IV - Chapitre XV

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-Cette fois, c'est fait?
-Si tôt? Tu pourrais avoir pitié de moi et me demander ça après le petit-déjeuné...
-Philippe... Tu sais que je demande ça pour toi.
-Oui, Arthur, « c'est fait », dit-il en décrochant chaque syllabes en un ton agacé.
-Bien.

Un ange passa, tandis que les deux frères mangeaient avec appétits. Le plus jeune finit par ajouter:

-Et... comment était-ce?
-Comme tu peux l'imaginer...
-Je n'aurais pas le droit aux détails?
-Non.
-Ça ne t'a jamais dérangé pourtant de me raconter, ou d'écouter mes frasques.
-Certes. Mais là il s'agit de ma femme. Ce qui se passe entre elle et moi ne te regarde pas.
-Et bien dis-moi... tu t'es vite fait au rôle d'époux... Et quand pourrais-je voir ma merveilleuse belle-sœur déflorée?

Le duc ignore la fin de sa remarque, se contenant de répondre:

-Je l'ai faite appeler, elle va arriver.

Quelques secondes plus tard, un serviteur arriva et se prosterna vivement avant de se redresser pour annoncer que Madame Hélène souhaitait déjeuner dans ses appartements avec sa dame de compagnie.
Les deux frères échangèrent un regard. Arthur eut un petit rictus entendu et légèrement moqueur sous entendant clairement à quel point il allait être nécessaire de la dresser.
Le duc se tourna de nouveau vers le serviteur:

-Retournez la chercher. Ce n'est pas une offre que je lui fais mais un ordre que je lui impose. Ma femme viendra déjeuner avec moi ce matin.

Le serviteur se prosterna un nouvelle avant de disparaître:

-Oui Monsieur Le Duc.

Arthur prit une gorgée de vin et ne put s'empêcher de lancer:

-De toute évidence, ce n'est pas une femme avec qui tu es marié, mais une jument sauvage...

Le serviteur retourna aux appartements d'Hélène et frappa une nouvelle fois avant d'entrer.

-Que voulez-vous encore? Madame a dit qu'elle resterait ici, lança Margot, qui souhaitait plus que tout être protectrice de son amie.
-Vous me voyez désolée d'insister Madame, mais Monsieur Le Duc vous veut au près de vous pour le déjeuné. Il a dit que c'était... un ordre.

Margot était en colère:

-Un ordre?! Nous ne sommes pas des esclaves!
-Madame je suis vraiment désolé, mais je ne peux me permettre de repartir dans la petite salle à manger sans vous.

Margot allait renchérir, mais Hélène intervint avant, se levant de son fauteuil sur lequel elle était proscrite les yeux dans le vague.

-C'est bon. Je vais descendre.
-Mais Madame...
-Ne t'en fais pas Margot. Accompagne-moi, je ne sais pas ce que je ferais sans toi sinon, dit-elle avec un sourire rassurant.

Hélène n'avait quasiment pas dormi de la nuit, pas plus que les deux nuits précédentes depuis son arrivée au palais. Le manque de sommeil commençait à se faire sentir. Ajouté à cela les corsets, le manque de nourriture et de muscles, et surtout, le viol conjugal douloureux dont elle avait été victime la veille, Hélène était l'ombre d'elle même, fébrile et fragile aussi bien physiquement que psychologiquement. Un courant d'air aurait pu la briser...
De plus, la douleur dans son entre-jambe à chaque pas était très gênante, en plus de lui rappeler les actes de la nuit, et une gêne piquante dont elle ignorait la cause commençait à lui dévorer la vessie.

La jeune femme enroula son bras autour de celui de sa dame de compagnie, et ensemble elles suivirent le valet jusqu'à la petite salle à manger ou le duc et son frère les attendaient.

Épées et BaisersWhere stories live. Discover now