Chapitre 100 : Les Gardiens

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Traverser le campus de Diafosa demandait au minimum vingt minutes en marchant. Il ne m'en avait fallu que dix malgré ma fatigue. Mes muscles pesaient une tonne et certaines plaies commençaient déjà à former des couleurs étranges. Je rêvais de retourner dans cette eau miraculeuse capable de soigner toutes les blessures, mais mon esprit ne pensait qu'à une seule chose : Leith et Alec. J'étais responsable de l'altercation avec Vlad, et j'espérais que rien de grave ne soit arrivé à son fils. Je contournai le grand chêne, cet arbre majestueux où Alec avait l'habitude de roupiller lorsqu'il surveillait encore l'école en tant que gardien. Le descendant d'Hadès semblait plus docile qu'en ce début d'épreuve, parce qu'il se savait en sécurité lui et sa sœur. J'ignorais qui avait été nommé gardien des autres sections, et je m'en moquais.

Le soleil se cachait timidement derrière d'épais nuages lorsque je foulais les gravillons du parvis. Les infrastructures vieillottes de l'infirmerie contrastaient avec le centre du campus plus travaillé. Je n'avais jamais apprécié cette partie du campus, à l'écart du brouhaha des jardins nettement plus lumineux, festif, et des fontaines où les nymphes adoraient plonger les doigts. Je montai les escaliers d'un pas lourd, m'attendant à trouver une des infirmières pour m'accueillir. Je me précipitai dans le hall en découvrant à la place Leith vêtu d'un pantalon à pince noir et d'une chemise blanche déboutonnée. Sous les vitraux qui représentaient les anciens dieux, il ressemblait à un être divin. Ses cheveux avaient été coiffés, élégamment ramenés en arrière, une effluve boisée embaumait l'air comme s'il venait de se parfumer.

Tu en as mis du temps, râla-t-il en accrochant une montre en cuir à son poignée. On a un programme chargé, il faut appeler les fournisseurs pour nous livrer les nouveaux bouquins des premières années, et surtout discuter avec ces enfoirés de journalistes pour les faire dégager d'ici au plus vite. Quoi ? Pourquoi tu me regardes comme si je ...

— Qu'est-ce que tu fiches debout ? Tu as été foudroyé par ton père sans oublier ta victoire qui t'a mis un sacré coup au moral. Tu devrais être dans ton lit en ce moment !

Leith se rembrunit et détourna le regard. Il ne le faisait jamais avec personne, seulement lorsque sa confiance en lui-même — déjà à son paroxysme — faiblissait pendant quelques instants.

Je sais, mais il faut aller de l'avant. Ce n'est pas en me lamentant sur son sort qu'on réussira à créer une école à notre image. Oui, cette victoire est amer, oui les étudiants en profiteront pour défier mon autorité, mais c'est aussi une occasion en or de me rattraper. Et avec toi à mes côtés, je suis sûr de pouvoir y arriver. Alors, tu es partante, gardienne des Tilion ?

Je n'avais même pas remarqué qu'un sourire idiot étirait mes lèvres. Leith avait au moins le don de me redonner de l'espoir, lui qui n'abandonnait jamais. Peu importe comment nous avions obtenu nos postes, nous les méritions haut la main. Je ne voyais personne d'autre capable d'endosser le rôle de président que Leith. Cette dernière pensée me fit souffler du nez. En arrivant à Diafosa en septembre, je ne désirais qu'une seule chose : que Leith dégage au plus vite de cette école. Et me voilà aujourd'hui être son bras droit.

Change-toi avant, tu en as bien besoin avec toute cette crasse sur la figure.

Tu m'attendais depuis longtemps ? lui demandai-je sans relever sa petit pic.

Dès qu'Alec m'a ramené ici, je lui ai demandé de partir avec l'infirmière. Mes blessures n'étaient pas si graves que ça, et j'avais besoin de me changer les idées. Je savais que ce n'était qu'une question de minutes avant que tu gagnes.

Gwenn a sûrement manigancé quelque chose, ce n'est pas normal que cette troisième épreuve soit aussi simple...

Ambre, tu as vaincu Connor lors d'un combat singulier. Le descendant d'Arès, Dieu de la guerre, muni qui plus est de son arme divine, et tu trouves le moyen de penser une telle chose ? Tu as mérité ta victoire et tu n'as rien à prouver à qui que ce soit.

La fierté me fit gonfler la poitrine. Il avait raison. Connor m'avait fait tellement peur la première fois que je l'avais vu près de ma maison. Je m'apprêtai à fêter mon anniversaire à la fête foraine avec Alec, Hélène et Angie, et il avait déboulé de nul part avec Setus. Je me rappelai mon impuissance et celle d'Alec face à ce monstre de presque deux mètres qui nous avait battu à plate couture alors que nous étions quatre. Aujourd'hui, je n'avais pas laminé Connor pour la première fois, mais pour la deuxième fois consécutive depuis les épreuves. Et ce n'était pas tout. Ces épreuves m'avaient permis de me dépasser, de me prouver que j'étais autant capable qu'un descendant d'affronter les pires dangers et même de créer de nouvelles possibilités auxquelles je n'aurais jamais imaginé avec mes flammes.

Comment est-ce que tu sais que j'ai combattu Connor si tu n'as rien vu du combat ?

Parce que je connais cet idiot. Il s'est rué sur la personne la plus forte, sans oublier que vous aviez des comptes à régler.

Je ne dis pas un mot et partis presque en courant dans le couloir. Dégager ces foutus journalistes serait ma première tâche en tant que gardienne et je comptais bien...

C'est de l'autre côté, me coupa dans mon élan aussitôt  Leith en ricanant. 

Je repartis dans l'autre sens pour rejoindre la salle des gardiens

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Je repartis dans l'autre sens pour rejoindre la salle des gardiens. Ali m'en avait déjà fait une vague description, mais elle s'en était tenue à affirmer qu'il s'agissait de la plus belle salle au monde. Autant vous dire que je ne la croyais pas.

Lorsque je montai l'escalier en colimaçon et tombai nez à nez avec un chevalier en armure, j'eus un mouvement de recul. À la façon d'une vieille salle à manger du moyen-âge, se tenait une table ronde avec des espèces de trônes. Je remarquai le canapé en cuir marron et eus aussitôt un flash qui me ramena des mois en arrière. J'étais déjà venue ici. Lorsqu'Alec m'avait téléportée après mon bond de plusieurs mètres pendant le premier cours de Capflag. C'était à cet endroit précis que Leith avait failli me poignarder. Je détaillai les centaines d'armes accrochés au plafond et mis cette fois un sens aux symboles dessinés sur les trônes qui représentaient chaque section. Je posai ma main encore ensanglantée sur le trône des Tilion, noir comme la nuit. Désormais, il m'appartenait.

Des vêtements reposaient sur la table, une pile devant chaque trône aux couleurs des sections. Une porte à ma gauche indiquait les sanitaires, je pourrais donc prendre une bonne douche et enfilai ce qu'avait laissé Leith. Il me fallut vingt bonnes minutes pour enlever toute la crasse des combats. L'eau oscillait entre une couleur rouge puis marron avant qu'elle ne redevienne claire. J'enfilai à la hâte l'uniforme qui ressemblait à s'y méprendre à celui que portait occasionnellement celui d'Alec. Avec ces boutons et sa longue cape, il me faisait penser aux vêtements militaires de l'armée américaine à l'exception qu'il était d'un noir à faire peur. Je n'avais pas idée qu'il s'agissait en réalité des uniformes portés par les gardiens. J'avais bien l'impression que les anciens se moquaient bien de les porter.

Leith m'attendait sagement assis sur les escaliers lorsque je sortis de cette salle que j'occuperai désormais tous les jours.

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Yoooo

J'espère que le chapitre du jour vous aura plu, j'ai préféré couper la avant que les choses sérieuses débutent. Oui, la soirée ne va pas se passer comme prévue 👀

À plus ! 🖤

GOD'S RETURN 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant