Chapitre 45 : Je Suis Dieu

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— Les autres étudiants attendent tout comme vous depuis plusieurs heures, lui répondit l'un des jury.

Et alors ? C'est leur problème. Rien n'interdit de passer devant tout le monde. Vous voulez trouver un président capable de prendre des décisions, n'est-ce-pas ?

Des décisions qui ont failli causer la perte de Diafosa ? J'en doute, très cher.

Gwenn avait lâché cette phrase dans un silence de mort. La descendante d'Athena se tenait droite comme un I dans son uniforme impeccablement repassé. Ses cheveux bruns étaient attachés en une couette haute qui lui dégageait son visage de poupée et mettait en valeur ses grands yeux bleus.

Contre toute attente, Leith lui adressa un regard moqueur et entra dans la salle malgré les protestations d'un des membres du jury. La tension étouffante disparut aussitôt. Mes épaules étaient encore tendues après ces quelques minutes d'échauffourées, mais Leith n'avait pas fait de scène à mon grand soulagement. Enfin ... disons qu'il n'avait pas tué qui que ce soit.

Eh, toi, m'interpella Connor. Je te conseille de ne pas faire équipe avec Leith pendant les épreuves. Vaut mieux pas que tu croises mon chemin, sinon ...

Il laissa sa phrase en suspend pour me faire bien comprendre mon sort. Pourtant, sa remarque eut davantage le don de me mettre en rogne plutôt que de m'intimider.

Connor, je crois que tu as oublié ce qu'il t'est arrivé la dernière fois. Tu es un très bon combattant, mais tu n'as rien dans la cervelle.

Le descendant de la guerre se mit aussitôt a éclater de rire.

Pas besoin de cervelle quand on peut réduire en cendre une crevette dans ton genre.

Gwenn ne manqua pas une minute de notre bref échange, mais elle semblait perdue dans ses pensées. Elle qui regardait toujours devant elle, fixait ses chaussures d'un air pensif. Qu'est-ce qui pouvait bien la préoccuper ? Le retour de Leith, peut-être ?

Plusieurs minutes s'écoulèrent durant lesquelles les étudiants se rongeaient les sangs. Leith faisait de nouveau partie de la compétition, aussi, deux fées quittèrent la file, complètement découragées.

Ça ne sert à rien, on ne pourra jamais battre les descendants, râla l'une d'elle, et encore moins Leith.

La porte s'ouvrît enfin et Leith en sortit d'une démarche assurée. Vu la tête qu'il tirait, on aurait dit qu'il était prêt à commettre un meurtre. Il me rejoignit et passa une main autour de mes épaules.

Allons-y, ces vieux m'ont donné la gerbe.

Gwenn nous dévisagea longuement lorsque nous quittions le hall. Et heureusement, aucun journaliste ne nous avait suivi. Le nom Riva attirait déjà bien assez l'attention, alors imaginez Leith !

Comment est-ce que ça s'est passé ? demandai-je à Leith lorsqu'il me tendit une tasse de chocolat chaud.

Le réfectoire était vide à cette heure-ci, sûrement à cause des entretiens où de nombreux curieux s'y entassaient. Aussi avions-nous décidé de nous assoir sur les bancs face aux distributeurs.

Bien, me répondit-il simplement. Mon père ne s'opposera jamais à son propre fils.

Bien sûr, mais ... je te sens tendu.

Je regrettai ma phrase lorsque Leith me répondit d'une voix grave :

Ce n'est pas ça qui me rend aussi en colère. Les épreuves sont un jeu d'enfant pour moi, et tu le sais bien. Je devrais être préoccupé par le conseil, l'OIS, Gwenn et ses plans farfelus sans oublier mon père qui me met une pression monstrueuse. Et pourtant, je ne pense qu'à une seule chose.

Je redoutais la suite de sa phrase, mais le laissai poursuivre en serrant les poings de toutes mes forces.

Je suis déçu de ton comportement, me reprocha-t-il en secouant la tête. Je pars à peine quelques jours, et ça suffit pour que tu ...

Leith souffla longuement puis ferma les yeux pour se calmer. Il était si dépité qu'il n'arrivait même pas à terminer sa phrase. Je savais que cette réalité le blesserait, et même si j'avais déjà imaginé tout un discours pour apaiser sa peine, j'ignorais que le voir ainsi serait aussi laborieux. Sa tristesse dépeignait dans ma conscience, comme si je n'étais qu'une vulgaire éponge et lui un océan tout entier.

— Je n'aime pas te voir avec Alec ni avec qui que ce soit d'autre. Je te veux pour moi tout seul.

J'avais l'impression d'entendre un enfant capricieux se plaindre à sa mère à propos d'un vulgaire jouet.

—  Je ne suis pas une chose, Leith. Tu t'entends parler des fois ?

Ce n'est pas que j'ai voulu dire, se rectifia-t-il en plantant son regard dans le mien. Nous sommes plus que de simples ... amis. Tu es une Dragonne et je suis un Berserk. Pourquoi est-ce que tu as perdu tes pouvoirs à ton avis ? Pourquoi est-ce que je t'ai autant manqué ? Pourquoi est-ce que je pourrais te faire quitter Alec en seulement quelques secondes si je voulais ?

Je me levai et balançai mon gobelet dans la poubelle. Non, je n'allais pas le lui jeter à la figure, et ce n'était pas l'envie qui m'en manquait.  Leith pouvait être par moment tendre et gentil, puis la seconde d'après se comporter en tyran égoïste comme il le faisait en ce moment.

Qu'est-ce que tu racontes, Leith ? J'ai choisi Alec parce que je l'aime, d'accord ? Il va falloir que tu t'y faces.

Tu ne l'aimes pas ! rugit-il en me prenant la main. Et il ne t'aime pas autant que tu le penses. Si jamais sa sœur ... Alec n'est pas fait pour être aimé, ni aimer en retour. C'est un garçon solitaire qui ...

Vous êtes tous les deux des garçons solitaires, et ne le nie pas ! le coupai-je en criant à mon tour. Tu crois que me mettre avec toi ne serait pas plus compliqué ? As-tu oublié qui est ton paternel ? Et mes sentiments dans tout ça ?

Leith se calma aussitôt, mais il ne détourna pas le regard. Il se rapprocha de sorte à tenir mon menton dans sa main.

— Arrête de me ...

Regarde-moi dans les yeux et jure-moi que tu ne ressens rien pour moi. Si tu le fais, je te laisserais tranquille et tu n'entendras plus jamais parler de moi.

Très bien ! lui répondis-je en enlevant sa main de mon visage.

Leith ne bougea pas d'un centimètre et attendit comme un bon soldat. Mon cœur battait la chamade et était prêt à sortir de ma poitrine. J'étais en rogne contre Leith, contre ce qu'il pouvait me sortir avec autant d'honnêteté, contre ce que je pouvais moi aussi ressentir pour lui si jamais ... Non. Je ne ressentais rien. Absolument rien du tout.

Seul Alec me donnait des papillons dans le ventre, seul Alec me promettait un futur idyllique. Leith ne m'avait apporté que des problèmes jusqu'à maintenant, rien de plus. Oui, notre relation avait évolué depuis nos débuts, et je trouvais ce garçon très sensible et attachant contrairement à ce que tout le monde pensait. Mais ... Quelque chose me dérangeait. Quelque chose me poussait à prendre mes distances, tout de suite.

Je vais y aller, on en discutera plus tard.

Je me levai, pris mon sac et partis sans le regarder une seule seconde de plus avant de commettre l'irréparable. Leith était trop dangereux, trop imprévisible, trop confiant ... et moi trop faible.

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Oulalaaa mais c'est tendu par ici dit donc !
J'aimerais savoir à ce stade de l'histoire si vous soutenez Alec ou Leith (les résultats seront peut-être différents que sur Instagram)

Réagissez à ce message pour Leith 💙

Réagissez à ce message pour Alec 🖤

À dimanche !

GOD'S RETURN 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant