III - Chapitre X

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Comme la veille, on vint réveiller Hélène à six heures du matin, pour la préparer, l'habiller et la coiffer. Mais cette fois-ci, le petit-déjeuné ne lui fut pas servit dans ses appartements. Un serviteur l'invita à descendre le pendre dans la petite salle à manger. Mais lorsque Margot voulu la suivre, il dit qu'en revanche, le siens lui serait servit ici. Les deux jeunes femmes échangèrent une regard puis se séparèrent.
Pas seules en tête à tête depuis le début de la matinée, Hélène n'avait pas pu raconter à Margot ce qui s'était passé la veille au soir, et Margot s'inquiétait donc de ce que son amie avait pu subir, mais elle était rassurée de voir qu'au premier abord cela avait l'air d'aller à peu près.

Hélène alla jusqu'à la petite salle à manger, et là elle découvrit le duc, assis à la même place qu'hier, en train de boire un liquide fumant. Mais cette fois ci, ni son frère, ni Margot.

-Bonjour...
-Bonjour, bien dormi?

Elle hocha la tête, et il lui fit signe de s'assoir. Les serviteurs lui servirent le même liquide fumant dont elle ignorait la contenance dans un bol, et on garnit son assiette de différents mets.

-Vu ce que vous avez mangé hier soir, vous devez avoir faim.

Il la vouvoyait de nouveau... Le tutoiement était-il réservé à la chambre à coucher?
Hélène tenta d'esquisser un sourire puis se mis à manger, plus par politesse que par appétit. Sa mère lui avait appris que manger en public était honteux, surtout devant un homme, et son inconscient avait tellement acquis cette information que manger devant lui était une épreuve. Elle sirota le liquide qui se révéla être sucré et amer. Cela passait mieux que quelque chose de solide.

-Vous aimez?

Elle se lécha les babines avant de répondre:

-Hum oui... qu'est ce que c'est?
-Du chocolat.

Hélène ne connaissait pas ce mot, mais ses papilles aimaient déjà ça. Elle se sentit soudainement revigorée.

Finalement, elle reposa son bol et réussit à dire ce qu'elle avait longuement mâché dans sa tête:

-Je voulais... vous remercier. Pour hier soir.

Le duc ne semblait pas s'attendre à une telle phrase, et il observa la jeune femme à l'opposé de la table quelques instants avant de finalement répondre:

-Ne me remerciez-pas.

Ce n'était pas une réponse polie. C'était un ordre. Hélène se sentit bête d'avoir dit ça, peut être n'aurait elle pas dû revenir sur le sujet.
Le silence s'étendît, et finalement le duc articula:

-« Hélène », c'est bien ça?

Elle hocha la tête.

-Puisque nous sommes mariés, nous devrions nous appeler par nos prénoms, qu'en dites vous?
-Oui... vous avez sans doute raison...
-...Philippe.
-Vous avez sans doute raison Philippe.

Il sourit, plus pour essayer de créer un lien que par réelle sincérité, et elle lui rendit.

-Il est encore tôt, aimeriez-vous que nous fassions une balade dans les jardins avant mes obligations de la matinée?
-...Oui, bien-sûr... si c'est ce que vous souhaitez.

Elle essayait de se remémorer la manière dont sa mère s'adressait à son père pour tenter de simuler le fait d'être une bonne épouse, comme le souhaiterait ses parents.

-Parfait.

Il se leva et vint jusqu'à elle pour lui offrir sa main qu'elle accepta. Ils quittèrent la petite salle à manger et parcoururent plusieurs corridors pour accéder à une porte menant aux jardins. Le soleil brillait. Le jour était beau. Il sortirent.

Épées et BaisersWhere stories live. Discover now