XVI - Chapitre LXXIII

6.7K 635 82
                                    


-Tu ne dois le répéter à personne. Jamais. Et ce mouchoir, débarrasse-t-en. Tu es mariée. L'adultère des femmes est un délit. Et si cela s'apprend, tu perdras tout, et tu recouvriras notre famille de honte. Pour ta survie petite sœur, ne dis rien, et oublie cet homme.
-Mais Anne, je n'ai pas été infidèle!
-C'est tout comme. Personne ne saisira la différence, et tout le monde s'en moque bien. Ce qu'il y a eu entre vous est peut être encore plus intime que tous les baisers ou toutes les caresses du monde. Suis mon conseille Hélène, et ne pense plus à tout ça.

Sur ces mots, Anne se leva, visiblement gênée par cette conversation bien trop hors du droit chemin.

-Je vais aller me coucher. Tu devrais faire de même.

Et sans attendre sa cadette, elle quitta le salon.
Hélène resta seule et perdue. Il y a deux ans, jamais Anne n'aurait été si catégorique. Si elle avait toujours été une enfant modèle, elle avait toujours laissé sa sœur rêvé et l'avait même encouragée dans ce sens. Mais après tout, elle avait sans doute raison. Helene était désormais une femme mariée, et ce genre d'erreur ne pouvait être permise. Elle devait oublier Guillaume. A tout prix. Même s'il ne s'était rien passé entre eux, tout ceci était déjà sans doute allé trop loin. Et puis de toute façon elle ne savait pas quand elle le reverrait, et c'était mieux ainsi.

Elle finit par se lever à son tour de sa chaise et monta à l'étage pour aller à ses appartements. Mais elle passa devant la chambre d'amis qu'empruntait Anne et son mari et décida d'entrer, pour aller s'excuser au près de sa sœur. Elle n'avait pas voulu la mettre dans ce lourd secret à porter et avait bien vu son trouble.
Elle ouvrit la porter sans frapper, et Anne, à moitié dévêtue sursauta.

-Anne excuse-moi, je voulais juste...

Elle remit aussitôt sa chemise sur ses épaules. Hélène crut voir quelque chose, elle fronça les sourcils, se coupa dans sa phrase.

-Qu'est ce que tu as?
-Rien. Tu m'as fait peur.

Hélène enjamba les quelques mètres qui la séparait de son aînée le et tira presque violemment sur la chemise de sa sœur. Alors, elle découvrit avec horreur les bras frêles et blancs d'Anne recouverts d'hématomes noirs, bleus, violets et jaunes.

-Anne... Mon Dieu mais qu'est ce que...

Anne arracha la chemise des mains d'Hélène l'a remis sur elle.

-Rien je t'ai dit! Vas te coucher.
-Mais Anne! Qu'est ce qui t'es arrivé?!
-Je t'en supplie Hélène, laisse-moi, murmura Anne d'une voix de désespoir en se laissant tomber assise sur le rebord du lit.
-C'est Charles qui t'a fait ça?

Anne se murait dans le silence et refusait de regarder sa sœur dans les yeux. Hélène s'agenouilla devant elle pour essayer de capter son regard. Elle prit ses mains dans les siennes.

-Anne... Réponds-moi... C'est lui?

Elle releva alors tout doucement ses yeux troubles de larmes vers sa cadette. Elle ne répondit rien, mais ses yeux hurlaient la réponse. Hélène resserra encore ses doigts sur ceux de sa sœur...

-Mon Dieu, Anne... Et tu es enceinte...
-Duchesse.

Hélène sursauta et se tourna vers la porte. Son beau-frère venait d'entrer.
Elles se relevèrent immédiatement toutes les deux, Hélène tenant la main de sa sœur et se mettant légèrement devant elle.

-Il se fait tard, vous devriez peut-être retourner à vos appartements et retrouver votre mari.

Hélène ne répondit rien. Charles s'adressa alors à Anne d'une voix douce, en continuant d'approcher lentement:

-Y a t'il un problème?
-Non Charles, aucun problème, nous discutions. Hélène s'apprêtait à aller également se coucher.

Anne retira sa main de celle de sa sœur et la poussa gentiment pour lui faire comprendre qu'elle devait partir, que tout allait bien.

-Nous nous retrouvons demain Hélène. Pour le petit déjeuner.

Hélène hésita, mais finit par aller dans le sens que lui montrait sa sœur et s'apprêta a sortir. Elle passa devant Charles et le regarda, lui qui paraissait si aimable.

-Vous êtes sure que tout va bien Duchesse?
-Je vais bien. Et comme l'a dit ma sœur, nous nous revoyons au petit déjeuner demain...
-Absolument. Pour notre dernière journée avant notre départ.

Hélène quitta la chambre, et elle vit une dernière fois Anne au fond de la pièce, tandis que Charles refermait la porte.

Épées et BaisersWhere stories live. Discover now