Episode 4 : Le Jugement - Chapitre 1 : Je suis fatigué

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[A l'épisode précédent, l'option "se fermer solidement" l'a emporté avec 62,5% des voix.]


Episode 4 : Le Jugement

Je suis fatigué. Cela fait plusieurs jours que je reste éveillé. Ainsi, je profite de cet aparté pour informer mes auditeurs potentiels sur une éventuelle interruption des épisodes pour quelques semaines, le temps de dormir. Le présent texte a été rédigé à la suite du précédent, pendant la nuit, après la mort de Seban. Au moment où j'écris ces lignes, l'heure a dépassé minuit, et je compte veiller jusqu'au lever du jour, demain matin, pour connaitre la décision du jury des grands marchands au sujet de Téa. Une fois le jugement rendu, et à moins qu'il ne s'agisse d'une peine de mort à courte échéance, j'irai m'assoupir un moment. Cela mis de côté, la situation de l'équipage d'Aben devrait rester stable durant mon absence, sauf si la marée en décidait autrement.

Au dernier épisode, la troupe des marchands d'esclaves s'était scindée en deux groupes. Le premier, plus imposant, mené par Körl, était resté à bord du deux-mâts dans l'objectif d'assiéger l'île de Paille et Miel. Le deuxième, constitué de six compagnons dirigés par Grem, avait escorté Linée jusqu'à Nelenvaï, sur le navire d'Aben. Là-bas, ils avaient trouvé un guérisseur pour amputer les mains de la vigie. Veb, Grem et Bao patientèrent près de la tente en attendant que le médecin pût la recevoir. Pendant ce temps, Seban et le reste des six malfrats se tournèrent les pouces près du bateau, avant que Téa ne les trouvât par hasard, et ne les tuât tous les trois. Des gardes en armure de plate se dirigèrent alors vers elle.

Uky et Vaadre avaient, eux, été déposés sur une île aux parois abruptes. On y entrait par une grotte, dans les hauteurs, où pendait une herse levée. Laissés seuls, ils regardaient le coucher de soleil depuis le sommet verdoyant de la falaise.

Enfin, Rodd s'était séparé d'un groupe de naufragés : Tifrême, Guenor et Fède, qui craignaient pour la vie d'Octès, le nourrisson. Il avait construit un radeau, et s'en était allé vers le sud à la recherche de ses compagnons, en s'engageant à ne revenir auprès des sinistrés que s'il trouvait de quoi les aider.

Voilà où mon savoir s'arrêtait, à l'épisode précédent. J'ai, à présent, des raisons de supposer une stabilisation voire une stagnation de la situation. Il faudra sans doute attendre trois semaines, ou un mois, avant que l'équipage n'éveille de nouveau mon intérêt. Certes, Téa pourrait éventuellement, par infortune, se trouver à mourir bêtement, Linée aussi, du reste, et Miel également. Néanmoins, ces possibilités ne m'enthousiasment guère, ici, car, si elles survenaient de l'une des manières que j'envisage, alors elles ne revêtiraient d'aucune esthétique particulière. Il me faudrait ainsi attendre au moins un mois pour retrouver l'originalité que le temps ajoute sur le destin des êtres, afin de pouvoir inscrire leur sort dans le cadre d'un mécanisme transcendant, qui, lui, saura attirer ma curiosité. 

Le Pêcheur et le MeunierWhere stories live. Discover now