I - Chapitre II

12.7K 918 32
                                    


Tout comme le souper la veille, le petit déjeuner lui fut servit dans ses appartements. En dehors de la visite expéditive par la gouvernante la veille, Hélène n'avait pas mis un pas dans la palais ailleurs que dans sa chambre.
La nuit, elle n'avait presque pas réussi à fermer l'œil, terrorisée à l'idée que son « mari » vienne prendre ses droits. Mais rien. Personne. Si la gouvernante avait dit juste - et jusqu'ici c'était le cas - ils allaient donc se rencontrer aujourd'hui.

On était venu la réveiller à six heures tapantes, en ouvrant grand les rideaux de sa chambre. Elle n'avait dû dormir qu'une ou deux heures et ce réveil ne l'aida pas à émerger calmement pour se remettre du manque de sommeil ajouté à l'appréhension et la peur.
Deux servantes, et Margot, l'aidèrent à se laver, puis à s'habiller et se coiffer avant son petit déjeuné.
Finalement, elle et Margot restèrent seules, ne sachant si on allait les appeler, les guider, leur dire quoi faire. Mais personne ne vint, à part pour leur servir le déjeuner. Elles jouèrent aux cartes, tournèrent en rond, discutèrent, mais personne ne venait. Lorsque l'horrible indiqua dix-huit heures, tandis que Margot était en train de lui faire la lecture, Hélène en eut assez.
Certes elle était effrayée à l'idée de rencontrer cet homme, mais ils étaient mariés à présent, et contrairement à elle, lui avait donné son accord pour ce mariage, alors la moindre des choses était de se rencontrer et de présenter. Si on l'avait fait venir ici pour rien, si ce mariage était une erreur et n'avait pas vraiment été signé, si tout ceci était un malentendu, alors Hélène devait sonné assurer, et ainsi elle pourrait repartir chez elle!
Elle ouvrit les portes de ses appartements et sans attendre se rua dans le corridor, essayant de se souvenir par où elles étaient arrivées la veille.

-Madame?!

Margot se mit à courir derrière elle pour la rattraper.

-Que faites-vous?!
-Je vais demander ce qu'on fait ici, puisque de toute évidence notre présence importante peu.

Elle devait l'admettre, son ego avait été touché au vif. Comment était-il possible de se moquer autant de la femme qu'on venait d'épouser, mariage arrangé ou non?! Ne méritait-elle donc aucun respect? On ne lui avait pas demandé son avis sur cet homme. On ne lui avait pas demandé son avis pour ce voyage. On lui avait imposé absolument tout de A à Z depuis sa naissance, et maintenant qu'elle était mariée, maintenant qu'elle allait peut être pouvoir espérer un souffle de liberté, ou bien une captivité encore plus sévère que sous l'ordre de sa mère, elle voulait savoir! Savoir à quoi s'en tenir. Savoir qui était cet homme. Savoir ce qu'elle pouvait ou non faire. Savoir qu'elle était sa place. Tout simplement. Et puisqu'il ne comptait visiblement pas venir lui apporter ces réponses sur un plateau, alors Hélène avait décidé qu'elle irait les lui arracher elle même, et tant pis si son geste était fou et stupide.

Arrivée dans le grand salon, elle devait l'admettre, elle n'avait aucune idée de où chercher, puisqu'elle connaissait à peine le palais et n'avait vu qu'un nombre infime de ses salles. Un serviteur traversa la pièce et en la voyant s'inclina.

-Oh Madame Hélène... je... ne savais pas que vous étiez ici... Nous vous croyions dans vos appartements...
-Oui, et justement j'en suis sortie. Où puis-je trouver Monsieur Le Duc?
-Monsieur Le Duc?! Mais enfin je... il ne...

Hélène avait perdu toute patience, et surtout elle en était persuadée maintenant: il était bien ici.

-Répondez-moi!

Elle avait tenté d'employer un ton sévère, imaginant sa mère, et visiblement cela marcha car le serviteur pointa son index vers un corridor adjacent:

-Monsieur Le Duc est dans son bureau mais...

Elle ne le laissa pas finir sa phrase et le dépassa pour aller dans la direction qu'il avait indiqué, Margot sur ses talons.

-Madame je ne crois pas que ce soit une bonne idée...

Elle ne prêta pas attention à la remarque de son amie et s'arrêta devant les portes qu'elle devina être celles derrière lesquelles se cachait l'homme qu'il l'avait achetée.

-Reste ici.

Elle posa sa main sur les poignées, et sans réfléchir davantage ouvrit brusquement les deux battants dans une entrée fracassante.

Épées et BaisersOpowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz