XII - Chapitre LIII

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Philippe regardait sa femme effacée et tremblante au fond de la chambre. Il respirait lentement, profondément. Enfin, il s'approcha d'elle. Aussitôt, elle détourna le visage en fermant les yeux et mis ses bras devant elle pour se protéger par réflexe. Lorsqu'elle osait faire ça, sa mère la battait encore plus violemment, néanmoins, elle n'arrivait pas à s'en empêcher, son instinct était trop fort.
Philippe s'arrêta à un mètre d'elle, le front plissé et la bouche pincé, analysant la situation. Avait-elle donc si peur de lui? Il n'allait pourtant pas la frapper, cette idée ne lui était même pas venue à l'esprit. Il ne savait pas ce qu'il comptait faire, mais certainement pas ça, et la voir se protéger ainsi lui pinça le cœur. Oui, il avait frappé de toutes ses forces cet homme. Mais jamais, au grand jamais il ne lui ferait une telle chose à elle. Il était parti en trombes en la tirant par le bras pour la mener hors de ces regards, loin des murmures et de la honte qu'il avait causé par son geste. Il n'aurait pas dû réagir ainsi et il le savait, mais il n'avait pas pu contenir sa jalousie en voyant cet inconnu poser sa main sur la cuisse de sa femme et lui murmurer des mots à l'oreille. Il n'avait même pas réfléchi qu'il lui avait déjà sauté à la gorge. Il ne regrettait rien en réalité, si ce n'est vis à vis d'elle, et encore d'avantage maintenant qu'il voyait à quel point elle était effrayée.

-Hélène...

Elle tourna doucement son visage de nouveau vers lui en rouvrant les yeux, mais sans baisser ses bras en défense. Il vit son regard emplie de larmes et ses joues humides et rouges, des chemins tracés dans son maquillage. Ils se toisèrent un instant, et finalement, la jeune femme se laissa tomber à genoux et submergée par les sanglots.

-Je vous en supplie... je suis désolée... désolée de tout... je n'aurais pas dû jouer au cartes, ni partir comme je l'ai fait, je n'aurais pas dû boire ce vin, ni vous désobéir vis à vis de Madame De Colmette... pitié pardonnez-moi... je n'agirai plus ainsi... je vous en prie ne me faites pas de mal... Enfermez-moi, privez-moi de tout ce que vous voulez... mais je vous en supplie ne me battez pas, je suis tellement désolée... Oh pitié, pitié...

Ses mots se perdaient dans ses larmes et l'étouffement de ses sanglots. Elle le suppliait à genoux de ne pas la frapper, et Philippe était sidéré par ce spectacle. Il aurait encore préféré qu'elle le gifle pour avoir agit comme il l'avait fait. Il aurait préféré qu'elle lui parle de nouveau comme plus tôt dans la soirée, ou même qu'elle lui hurle dessus et l'insulte.
Mais la voir ainsi lui déchira l'âme.
Il tomba à genoux a son tour avec elle et la pris dans ses bras. Elle tremblait contre lui, effrayée et attendant de sentir le premier coup tomber. Mais il la rassura d'une voix qu'il essaya de faire douce et chaude et pas aussi froide qu'à l'habitude:

-Je ne vais pas te frapper Hélène. Jamais. Je ne poserai jamais la main sur toi ainsi. Même si tu me trahissais, même si tu me plantais un couteau dans le ventre, jamais je ne te battrai. Ne me supplie pas de t'épargner ainsi, car c'est à moi de te supplier de me pardonner.

La jeune femme resta figée et bouche bée. Ses sanglots se stoppèrent et ses larmes finirent de couler silencieusement sur ses joues. Elle se redressa lentement, toujours à genoux, pour voir le visage de son mari. Il était calme, ne semblait pas vouloir lui faire de mal. Il n'avait pas ce regard, celui si noir qu'elle avait vu tant de fois sur sa mère.
Elle renifla, essaya de calmer les battements de son coeur.

-...Je... n'ai pas... à vous pardonner de quoi que ce soit...
-Comptais-tu me tromper avec cet homme et trahir notre union?
-Non! Bien-sûr que non! Jamais je n'aurais...

Il la coupa:

-Alors je n'aurais jamais dû agir comme je l'ai fait. Je suis désolé pour le spectacle que j'ai causé. J'aurais du te faire confiance, et ne pas douter, ne pas me laisser envahir par la jalousie et la colère mais Hélène... te voir si complice avec cet homme, cela m'a...

Les derniers mots ne sortirent pas. Il remis une mèche des cheveux de la jeune femme derrière son oreille puis passa son pouce sur sa joue humide et sa bouche.

-Pardonne-moi. S'il te plaît.

Elle ne parvint pas à parler alors elle hocha la tête avec sincérité, tandis qu'elle n'arrivait toujours pas à croire ce qu'il venait de lui jurer. Ne serait-elle donc plus jamais battue? Par personne? Cela semblait irréaliste pour elle qui n'avait jamais rien connu d'autre...
Il déposa un baiser sur son front et se releva avant de se diriger vers la porte.

-Où... allez-vous?
-Maintenant que tu es en sécurité ici, je me dois de régler les tords que j'ai causé. Je dois assumer mes fautes. Reste ici. Ce n'est pas un ordre, ni un conseil, mais une demande. Ne sors pas. Attends mon retour...

Et il partit.








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Épées et BaisersWhere stories live. Discover now