Chap VII : Le Passé d'Alpha (3/4)

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Après avoir pris en considération ces paroles, je m'en retourne à ma discussion laissée en suspens.

— Tu m'as fait peur, ma petite... j'ai cru qu'il t'était arrivé quelque chose, prononce mon maître dont je me figure les cheveux blancs, formant une vague qui m'a toujours plu à vrai dire.
— Je discutais avec un e-motio...
— Ah, parce que tu peux même discuter avec eux ? C'est renversant. Je suis fier de toi. Tu n'as pas manqué de me faire honneur en préférant le dialogue à la violence.

Je me retourne pour jauger le degré de pression des iris e-motios, à mon égard.

— Oui, on peut dire cela. Vous comprenez qu'une discrétion s'impose, n'est-ce pas ?
— Il t'en empêche ?

À cette interrogation, je peux imaginer le regard grave que mon enseignant doit arborer. C'est un ancien soldat dont la science a permis de se consolider une place dans le Saint-Empire. Et bien évidemment, ses mérites en tant qu'archange ne viennent qu'en dernière position, car il y a fort longtemps qu'Éris ne s'est sérieusement levé pour entrer dans un quelconque conflit.

— Je viens auprès de vous, pour vos conseils.
— Oui, mon enfant... tout ce que tu veux.
— Il m'a été informé que l'e-motio de la flamme d'Atlanta ne serait autre que l'e-motio patriarche... qu'en pensez-vous ?
— Je... C'est une question délicate... Il ne nous est jamais clairement apparu, cependant, nous avons eu droit à un signe pouvant concorder avec cette description.
— Et aussi... avez-vous la possibilité de localiser les deux anges de la physique et de la métaphysique ?
— Je suis désolée, ma fille. Ces deux-là, comme tu le sais, sont très différents de ce que tu peux t'imaginer. Elles sont frivoles et se désintéressent des autres. Tout ce qui les tient à cœur, c'est pouvoir s'amuser à travers la Toile aux côtés des e-motios.
— Je vois...
— Ma chérie, excuse-moi si je ne puis faire grand-chose pour toi, les concernant.
— Ce n'est pas grave...

La question tant attendue, qui me brûle les lèvres se démène pour sortir.

— Est-ce qu'Adlann parle encore de moi ?
— Je savais que tu allais en arriver là... Tu sais, il est encore en mission sous les ordres des archanges supérieurs. Tu ne pourras sûrement pas échanger avec lui. Tu sais bien que...
— ...que les connexions sont impossibles dans le Saint-Empire. Oui, ne vous en faites pas, je comprends.
— Je suis navré. Cependant, il avait anticipé la chose, maintenant que j'y pense. Attends une seconde...

Je l'entends lâcher un soupir alors qu'il se lève de son habituel fauteuil en cuir, donnant certainement un aperçu sur le paysage de l'une des plus puissantes cités de tout Lodart.

— Il s'est donné la peine de me supplier que si jamais je ne pouvais le faire... en cas de connexion, je devrais le brûler pour que « tu sais qui » n'y touche.
— Il a pensé à tout.
— Que veux-tu !? Ce n'est pas un Desprier ² pour rien. Ah, le voilà.

Je patiente, le temps que le maître ouvre la lettre tout en lisant la lettre.

— Une minute que je retourne m'asseoir, mon enfant. Tu sais bien que je déteste rester debout inutilement.

Il avait beau savoir qu'un ange, ça ne se fatigue pas, à force de contempler les humains le faire, il a chopé cette manie. Il m'avoua un jour que si l'homme prenait le temps de réaliser de bonnes œuvres dénudées d'arrière-pensée envers autrui et réciproquement, il y aurait moins de points noirs dans l'horoscope terrien et même dans les autres.

— Allons-y ! J'espère que tu es bien assise, car cela risque d'être lourd.

Mon étoile,

Je sais que tu longes en ce moment, le couloir de l'enfer qu'est le monde e-motio, en chemin pour reprendre notre bien.

Je suis moi-même entrain d'achever mon long voyage pour les terres angéliques. Je ne pourrais malheureusement plus te contacter. Il va de soi que je t'interdis d'être tête brûlée et de vouloir inlassablement te mêler de soucis qui ne te concernent pas.

Ce Que Tes Émotions Leur FontWhere stories live. Discover now