V - Chapitre XIX

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Hélène courait. Arthur la poursuivait.
Mais en tournant dans un couloir au hasard, jetant un coup d'œil derrière elle pour savoir s'il la rattrapait, sa course fut brusquement stoppée par un mur de chair dans lequel elle fonça violemment.
Le choc fut si brutal qu'elle en fût sonner et une main se referma sur son bras pour l'empêcher de tomber à la renverse. Elle releva les yeux péniblement pour voir la personne dans laquelle elle venait de rentrer et sa vision était floue. Entre son corset, sa course folle, le choc de ce qu'elle avait vu et le choc de la collision, la jeune femme était à deux doigts de l'évanouissement. Lorsque sa vision devint plus nette, elle découvrit devant elle un homme, mais ne put toujours pas bien discerner ses traits.

-Vous allez bien?

Non, elle n'allait pas bien, et elle aurait voulu le hurler au monde, mais elle resta muette.

-Hélène!

La voix d'Arthur se rapprochant et raisonnant dans les couloirs la fit complètement revenir à elle. Elle sursauta et voulut dépasser l'homme pour se remettre à courir mais à peine avait elle fait un pas que des taches noires apparurent devant ses yeux et que tout ce mis à tourner. Ses jambes cédèrent sous son poids, et l'homme la rattrapa in extremis. La soulevant du sol, un bras autour de sa taille et l'autre sous ses jambes, Hélène put se laisser aller à son malaise et perdit totalement connaissance quelques secondes. Lorsqu'elle rouvrit faiblement les yeux, l'inconnu l'avait assise sur un sofa en velours du couloir et la tenait toujours par la taille pour l'empêcher de s'effondrer complètement.

-Respirez.

Mais la jeune femme n'y arrivait pas, le souffle lui manquait et elle ne parvenait pas à le retrouver. La panique montait peu à peu, à la fois à cause de la situation et du fait de sentir que l'oxygène lui manquait, créant un cercle vicieux insupportable. Elle était incapable de parler, et regardait l'homme avec désespoir, essayant de gonfler ses poumons d'air sans y parvenir.
Et soudain, l'homme la saisit par la taille, plaquant ses mains dans son dos, les rapprochant considérablement. Elle aurait voulu hurler, mais en était incapable. Cet inconnu était donc aussi monstrueux que ceux qu'elle avait vu il y a quelques instants à peine! Et sans la moindre pitié, il arracha violemment les pans de sa robe lacés dans son dos. Aussitôt, le corset céda, et Hélène put reprendre sa respiration, brutalement et bruyamment. Il lui fallut plusieurs longues inspirations avant de calmer son rythme cardiaque et les tremblements de ses mains. Et ce n'est qu'à ce moment qu'elle regarda enfin réellement l'homme qui venait d'arracher littéralement le dos de sa robe.
Deux yeux verts la fixaient. Des mèches folles de ses cheveux châtains tombaient sur son front. Grand et élancé, il portait une tenue de soirée ni trop extravagante ni trop sobre.

-Ça va mieux?

Elle hocha doucement la tête, la bouche entrouverte, incapable de dire un mot.

-Je suis désolé pour votre robe.

L'homme se leva du sofa et retira sa veste avant de la déposer sur les épaules de la jeune femme pour cacher son dos nu et son corset déchiré.

Hélène essayait de retrouver ses esprits, de comprendre ce qui lui arrivait et où elle était. Et la voix d'Arthur le lui rappela:

-Hélène!

Son beau-frère venait d'apparaître dans le couloir, essoufflé et torse nu.

-Mon Dieu Hélène tu es là! Je te cherchais partout!

La jeune femme se leva brutalement du sofa et recula doucement, voulant à tout pris mettre de la distance entre eux. Mais elle était bien incapable de reprendre sa course.
Il s'approcha alors brusquement et lui pris le bras:

-Ecoute, je ne voulais pas que tu assistes à ça mais...

Elle ne le laissa pas finir sa phrase et le gifla. Encore plus fort et violemment qu'elle ne l'avait fait quelques jours plus tôt dans les jardins.

Épées et BaisersWhere stories live. Discover now