45. Tout est fini

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Nous nous levons tous en même temps, et essayons de serrer Harry dans nos bras. Toute la salle se lève et hurle de joie. Les professeurs sont eux aussi ravis et applaudissent à toute rompre, les larmes aux yeux.

C'est fini. Je n'y crois pas.

Le soleil se lève et la Grande Salle devient un lieu de vie et de joie et deuil, de bataille et de fête. Je ris et pleure en même temps, je suis triste et contente à la fois, je ne sais pas comment me sentir. Nous courons vers Harry, tout le monde essaie de le toucher, de lui faire une accolade, de le serrer dans ses bras.

Nous transportons le cadavre de Voldemort dans une autre pièce, à l'écart de la Grande Salle, loin des corps de Tonks, Lupin, Colin Crivey et des cinquante autres qui étaient morts en le combattant. McGonagall remet en place les différentes tables mais en s'y asseyant, personne ne tient compte de la maison à laquelle nous appartenons. Nous sommes tous mélangés, enseignants et élèves, fantômes et parents, centaures et elfes de maison, Firenze allongé dans un coin, se remettant de ses blessures. Graup regarde à travers une fenêtre défoncée et certains s'amusent à lancer de la nourriture dans sa bouche hilare, ce qui lui plaît beaucoup. 

Harry s'approche de nous et nous propose d'aller un peu à l'écart. Nous sortons de la Grande Salle et approchons de l'escalier de marbre. De gros morceaux de marbre avaient été arrachés de l'escalier, une partie de la rampe a disparu et les marches que nous montons sont parsemées de gravats et de taches de sang. Quelque part au loin, nous entendons Peeves qui file dans les couloirs en lançant un chant victorieux de sa propre composition :

On les a eus,

Vaincus, battus,

Le p'tit Potter est un héros,

Voldy nourrit les asticots,

ils ont tous été écrasés,

Maintenant, on peut rigoler !

Nous ne parlons pas durant cet intervalle de temps. Nous entendons au loin les cris de joie venant de la Grande Salle, et les tableaux sur les murs, dont la plupart étaient déchirés, nous applaudissent lors que nous passons devant. Nous avons besoin de ce silence, comme pour faire un deuil.

Nous allons dans le bureau du directeur, où nous sommes ovationnés par tous les anciens directeurs de Poudlard, qui sont ravis que Lors Voldemort ne soit plus.

Harry sort de sa poche la Baguette de Sureau, le Bâton de la Mort. Nous la regardons en silence.

— Je n'en veux pas, dit-il brusquement, rompant le silence pesant de la pièce.

— Quoi ? s'exclame Ron en s'étouffant à moitié. Tu es malade ?

— Je sais qu'elle est puissante, reprend Harry d'un ton las. Mais j'étais plus heureux avec la mienne. Alors...

Il fouille dans la bourse accrochée à son cou et en sort les deux morceaux de bois de houx, tout juste reliés par un mince filament de plume de phénix. Ollivander avait dit qu'on ne pouvait pas la réparer, que les dégâts sont trop importants pour que le fabricant de baguettes puisse la réparer. Peut être qu'avec la puissance de la baguette de Sureau, ça pourrait fonctionner.

Il posa la baguette brisée sur le bureau du directeur, la toucha avec l'extrémité de la Baguette de Sureau et dit :

Reparo.

La baguette de Harry se reconstitue alors. Des étincelles rouges en jaillissent. Harry prend sa baguette, qui fait jaillir des étincelles rouge et or, comme si elle est contente de retrouver son sorcier. Harry nous regarde, regarde la Baguette de Sureau, et nous répète qu'il n'en veux pas. Il lève les yeux vers le tableau directorial.

- Je vais remettre la Baguette de Sureau là où elle était, dit-il à Dumbledore qui le regarde avec une immense affection, une immense admiration. Elle peut bien y rester. Si je meurs de mort naturelle, comme Ignotus, son pouvoir sera brisé, n'est-ce pas ? Son dernier maître n'aura jamais été vaincu. Ce sera sa fin.

Le tableau de Dumbledore approuve les dires du Survivant. Nous allons dans le parc du château, près de la tombe en marbre de Dumbledore. Harry ouvre la tombe, y replace la Baguette de Sureau auprès de son ancien propriétaire, et la referme.

Nous transplanons au Terrier avec Molly, Arthur, George, Bill et Percy. Nous nous installons dans le salon et commençons à soigner nos blessures. Molly nous couvre de petites attention, surtout pour Harry qui a le plus de blessures. Nous sommes tous là, mais nous essayons de ne pas cacher notre inquiétude, notre fatigue, notre tristesse. Nous ne voulons pas être tristes. Du moins, pas maintenant.

Je me peux m'empêcher de m'inquiéter pour Fred. Il est hospitalisé dans un état critique à Sainte Mangouste, dans un profond coma. Nous allons le voir demain.

Nous ne parlons pas, pendant la soirée. En réalité, nous n'avons pas besoin de parler. Nous mangeons en silence et allons nous coucher tôt.

Je suis allongée dans mon lit, les larmes aux yeux. Je ne peux pas dormir, dès que je ferme les yeux je revois toutes ces scènes, ces sorts qui fusent dans tous les sens, ces cris, ces larmes, les larmes qui coulent, les corps qui tombent, inertes, toutes ces personnes qui se sont sacrifiées pour nous.

Ces personnes qui ont donné leur vie sans hésiter, ces personnes qui sont mortes en héros pour détruire Voldemort et nous offrir un avenir. Un avenir dont il ne font pas partie. Nous devons nous contenter de souvenirs d'eux, des entraînements à l'armée de Dumbledore, de leurs sourires, de leurs rires, de cette lueur qui brillait dans leurs yeux, d'une ombre qui ne les remplacera jamais.

Je ne parviens pas à dormir sans lui. Je ne parviens pas à me passer de la chaleur de ses bras, du bruit de sa respiration, de son odeur, de cette lueur qui brillait dans ses yeux, maintenant clos pour une durée indéterminée.

Je me réveille tôt le lendemain matin, même si je n'ai pratiquement pas dormi. Je descends prendre mon petit-déjeuner, mais je n'ai pas faim. Nous nous préparons et transplanons devant l'hôpital. 

Molly entre en premier, et s'adresse à la dame de l'accueil. Nous nous rendons au premier étage. Je stresse énormément. Dans quel état vais-je retrouver Fred? Va t'il m'entendre? 

J'entre la première dans la chambre, et je vois Fred, allongé sur le lit. Il a les yeux fermés, et ne semble pas nous entendre. Je m'approche de lui, l'embrasse sur la bouche, et commence à lui parler, les mots coulent tous seuls, je ne peux m'arrêter de lui parler, de lui raconter mes sentiments, mes états d'âme. Mes larmes coulent sur mes joues, et tombent sur son visage. Molly et les autres attendent respectueusement sur le pas de la porte.

J'essuie mes larmes, et les autres entrent. Je m'écarte légèrement, le temps que les autres prennent le temps de parler eux aussi, puis tout le monde sort. Je reprends la main de Fred, l'embrasse langoureusement, et pars après que Molly m'y ait obligée.

Je sors de la chambre en larmes, je sais que Fred est vivant, mais personne ne peut se prononcer sur la date à laquelle il se réveillera. 

Nous retournons au Terrier, je suis épuisée, et je suis perdue. Molly me donne quelques affaires qu'elle a pu récupérer dans la Grande Salle, dont une petite boîte noire. Je l'ouvre, curieuse et découvre un petit mot. Je déplie le papier et lit les mots suivants: 

Hermione, 

Si tu lis ces mots c'est que je suis probablement mort, ou blessé gravement. J'espère que tu me garderas dans ta mémoire, que tu garderas espoir, je ne veux pas que tu souffres de mon absence. Je veux que tu vives, Hermione, vis pour moi, vis surtout pour toi. Ne te laisses pas abattre.

Je t'aime pour l'éternité,

Fred.

Je ne peux retenir mes larmes en lisant le mot de Fred. Sous ce papier, il y'a une magnifique bague, que j'enfile avec émotion. Je ne peux rester debout; je m'effondre en plein milieu du salon. George vient et tente de me consoler avec une petite blague, mais je sens bien que lui non plus n'est plus le même. Plus sombre, presque éteint, sans son jumeau. Toute la famille Weasley vient me réconforter.

𝓘 𝓭𝓲𝓭𝓷'𝓽 𝓹𝓵𝓪𝔂 💝 ( 𝓕𝓻𝓮𝓶𝓲𝓸𝓷𝓮)Where stories live. Discover now