Chap IX : Eskiell (2/4)

66 24 119
                                    

*
* *

— Bien, Messieurs... Mademoiselle ! Jusqu'ici, nous avons cheminé en suivant les indications de notre guide en pénétrant par le Sud...

Oui, tu sais parfaitement que c'est ton plan de merde qui m'a mis dans cette position.

Je suis au sol. Contempler tous les autres biens droits joue sur mon humeur, je le sens.

— Dans ce sens, je vais demander à chacun d'entre nous de bien vouloir détailler son parcours professionnel et ses aptitudes clés, donner une information concernant certains points pouvant le désavantager durant une bataille ainsi que ces motivations, c'est-à-dire, son pourquoi sur le chemin, dit le chef.

— Le mieux serait que tu nous montres comment faire, suggéré-je, d'un ton qui m'étonne moi-même.

Je ressens un terrible besoin d'exploser, de battre du poing, de m'exprimer. Et cela m'énerve. Je dois pourtant me garder de déblatérer des propos non assurés.

— T'as pris ton temps, Papy !
— À ton tour, l'expert ! relance Bordos.

Je baisse la tête. Je dois tout de même méditer sur mes prochains mots.

— Je suis Eskiell, le maître des ondes... Je suis un aventurier au flambeau noir... J'ai une expérience sur le terrain de près de 8 ans. Je suis capable de réaliser des ondes électromagnétiques produisant des soulèvements de terrains, je suis en état de soulever une masse d'un point assez proche de ma position...
— Quelle distance ? questionne le meneur, réveillant une petite frustration en moi.
— Trois mètres... Tout au plus... Et pas des poids extravagants... juste une mesure entre trente et quarante kilos. Je... Je suis ici... pour devenir riche...

Je lève mes yeux en direction de l'explorateur. Je suis mal à l'aise. J'ai envie de lui prendre au col. Il doit parler.

La suite m'est insoutenable. Il me faut commenter de quelques manières que ce soit. Je commence par de petites critiques, puis je passe au narcissisme. Je discerne de l'exaspération sur certains visages.

Nous traversons le lieu des feuilles rouges. Il nous faut passer par les racines.

Je suis faible. Toutes ces missions pour finir comme un faible face à tous. Je me souviens encore de mes propos assurés à ma mère sur mes aspirations. Je voulais devenir comme l'illustre empereur. Ce vœu a forgé mon parcours. J'ai tenu bon durant les entraînements ou pendant la montée sur les montagnes Virkhusos à la recherche de mes clients.

Je n'aurai jamais imaginé me retrouver à parcourir la Toile, une blessure au côté. Une plaie en appelant une autre beaucoup plus ancrée.

Une douleur me déchire en observant ces squelettes truffés de lames. Je ne me contrôle plus et saute au col de l'explorateur. Il nous mène à l'abattoir. Nous n'allons pas en réchapper ainsi. Il faut que je lui torde le cou à temps.

Cela se retourne contre moi. Je me retrouve au sol. Et qui m'octroie une leçon ? Une novice. N'est-ce pas affligeant ?

« Nofer » — Et il le dit aussi maladroitement à mon intention. De la boisson, des odeurs âcres me montant au nez. Une soirée à l'envers sur un fauteuil, ivre de mon effervescence. C'est ainsi que se finissait mes journées, sous le coup du dé lancé.

Je me dois de me trouver un allié en cas de retournement de situation. Je me tourne vers celle qui me semble étrangère à toute l'affaire.

— Je peux te parler un moment ? commencé-je, tout en la fixant.

Elle ne me considère même pas et ne répond pas.

— Tu sais, je tiens à m'excuser... T'es une fille sympa et c'est grâce à toi que je suis encore en vie... tu sais... face à l'e-motio de la jalousie... Je n'ai pas encore eu la chance de te remercier... alors, merci...
— Je vois... dit-elle, sans me prêter attention.

Ce Que Tes Émotions Leur FontWhere stories live. Discover now