Chapitre 4 : Aria Walker

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Point de vue de Leith

Le soleil était déjà couché lorsque je me réveillai en sursaut sur le canapé du salon. Désorienté, j'allumais la lumière de chevet pour finalement me rendre compte de l'endroit où je m'étais assoupi.

Mon bureau était méconnaissable.

La moitié des meubles était renversée par terre sous des montagnes de papiers et dossiers des étudiants. Plusieurs bouteilles des meilleurs champagnes français coulaient encore sur le tapis italien que j'avais payé une véritable fortune. Le grand miroir doré comptait de multiples fissures sans oublier l'énorme trou dans le mur juste à côté de la bibliothèque.

Je tentai de me lever avant de gémir et de poser ma main sur le crâne qui tambourinait comme à la suite d'une mauvaise soirée. La cigarette de Sean fumait encore contre le cendrier d'où s'échappait une odeur d'herbe coupée qui me rendait tout étourdi.

J'éteignais le responsable de ces maux de tête avant de remarquer qu'une veste en fourrure de lapin reposait sur mon torse. L'odeur de Livia était encore pire que celle de la cigarette, alors je l'éloignai en la jetant à l'autre bout de la pièce avant de poser mon visage au creu de mes mains pour respirer un grand coup.

L'horloge mural, l'un des seuls objets qui fonctionnait encore, affichait trois heures. Les insomnies faisaient partie de mon quotidien depuis des années maintenant, mais j'avais l'étrange sensation qu'elles n'étaient pas anodines ce soir-là.

Je réussis finalement à me lever en titubant sous les effets de l'alcool et de la poudre magique comme aimait l'appeler le descendant de Dionysos. La salle de bain n'était qu'à trois mètres, pourtant j'eus un mal fou à trouver le robinet et plonger ma tête sous l'eau froide.

La fraîcheur me réveilla instantanément si bien que je restai là pendant plusieurs minutes en profitant du calme de Diafosa. À cette heure, personne ne courait dans les couloirs, mais l'habituel enthousiasme des étudiants me manquait, et en particulier la présence d'une élève.

Mes crises de nerf ne se calmeront  jamais tant qu'Ambre ne sera pas de retour sur le campus. Cette phrase, je me l'étais répétée une bonne centaine de fois avant de m'écrouler comme un zombi sur le canapé.

Je quittai la salle de bain et entrepris de ranger le bazar que j'avais fait lorsqu'une lumière attira mon attention depuis la fenêtre.

Une sorte de flash blanc se baladait dans la foret, comme si quelqu'un prenait des photos. Les vampires n'avaient pas l'habitude de traîner juste sous ma fenêtre, aucun étudiant ne serait aussi débile pour risquer une réflexion de ma part surtout depuis notre état d'urgence.

Je soufflai bruyamment en m'imaginant déjà devoir punir l'un d'eux. Contrairement à Ambre, la capacité de bondir depuis le troisième étage n'était guère dans mes cordes. Alors, comme un pauvre humain, je passai par les escaliers avant de gagner les jardins.

Le son de l'eau adoucit quelque peu la tension environnante, mais je me mis aussitôt sur mes gardes lorsque j'entendis un reniflement suivi d'un gémissement.

Sans perdre une minute, je me dirigeai vers le surnaturel qui osait piquer sa crise d'adolescence près de mon bâtiment avant de tomber nez à nez avec une chevelure rousse.

La sœur d'Alec était accroupie contre un arbre, sa tête nichée entre ses genoux et les épaules tremblantes. Ses pleurs, presque des cris d'agonie, firent remonter des souvenirs que j'aurais aimé oublier. Je n'avais jamais entendu quelqu'un pleurer de cette façon, à l'exception du petit garçon qui avait perdu sa gouvernante il y a de celà des années.

Mais, il s'agissait d'Aria.

La gamine que ma mère adoptive avait voulu protéger au péril de sa vie. Qu'est-ce qui avait bien pu motiver Sophie à faire une telle chose ? Cet être abject aurait beau pleurer toutes les larmes de son corps, jamais je ne ...

Alec. Alec, gémit-elle à nouveau avant que sa voix ne se brise. Reviens.

Mon coeur rata un battement.

Non, c'était impossible. Aria ... Hélène n'avait aucun souvenir de sa vie passée. Le sort qu'Alec entretenait depuis des années ne pouvait pas se briser comme si de rien était, pas maintenant, surtout pas maintenant.

La gamine rousse se retourna alors dans ma direction lorsqu'elle entendit le craquement de la branche sur laquelle je venais de marcher. Je ne m'étais même pas rendu compte que j'avais reculé de plusieurs mètres.

Ses yeux étaient gonflés comme des ballons et ses vaisseaux sanguins prêts à exploser. Leur étrange couleur, exactement la même que ceux d'Alec, se plantèrent dans les miens. J'y vu alors un espoir si puissant que je faillis en tomber par terre. Cette fille ne me voyait plus comme le descendant de Zeus ni même comme Leith Cassano, mais comme son héros.

Toi ! hurla-t-elle en se jetant sur moi. Est-ce que tu ... tu ...

Elle tituba en arrière en ramenant une main sur sa tempe. Je la rattrapai de justice avant qu'elle ne tombe à la renverse.

Presque inconsciente dans mes bras, la scène avait l'air tout droit sortie d'un film. Son corps si frêle pendait mollement comme si j'avais affaire à un cadavre, mais sa poitrine qui se soulevait au rythme de sa respiration diminua ma panique de moitié.

Hors de question que mon moyen de pression perde la vie maintenant.

Elle murmura des mots incompréhensibles après plusieurs minutes puis papillonna des yeux à plusieurs reprises.

Arrête de lutter et endors toi, lui ordonnai-je en réajustant ma prise sur sa taille.

Elle ne se fit pas prier et tomba dans le monde des songes. Sa tête retomba mollement sur mon épaule et sa respiration se fit plus régulière. Ses cheveux roux aussi longs que ceux d'Ambre et raides comme des baguettes s'emmêlèrent aux boutons de ma chemise.

Saleté de gamine, jurai-je en repoussant sa tête.

Ce n'était clairement pas le moment d'avoir ce genre de problème, mais Hélène avait au moins réussi à me faire oublier pendant plusieurs minutes mes autres tourments.

Je pensais la ramener jusqu'aux dortoirs des filles, mais plusieurs questions m'en empêchèrent. Devais-je parler de cet incident à Alec ? Et que se passerait-il si jamais elle se souvenait de tout le lendemain ? Je ne pouvais pas la laisser avec Saphira et risquer qu'elle ne raconte tout aux étudiants, ou pire, à son frère.

Ainsi, je pris la décision de la garder à mes côtés pour la nuit, en priant pour que le sort soit de nouveau efficace dès le levé du soleil.

Lorsque je m'avançai pour la déposer sur mon lit, son étrange odeur de rose faillit me faire lâcher un sourire.

Les fées étaient décidément les êtres les plus faibles du monde.

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Coucou !
Chapitre très court, mais qui clôt le point de vue de Leith. J'espère qu'être dans sa tête vous aura au moins apporté des informations utiles sur la situation à Diafosa ! Je sais qu'il peut-être irritant le bougre 👀

Dîtes moi si il y a des fautes, j'avais la tête dans le cul pendant la correction, comme d'hab ✌🏼

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GOD'S RETURN 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant