14. Farces pour sorciers facétieux

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Le lendemain, je me réveille de bonne humeur. Lorsque je descends à la Salle commune, j'aperçois Fred, en compagnie de Georges et d'Angelina. Ils rigolent tous ensemble. J'ai beau savoir qu'Angelina n'est qu'une amie pour eux, mais.... J'ai du mal à me dire qu'ils sont vraiment amis.

- Ne serais pas tu jalouse ? Me demande Ron, le regard malicieux.
- Moi, jalouse ? Jamais, je réponds en souriant.
- Oui, oui...

Une fois le petit-déjeuner terminé, je me dirige vers la salle "maudire" de DCFM. Je commence de la meilleure des façons, avec une grenouille rose. Je vais donc m'ennuyer pendant deux loooongues heures. Je m'installe à ma place et commence à sortir mes affaires, me préparant psychologiquement pour le cours à venir. Les autres arrivent rapidement, et, avec la mine réjouie qu'ils arborent, j'imagine qu'ils sont aussi ravis que moi d'être ici.
Le cours passe lentement. Je relis la même phrase en boucle depuis dix minutes, lorsqu'un petit papier parvient à moi.

Je reconnais l'écriture de Fred. Il a cours de sortilèges dans la salle à côté.

Je voudrais te dire quelque chose d'important ce soir.

Que veut-il dire ? Je reste interdite puis range le mot dans la poche intérieure de ma robe, puis essaie de me concentrer comme je peux sur le blabla ennuyeux au possible, mais c'est peine perdue. Mes pensées vont et restent sur la salle d'à côté. J'écris discrètement un mot pour Fred : Que se passe-t-il ? Il y'a un problème ?

Je lance un sort informulé pour rendre le parchemin invisible pour tous sauf pour son destinataire et je l'envoie. La feuille vole autour d'Ombrage puis filer à travers le mur.

Sa réponse ne se fait pas attendre.

Je te dirai ce soir.

Mes entrailles se nouent. Je ne sais pas ce qu'il veut me dire, mais je l'ai rarement vu si sérieux.

La journée passe, mais je n'ai jamais été aussi stressée, à part en période d'examens, et Harry le voit bien. Il essaie tant bien que mal de me faire rire, sans grand succès. Fred m'a donné rendez-vous dans le parc du château.

Je m'y rends, anxieuse à l'idée de ce que Fred pourrait me dire. Il est déjà la, et semble très stressé, ça ne lui ressemble pas. Dès qu'il m'aperçoit, il le sourit et me dit:

- Je voulais te dire un truc...
- Quoi ?
- Je ne finirai pas l'année à Poudlard, me dit-il de but en blanc.
- Quoi ?

Je n'en reviens pas. Fred va partir d'ici et me laisser ici !

- Tu as pensé à nous ? je lui demande.
- Évidemment ! Mais je souhaite aussi développer la boutique avec George, répond-il.

Alors ça ! Je suis sidérée. Que Fred veuille développer sa boutique, je ne suis pas contre, mais négliger à ce point ses études...

Fred s'en va, n'ayant plus rien d'autre à me dire. De mon côté, je pars vers la Salle sur Demande, et je me dirige vers le canapé spacieux qui se situe au centre. Je m'écroule dessus.

Je n'en plus. Je libère tout. Toute la tension, tout le stress et toute la colère accumulés ces derniers mois se libèrent d'un coup. Les minutes passent, puis les heures.

On dit souvent que le temps résout tous les problèmes, ici c'est tout l'inverse plus le temps passe plus j'ai de problèmes dans l'école, avec mes amis, avec ma famille, et même avec mon copain. Je commence à croire que ma relation avec Fred n'est finalement pas une si bonne idée que ça.

Je me demande si j'ai bien fait d'accepter, de jouer le jeu, de ne pas ignorer mes sentiments, et finalement de l'aimer.

À chaque fois je me dis que j'aurais pu vivre une vie insouciante, comme toutes les autres adolescentes, finalement sans magie noire qui peut te tuer à chaque instant, sans toute une armée qui pourrait également te tuer, sans être éloigné de tes parents toute l'année, sans avoir autant de problèmes avec la vie.

Je me demande ce que ça fait, d'être normale. Tout ici est anormal.

Quand j'étais  petite, ma mère me racontait des histoires. Des histoires de magie. Des contes dans lesquels le bien l'emporte toujours sur le mal, où les héros sont unis et qu'ensemble, ils peuvent tout faire et sauver le monde.

Aujourd'hui, je fais partie de ces héros, contre mon gré. Tant de pression repose sur mes épaules. Sur nos épaules. Chaque choix que nous faisons écrit la suite de notre conte. Et, plus tard, des millions d'enfants liront ces pages. Beaucoup rêveront de devenir ces héros.

Mais être héros n'est pas le plus beau rôle de l'histoire. C'est le plus difficile. Toutes les émotions sont multipliées par mille. Chaque pas en avant, chaque victoire, mais aussi chaque perte, chaque pas à reculons, chaque bataille est décisif. Tout est décisif.

Je ne peux plus supporter ces pressions. Harry le prend bien, il y a été habitué, depuis cinq ans, pas moi.

Lorsque je reprends mes esprits, je remarque que la salle change. Un paravent s'installe, et je peux entendre des sanglots retenus de l'autre côté.
Je m'avance. Et je le vois.

𝓘 𝓭𝓲𝓭𝓷'𝓽 𝓹𝓵𝓪𝔂 💝 ( 𝓕𝓻𝓮𝓶𝓲𝓸𝓷𝓮)Where stories live. Discover now