I - Chapitre III

12K 887 105
                                    


Hélène venait d'entrer dans le bureau du duc, et comme elle s'y attendait, il s'y trouvait, assis derrière son bureau en acajou décoré de feuilles d'or.
Malheureusement... il n'était pas le seul homme présent dans la pièce.
Ainsi, cinq paires d'yeux se tournèrent simultanément vers elle pour le fixer avec étonnement suite à cette entrée pour le moins remarquable. Aussitôt, tout le courage et la détermination qui l'avaient guidée jusqu'ici s'évaporèrent en un claquement de doigts et elle pâlit comme un linge, regrettant amèrement de ne pas être restée dans ses appartements.

Le duc, du moins celle devina ainsi puisqu'il était assis à la place qui semblait être celle du propriétaire des lieux, se leva, sans lâcher son regard, et contourna le bureau pour se mettre face à elle.

Le silence était insupportable tandis qu'il la regardait, semblant détailler chaque parcelle de son visage.
Blond, les cheveux rejoints en une queue de cheval, son visage dégagé permettait à la jeune femme de l'observer lui aussi. Il paraissait plus jeune qu'elle ne l'aurait cru, ce qui la rassura sans doute. Il avait les yeux noisettes et la dépassait d'une dizaine de centimètres. Assez fin, il semblait pour autant très athlétique sous ses vêtements. Mais Hélène se reprit aussitôt, se maudissant d'avoir de telles pensées.

L'homme s'approcha alors et prit sa main, la faisant tressaillir. Il se pencha et baisa délicatement et respectueusement ses doigts avant de se redresser et d'articuler avec un sourire semblant sincère:

-Bonjour Hélène. Je suis ravis de faire enfin votre connaissance.

Elle aurait aimé lui lancer que leur rencontre aurait pu se faire plus tôt s'il y avait mis la volonté, mais aucun mot ne parvenait à sortir de sa bouche, confuse entre le soulagement de constater que cet homme n'était pas un monstre difforme, loin de là, et celui de voir la bienveillance qu'elle espérait sincère dont il venait de faire preuve, et ce malgré le fait qu'elle venait de faire irruption dans son bureau dans frapper, sans s'annoncer et sans s'excuser.

-Si vous permettez ma chère, allez dans la petite bibliothèque juste ici, je vous y rejoins dans un instant.

Hélène s'exécuta, trop heureuse qu'on lui permette une fuite de cette salle remplie d'hommes dans laquelle elle venait de subir on une des plus grosses hontes de son existence. Elle passa la petite porte dérobée que le duc venait de lui indiquer et referma derrière elle. Elle se mit à observer la petite bibliothèque, mais à peine avait-elle fait un tour sur elle même que la dix l'avait rejointe.

-Je suis désolée de vous avoir fait attendre.
-Non... je... ne vous excusez pas... c'est moi... je suis désolée d'être ainsi entrée dans votre bureau... je... je ne sais pas ce qui m'a pris...

La jeune femme balbutiait, confuse et réellement désolée.

Il s'approcha d'elle et le cœur de la jeune femme se mit à accélérer dans sa poitrine.

-Vous n'avez pas à vous excusez, cette demeure est la votre à présent, vous pouvez aller et venir où bon vous semble.

Hélène resta bouche bée, elle ne savait pas quoi répondre. Le duc poursuivit:

-Je suis vraiment désolé de ne pas vous avoir accueillie hier, malheureusement votre arrivée coïncidait exactement avec une importante réunion d'état que je ne pouvais décaler.
-Oui, je comprends... enfin je veux dire... je n'y connais rien en réunion d'état bien-sûr... mais je... enfin je veux dire...

Plus elle parlait, plus elle se perdait elle-même dans le flot de ses paroles, et plus la détresse et la panique dans sa voix se faisait ressentir.
Excepté les hommes de sa famille, et des domestiques, Hélène n'avait jamais vraiment parlé à un homme, et encore moins seule à seul. Et cet homme là n'était pas n'importe quel homme puisqu'il s'agissait... de son époux. L'homme qui allait partager sa couche, l'homme avec qui elle allait vivre jusqu'à ce que la mort les sépare, l'homme qui allait être le père de ses enfants...
Hélène était perdue, effrayée, impressionnée. Et son attitude faisait sourire le duc, qui finalement, pour la faire taire, vint poser sa main dans la nuque de la jeune femme et la guida jusqu'à lui pour déposer sur ses lèvres vierges un baiser rassurant et passionné.

Épées et BaisersWhere stories live. Discover now