de sa terre. Elle suit cette direction, découvrant un piédestal en bois donnant au sommet une vision d'os brisés et recollés par une mixture inconnue à la jeune aventurière.

— Il y a donc eu des habitants ? questionne-t-elle.

L'e-motio dresse sa patte vers le sommet de la grotte. Alpha suit son
mouvement et considère une suite de constellation comme gravée dans la roche, ainsi que des illustrations d’animaux. Ce sont des fresques constituées d'étoiles. Elle y désigne un peuple ressemblant à s'y méprendre, à ceux d'Amérique latine sur la terre.

— Alors, ils ont vécu ici, il y a fort longtemps ?

Son compagnon grogne à nouveau, signe qu'elle avait deviné. Il lui présente alors une stèle juste à sa gauche. Il y a dessus une révélation qui conclut d'apaiser la curiosité de la guerrière. Ils se lèvent ensemble et continuent leur marche, l'inscription gravée dans le conscient de la petite curieuse.

Ils arrivent finalement face à un grand vide où un vent violent répond de lui-même à la frayeur de ses victimes. L'e-motio longe la grande fosse turbulente et prenant de plus en plus de la vitesse, il se retrouve devant une bâtisse d'un rouge prononcé. La minute d'après, les deux battants de la demeure se referment.

Un silence des plus irascibles s'attarde entre eux. Ils décident de le conserver néanmoins presqu'une demi-heure. La pièce est vide. Rien qu’un pavé nu. Elle suit l'e-motio qui s'avance droit devant lui. Sans ralentir la cadence, il disparaît subitement aux yeux d'Alpha laissant cette dernière, emplie d'appréhension face à ce phénomène.

Elle ose, cependant s'avancer. De ce mouvement, elle se retrouve sur l'autre flanc de la cité, juste derrière les demeures dorées et d’une impressionnante pyramide inca dressée beaucoup plus loin. Comment n’avait-elle pu la rater ? L’édifice se dresse au-dessus des autres d’une cinquante de mètre et brille par la dorure qui la recouvre. Le temple, soupèse-t-elle. Loin de la métropole, se situe un petit jardin jonché de roseraies, jardin dont un immense portail transparent de trente mètres environ précise la prochaine étape de leur voyage.

Sans poser la moindre question, elle parcourt la petite distance les séparant de l'imposant avant de se tenir bien droite, semblant attendre un élément déclencheur.

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