XXI - Chapitre XCI

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Les épées claquaient. Le son était cinglant. C'était le son de la mort qui approchait. Chacun espérant que ce ne soit pas encore son heure...
Guillaume ne tremblait plus, mais les larmes presque séchées faisaient encore briller des jours.
Philippe pensait à Hélène. Il voulait la revoir. Mais il devait se concentrer sur le combat, et son amour l'affaiblissait.


Hélène était prisonnière dans les appartements du duc, imaginant déjà ce dernier mort, étalé au sol dans son sang. Elle était impuissante, et elle était dans l'inconnu. Elle ne savait rien de ce qui se passait au dehors et cela la rendait folle et fébrile.
Elle tenta de jeter des chaises et des objets contre la porte, mais elle refusait de céder, et personne ne comptait désobéir à Philippe pour lui punir ri. De toute façon, ils n'avaient pas la clef.
Pourtant, la jeune femme ne pouvait pas se contenter d'attendre, elle voulait agir, elle devait agir.
Toujours en chemise de nuit, manteau et soulier, les cheveux détachés et le visage nu, elle s'approcha de la fenêtre. Elle l'ouvrit et s'y pencha.
C'était haut, très haut. Trop haut pour sauter sans manquer de se briser la nuque, ou au mieux une jambe.
Elle se pencha encore.
Il y avait un rebord plus bas.
La centre était largement assez grande pour qu'elle y passe. Si elle s'y prenait bien, elle pouvait se suspendre à la fenêtre, puis au rebord, cela la ferait descendre d'au moins trois bons mètres, et là elle pourrait lâcher en s'assurant la vie.
Mais cela restait dangereux. Elle se retourna, et regarda la pièce, réfléchissant.
Alors, elle se précipita vers le lit et attrapa les couvertures. Sans hésiter, elle les jeta par la fenêtre, prenant garde à ce qu'elles tombent toutes au même endroit formant un petit tas amortissant. Mais ce n'était pas suffisant à son goût. Si elle se cassait un membre, elle ne pourrait sauver personne... Elle attrapa donc le lourd matelas moelleux et le tira hors du lit. C'était bien plus pesant qu'elle ne l'aurait cru et elle se demanda comme une chose aussi confortable pouvait être si lourde. Elle réussit cependant à le traîner, puis a le mettre debout en y mettant tout son poids puis à le faire basculer par la fenêtre.  Il tomba sur les couvertures, et cette fois Hélène était certaine que sa chute serait bien moins violente, du moins elle l'espérait.

Elle s'agrippa au cadre de la fenêtre et prit une grande inspiration. Elle n'avait jamais eu le vertige mais elle n'avait jamais dû non plus faire une telle chose. Si sa mère la voyait - et en plus vêtue de la sorte - la punition serait telle que son corps en serait sans doute plus endolori qu'à cause de la chute.

-Allez... un peu de courage Hélène! dit-elle à haute voix.

Elle passa une première jambe, et enfin la seconde. Elle serrait le rebord de toutes ses forces entre ses doigts et doucement, se laissa pendre. Désormais, il était trop tard pour renoncer.
Son cœur battait à tout rompre, mais elle devait faire vite, elle n'était pas musclée et même si elle n'était pas non plus lourde, ses bras commençaient déjà à souffrir.
Elle lâcha rapidement une main et s'agrippa au rebord plus bas puis lâcha sa seconde main, tombant de plusieurs centimètres d'un coup. Elle voulut se rattraper au rebord mais ses ongles griffèrent la pierre sans s'y accrocher et le poids de la petite chute firent lâcher sa main agrippée.
La duchesse tombait, sans plus aucune possibilité de se rattraper. Elle voyait sa fenêtre s'éloigner, et son esprit eu le temps de formuler une prière lorsqu'elle sentit déjà sa chute stoppée en plein vol. Tombé sur le dos, sa respiration se coupa violemment.
Elle était heureusement tombée sur le matelas, mais sa réception était particulièrement mauvaise et elle pensa une seconde que son dos était cassé. Après un instant à retrouver ses esprits et sa respiration, elle se redressa en poussant un gémissement de douleur.
Quelque chose n'allait pas, elle le sentait.
En réalité, une de ses cotes avait été brisée sous le choc, et une seconde était fêlée. Pourtant, l'adrénaline était suffisante pour camoufler la douleur et sans plus d'attente, la jeune femme se mit à courir vers les prairies du domaine, là où il était le plus probable que Guillaume et Philippe se soient retrouvés...

Épées et BaisersWhere stories live. Discover now