Chapitre 9 : La Corne Du Temps

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La buée formée sur la vitre me rappelait les heures passées à la montagne avec Angie lorsque nous étions tout petit. Lui adorait le froid, contrairement à moi et j'aurais à ce moment donné n'importe quoi pour me blottir dans sa fourrure de loup-garou. Un mois était passé depuis. Mon corps s'était endurci, suffisamment pour ne plus me faire humilier lors des entraînements contre Logan. J'avais appris beaucoup depuis mon arrivée, mais j'étais aussi d'une humeur massacrante.

Un regard de travers suffisait pour commencer une bagarre avec n'importe qui. Mon père savait que ce n'était pas dans mes habitudes, du moins c'est ce qu'il me répétait à chaque fois que ça arrivait, mais comment pouvait-il en être si sûr au fond ? Il m'avait quitté alors que j'étais à peine âge de six ans, il ne me connaissait pas du bout des doigts comme ma mère ou mon meilleur ami. Il se contentait de me promettre l'impossible et à chaque fois que j'entrai dans son bureau en menaçant de partir d'ici sans demander mon reste, j'en ressortais avec l'espoir d'avoir enfin ma place.

Il n'y avait qu'Anna qui me réconfortait aussi étonnant puisse paraître. Elle s'allongeait à même le sol avec une couverture en laine près de la cheminée et m'écoutait insulter la planète entière pendant des heures. Je lui racontais comme Diafosa me manquait, et même si ça l'a faisait grincer des dents, elle se contentait d'hocher la tête.

Je jurai lorsque ma malléole cogna contre la porte en bois massive. Avec toute cette neige, il était difficile de voir où l'on mettait les pieds. J'entrai dans la partie la plus lugubre du château, celle où personne n'osait s'aventurer à cause des esprits frappeurs. D'après ce qu'Erza m'avait raconté, un fantôme hantait les lieux depuis des siècles. Des horreurs avaient eu lieu ici même et certains s'amusaient à répéter que lors des nuits glaciales, des cris d'agonie se faisaient entendre depuis les meurtrières. Je fermai la porte à moitié, l'entraînement m'avait suffisamment épuisé pour que je me batte à nouveau.

Fantôme ou pas, il n'y avait personne et l'aile se réchauffait grace aux fumée des cuisines qui remontaient par le sous sol. Ne me demandez pas comment ce mécanisme fonctionnait, je n'en avais strictement aucune idée. Un large tuyau passait au milieu de l'aile, et une fumée éparse se diffusait dans les couloirs. Je mis mon écharpe pour ne pas l'inhaler et montai les marches en colimaçon. Parfois, des bruits étranges faisaient écho entre les murs, mais je continuai mon chemin. Peut-être que le fantôme pourrait me donner des réponses à mes questions.

J'étais presque arrivée à la pièce la plus chaude de l'aile, lorsque je me figeai sur place. Des bruits de chaîne se firent entendre depuis le rez-de-chaussée, puis des bruits de pas précipités similaire à des sabots digne des plus grands chevaux de guerre. Je me mis en position d'attaque, prête à brûler le fantôme si jamais je croisai sa route. Mais, je me calmai aussitôt lorsque je vis deux cornes pointues et un museau humide. Le Minotaure portait une lourde chaîne et un marteau dans son autre main.

Qu'est-ce que tu fais là ? me demanda-t-il en posant le marteau au sol. Tu n'as pas peur du fantôme ?

Quel fantôme ? Je n'ai plus dix ans.

Il inclina la tête sur le côté, je le trouvais presque mignon à ce moment précis. Il reprit son marteau puis continua son chemin avec ses gros sabots qui tapaient sur l'escalier.

Viens, je vais te montrer quelque chose.

Je n'avais rien d'autre à faire et comme peu de personnes m'adressait la parole, j'avais tendance à me raccrocher à n'importe qui voulait me faire la conversation. L'escalier menait jusqu'au toit de l'aile, une sorte de tour de garde qui surplombait toute la montagne enneigée. On y voyait rien à cause du blizzard qui frappait contre nos crânes et je me demandais bien ce que le Minotaure voulait faire ici.

Tiens ça, m'ordonna-t-il en me jetant presque la chaîne de cent kilos dans les bras.

Il attrapa son extrémité et l'accrocha à la tour en prenant garde de veiller à sa solidité. Une fois qu'il fut bien sûr de lui, il jeta l'autre bout dans le vide. Puis, avant même que je ne comprenne ce qu'il faisait, il monta sur la tour qui était tout de même à plus de trente mètres de haut avant de s'accrocher à la chaîne pour descendre. Le Minotaure remarqua mes yeux ronds. Je n'avais pas vraiment peur du vide, mais il y avait une différence entre faire un saut à l'élastique et ... faire du rappel avec une vieille chaîne rouillée pendant une tempête de neige.

—  Est-ce-que tu as peur ?

Je n'hésitai pas et secouai négativement la tête. Depuis mes entraînements avec Logan, j'avais ce besoin irréversible de prouver ma valeur au clan, peut-être parce qu'ils ne voulaient toujours pas m'accepter après deux mois ici. La jeune fille de dix-ans aurait très certainement demandé aux protecteurs d'aller se faire foutre et les aurait ignorés à force, mais ... la solitude avait sûrement eu raison de ma force mentale. Je les insultais, je les maudissais jour et nuit, mais je faisais aussi tous les efforts possibles pour qu'on me reconnaisse en tant que Dragon et pas seulement comme la petite fille perdue du grand Tristan Riva.

Je pris la chaîne dans les mains, qui menacèrent de tomber en milles morceaux tant elles étaient gelées. D'un mouvement rapide, je sautai par dessus la tour sans réfléchir et me laissai glisser comme l'avait fait le Minotaure. La descente dura plusieurs minutes, mais j'étais si excitée par cette petite aventure que cela me parut très court. Je n'avais plus mis les pieds hors de ce château depuis mon arrivée et voir autre chose que des vieux murs à moitié détruits me mettait de bonne humeur.

Accroche ça ici, il ne faut pas que la neige l'ensevelisse.

J'écoutai les instructions du taureau en bon soldat et posai la chaîne contre une crevasse qui avait été épargnée par la neige. Nous étions dans une grotte assez étroite au couleur étrange, un mélange entre le mauve et le bleu nuit ou des inscriptions en grec ancien habillaient les crevasses. Il y faisait beaucoup moins froid qu'au sommet de la tour au moins.

Quel est cet endroit ? lui demandai-je lorsque je vis le Minotaure prendre une torche pour me la tendre.

J'invoquai une flamme suffisamment grande pour enflammer le bâton, sans même avoir à me concentrer. Utiliser mes flammes étaient devenu une seconde nature maintenant, elles faisaient partie intégrante de mon corps désormais un peu comme un troisième bras.

Les vestiges de notre passé.

Le Minotaure reprit la torche et s'avança dans la cavité qui formait des ondulations étranges et mystérieuses. Les inscriptions dorées brillaient sous la lumière de mes flammes, révélant des noms étranges comme Jolise, Karon ou encore Peropté. Des noms grecques ? Suffisamment anciens en tout cas pour que plus personne ne réponde à ces prénoms. Le manque de lumière m'empêchait d'en voir davantage malgré mon excellente vue. Ces vieux parchemins empestaient la poussière et la moisissure. Je plissai le nez et me frayai un chemin contre la paroi rocheuse pour y voir plus clair.

Ce sont les noms de mes frères, m'expliqua le taureau en les touchant du bout des doigts. C'est ici que je vivais, il y a 400 ans.

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Waouh, un chapitre le jeudi !

J'ai pu rattraper mon retard ( pour le moment ), donc j'espère que ça sera plus agréable pour vous. Je comprends que certains oublient ce qu'il s'est passé avant et j'avais pensé à faire un récap avant chaque chapitre, mais ça me donne pas envie du tout ( ça fait laid je trouve ) 😂 Je préfère vous publier 2 chapitres par semaine, même si ça sera sûrement compliqué par rapport à avant, MAIS SOYONS OPTIMISTES 🤩

Bref ! Plus que deux chapitres environ pour voir Leith et Alec ( je sais que vous vous impatientez ET MOI AUSSI BORDEL ), mais ces chapitres sont aussi importants dans l'intrigue pour comprendre la suite ! 🥴

N'hésitez pas à me suivre sur insta ou discord pour passer le temps ou avoir des exclus sur l'histoire 👌🏼

Dr.kidaa

GOD'S RETURN 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant