Chapitre 81 : Lien intime

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Le cuir du canapé est enfoncé dans mes ongles. Je m'accroche à l'accoudoir en ne quittant pas des yeux Leith qui ne bouge plus. Malgré le fait qu'il était absent dans cette pièce, j'avais l'impression d'être avec lui et de voir cette scène tragique se dérouler sous mes yeux.

Connor était partie depuis un moment, et Ali l'avait suivi pour lui faire des avances d'après ce que j'avais compris. Des étudiants qui venaient de terminer leur épreuve discutaient discrètement de leurs ressentis. Je pensais être la seule à m'intéresser aux autres, lorsqu'Aragorn me rejoignit en s'installant à mes côtés. Il garda le silence, je supposais qu'il regardait la même chose que moi, et respecter mon intimité me faisait plaisir contrairement à cet imbécile de Connor.

Leith ne s'était toujours pas remis de ses émotions. Tous ses muscles étaient tendu, et une pression phénoménale semblait peser sur ses épaules. Je l'avais déjà vu plus d'une fois peter un câble, en particulier lorsqu'il déversait sa colère, mais le voir aussi désemparé me mettait dans tous mes états. Soucieuse, je ne demandais qu'à le rejoindre pour lui dire que je n'avais rien du tout et que toutes ces images n'étaient que le fruit de son imagination. Leith savait mieux que personne à quoi s'attendre avant que le supplice ne commence, et pourtant, le voilà qui s'était complètement pris au jeu. Les écrans voisins devenaient gris minute après minute, et moi, je restai plantée là sans pouvoir respirer. À ce rythme, le descendant de Zeus serait désigné grand perdant. Comment pouvais-je l'aider de la même façon que Kallisté ?

Tu vas finir par détruire le canapé, remarqua le prince fae en fixant l'accoudoir.

Ce dernier ressemblait à une scène de crime à cause de mes griffes qui étaient apparues sans même que je ne m'en rende compte. Leith m'avait pourtant répété de mieux contrôler mes émotions si je ne voulais pas que ce genre d'incident n'arrive, mais plus facile à dire qu'à faire. J'eus alors une illumination en repensant à nos nombreuses conversations. Si lui et moi partagions le même lien que celui des descendants, alors je pourrais l'aider à distance !

D'accord, il m'était impossible de me matérialiser devant lui et de lui parler distinctement comme l'avait fait Kallisté, mais peut-être que sentir ma présence le soulagerait.

Je pliai mes genoux et fermai les yeux pour m'enfermer dans ma bulle comme me l'avait appris Logan. Il n'y avait qu'en calmant son rythme cardiaque et se confronter avec soi-même, qu'il était possible de puiser davantage d'énergie magique. L'énergie magique fonctionnait comme un carburant, elle nous rendait plus fort, plus énergique, et les plus expérimentés pouvaient même contrôler leur flux. Logan était un expert du domaine et savait avec précision combien de temps il pourrait tenir lors d'un combat et canaliser son énergie au besoin. J'étais encore loin d'y arriver, mais les notions déjà apprises me permettraient de me concentrer davantage, surtout avec cet environnement calme. Aragorn ne me dérangerait pas, et vu l'état du canapé, personne ne voudrait s'assoir dessus.

Je n'avais jamais véritablement senti le lien qui nous unissait, d'abord parce que j'avais mis du temps avant de m'en rendre compte, ensuite parce que je ne voulais pas l'admettre, et maintenant parce que j'en avais expérimenté seulement les désagréments. Je me souvenais encore parfaitement de la perte de mes pouvoirs qui m'avait donné un sacré coup au moral.

Pourtant, je n'en démordais pas et imaginais Leith dans mon esprit pour lui venir en aide. Ses cheveux bruns en bataille, ses yeux bleus qui avaient le don de sonder les âmes et son petit sourire arrogant qui ne le quittait presque jamais. Je réussis à me l'imaginer parfaitement après plusieurs secondes de recherche, et vis une sorte de fil doré l'entourer de part en part. La lumière flottait comme un nuage et j'avais l'impression de flotter dans une dimension parallèle, ce qui rendit cette scène d'autant plus cabalistique. Je touchai son épaule en voletant vers lui pour signifier ma présence. Son épaule était chaude sous ma paume. Il n'y avait aucun bruit, aucune odeur, seulement la chaleur de mon contact. Nos yeux se rencontrèrent, et à cet instant la lumière se fit d'autant plus forte comme si je venais de trouver la dernière pièce du puzzle. Un sentiment de réconfort et de bien-être m'enveloppa tel un cocon douillet. J'avais l'impression de le redécouvrir tant cette douceur qui se dégageait de son regard me troublait. Il y avait quelque chose dans ses yeux bleus d'indéfinissable qui flattait agréablement mon égo déjà meurtri. Avec lui, je me sentais comme la septième merveille du monde.

Il a réussi, m'avertit Aragorn, rompant ainsi le contact.

Je mis un certain temps à revenir sur terre. Le froid de la réalité me glaça le sang. Les couleurs étaient ternes, l'odeur irrespirable, mais j'étais tout de même fier d'avoir réussi ma mission. L'écran de Leith grésillait, indiquant sa victoire. D'une minute à l'autre, il serait présent dans la salle de repos qui se remplissait seconde après seconde. Je me levai pour avoir un visuel sur la porte, et lorsqu'elle s'ouvrît, j'eus un mouvement de recul. Alec venait d'entrer, le front en sueur. Sa respiration était toujours frénétique. Tout le monde s'écarta pour le laisser se servir au distributeur d'eau.

Je me rassis en soufflant bruyamment. Impossible d'aller lui parler ni de le voir après ce qu'il s'était passé entre nous. Alec et moi serions toujours amis, bien sûr, mais il me faudrait du temps pour passer à autre chose. Je ne voulais pas qu'un garçon dicte ma vie ou ait une quelconque incidence sur mes émotions. Mes pensées allèrent aussitôt ma mère et mes critiques vis à vis de son affection pour mon père. Plus jeune, je ne comprenais pas l'amour inconditionnel qu'elle pouvait ressentir pour lui ni pourquoi elle avait autant de temps avant de fréquenter à nouveau quelqu'un. Mais aujourd'hui, je pouvais m'identifier à elle. Pas parce qu'Alec et moi partagions des sentiments similaires, après tout ma mère ne jurait que par mon père ce qui n'était pas mon cas. J'avais la sensation que je n'étais pas totalement allée jusqu'au bout avec lui surtout après seulement quelques semaines à ses côtés. Non, je partageais seulement une partie de sa peine.

La porte claqua derrière mon dos, puis des murmures s'élevèrent. Je m'attendais à ce que toute cette attention s'adresse aux journalistes et leur fâcheuse tendance à casser les pieds de tous les participants, jusqu'à ce que des bras m'enlacent Je me retournai et vis Leith à seulement deux centimètres de mon visage.

Merci beaucoup, me murmura-t-il en me serrant avec force. Merci beaucoup, Ambre.

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Hello !

J'aurais aimé que le chapitre soit plus long, mais comme je suis à l'afterwork de mon taff au moment où je vous écris, ça ne sera pas possible 😂

J'espère que le chapitre vous aura plu, comme d'habitude n'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé (même des critiques négatives) ça m'aide beaucoup pour écrire la suite et corriger ce qui ne va pas.

Je vous voir venir les fanatiques de team avec des « oui, il faudrait que cette scène se passe avec Alec 🙂 » ou « Leith aurait pu l'embrasser là » 🤣🤣

À dimanche !

GOD'S RETURN 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant