Chapitre 131 : Preparation

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Trois semaines s'étaient écoulées depuis.

Je n'ai pas été capable de retourner en cours depuis que nous avions battu Vlad. Je pensais que tout reviendrait à la normale, et que je vivrais une vie bien plus épanouie. Ce n'était pas vraiment le cas. Les Protecteurs restants avaient élu domicile dans notre école sous ordre de Leith. Il estimait qu'ils les avaient beaucoup aidés lors de la bataille, et leur avait prêté un bâtiment laissé en travaux afin qu'ils reprennent des forces pour repartir. Mon père et lui s'étaient entretenus pendant une semaine durant sans que je puisse savoir ce qu'ils s'étaient dits. J'imaginais bien que je les aurais gêné à rajouter mon grain de sel dans des affaires politiques dont je ne maîtrisais pas le sujet.

Le principal problème désormais restait le Conseil Surnaturel. Mon père et Leith réfléchissaient à la meilleure solution pour réintégrer les Dragons et les Berserk dans la communauté. Il n'y avait plus de journaliste dans l'école, et les élèves n'étaient pas au courant de ce qu'il s'était passé sur l'Olympe. Leith devrait bientôt faire un discours en réinvitant tous les médias du monde surnaturel pour leur annoncer la perte de son père, et des futurs enjeux de l'école. Le temps pressait.

- C'est toi qui dois prendre sa place. Tu es son héritier, dit mon père à table.

Leith et moi mangions tous les soirs avec les Protecteurs. J'avais exigé cette demande auprès de lui, même s'il tirait la tronche au départ. Il avait du mal à rester avec sa mère sans se sentir mal à l'aise. Le chemin allait être long pour reconstruire ces années de perte, mais j'étais certaine qu'ils y arriveraient. Bonne nouvelle au moins. Les Protecteurs me traitaient enfin comme l'une des leurs. Je voyais dans leurs yeux brillants toute l'admiration et le respect qu'ils me portaient. Le Dieu des Dragons, bien que j'ignore son nom, m'avait choisi pour incarner sa transformation. C'était un honneur pour eux, même si je ne m'en rappelais pas vraiment.

- Les membres du conseil ne laisseront jamais un demi-dieu les diriger.

- Qui dit qu'ils ont besoin de le savoir ? demanda alors le Minotaure qui avalait un sanglier géant.

- Trop de gens sont au courant, ça se saura forcément, le contredis-je.

Mon père souffla d'ennui.

- Maintenant que nous sommes alliés aux descendants, nous avons un certain avantage. Mais n'oublions pas que la malédiction s'est rompue. Si jamais une telle information se sait, ils n'hésiteront pas à en finir.

Cette perspective me terrifiait. Les descendants étaient enfin libres, mais la plupart avaient perdu leurs pouvoirs. Enfin, du moins ceux dont les parents étaient humains, à l'exception d'Alec. Sean, par exemple, n'était pas sorti de sa chambre depuis. Sans ses pouvoirs, il se sentait vulnérable, une proie facile que même un enfant surnaturel pourrait tuer.

- Notre sorcier trouvera une solution. Je ne les laisserai pas à la merci de quiconque. Ils sont sous ma responsabilité, promit Leith.

Le Minotaure secoua la tête.

- Tu vis encore dans le monde des bisounours. Ce n'est pas parce que tu en as envie que cela arrivera. Et surtout, la descendante d'Athena se jetterait à la moindre occasion pour vous nuire.

- La ferme, je dirige des surnaturels depuis plus longtemps que toi. Je sais exactement ce qu'il est possible de faire ou non. Tu ne devrais pas sous-estimer la magie.

- Ce n'est pas la question. Les Protecteurs s'opposeront au retour d'une malédiction.

- Ce n'est pas une malédiction, mais seulement des pouvoirs pour que les descendants puissent se défendre ! s'emporta-t-il.

Oui, ces deux-là ne s'entendaient toujours pas. Le Minotaure avait quand même humilié Leith dans les labyrinthes, bien que ce dernier se soit vengé lors de la bataille de Diafosa où il lui avait arraché la tête. Oui, phrase trop bizarre devenue normale dans mon vocabulaire.

- Il y a une solution.

Tous les regards se tournèrent vers la mère de Leith. Elle avait bonne mine maintenant. Ses cheveux dorés retombaient en cascade sur son dos. Elle était magnifique, vraiment. Mais il faudrait encore plusieurs mois pour qu'elle retrouve une santé de fer. Dans le ventre de Zeus, elle ne se nourissait que de petites créatures, ce qui lui avait fait perdre plusieurs kilos.

- Les Berserks ont transmis des dons aux Dragons. Ils peuvent faire la même chose s'ils le souhaitent. Bien sûr, la maîtrise de ces dons nécessitera un apprentissage.

- Prendre le risque que d'autres surnaturels perdent le contrôle ? Hors de question, s'opposa alors mon père. Ça ne soutiendrait pas notre cause auprès du Conseil. Au contraire même, ça serait d'autant plus un motif d'attaque.

Leith jeta un regard curieux à sa mère. Je fus cependant la première à m'exprimer :

- Je suis d'accord avec Lyria. Si nous leur montrons que les Berserk ne sont pas un danger, le Conseil n'aura aucune raison de nous attaquer.

- Tu te trompes, Ambre, me coupa Leith. Le Conseil n'a jamais eu aucun scrupule à traquer les Dragons alors qu'ils n'ont jamais été un véritable danger. Ils se méfient seulement des espèces plus fortes qu'elles. Mais ce n'est pas non plus une mauvaise idée. Les Berserks doivent continuer de se reproduire comme les Dragons en créant une communauté pour faire entendre leurs voix. Les négociations ne seront pas forcément positives, mais nous pourrions au moins nous défendre.

Je n'étais pas contre non plus. Étant moi-même dans des états berserk, les crises s'amenuisaient avec le temps. J'ignorais si ça venait de ma faible expérience, mais plus j'en étais atteinte et moins les effets négatifs apparaissaient. Peut-être était-ce à cause de ma proximité avec un autre berserk. Cette espèce surnaturelle vivait en groupe. Comme me l'avait expliqué Leith, les crises étaient beaucoup plus faciles à gérer de cette façon. Je regardais la mère de Leith qui se mordillait les lèvres. Sa solution pouvait marcher, mais mon père et Leith se méfiaient trop du Conseil.

- Nous savions ce qui allait arriver, commençais-je. Vous saviez qu'un jour ou l'autre, vous alliez vous confronter au Conseil, pas vrai ? Ils ont essayé de te tuer, papa, et ils ont enfermé et massacré pleins d'espèces surnaturelles. Nous devons penser à nous avant tout. Mais, entrer en guerre bêtement contre eux ne nous permettra pas de vivre en paix. Les autres surnaturels ont confiance au Conseil, pas en nous. Il faut qu'on leur montre que nous sommes fiables. Exactement comme nous l'avons fait avec les élections. Tu te souviens, Leith ? Les étudiants ne te faisaient pas du tout confiance après l'incident de Diafosa.

- Merci de me le rappeler, bougonna-t-il en grimaçant.

- Mais ce n'est plus le cas maintenant. Parce qu'ils l'ont vu en action.

- Il y avait un événement bien précis qui le mettait en lumière, dit aussitôt mon père. Ce n'est pas le cas en ce moment.

Une lueur étrange brilla dans les yeux du descendant de Zeus. Enfin, le demi-dieu. Bref, je me tromperais souvent, mais vous avez saisi l'idée.

- Le solstice du printemps.

Le Minotaure éclata de rire.

- Tu rêves, gamin. Il faut être éligible pour y participer. Et même si nous suivons ce plan, les autres descendants ne maitriseront jamais leurs dons dans un temps aussi courts.

GOD'S RETURN 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant