VI - Chapitre XXII

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-Et vous vous êtes bien amusée à la soirée d'hier?

Il savait.
Hélène manqua un battement de cœur, mais tenta de ne rien laisser paraître.
Il savait ça. Mais que savait-il précisément?
Elle était prête à se mettre à genoux, à le supplier de lui pardonner, qu'elle ne voulait voir ce qu'elle avait vu, qu'elle ne voulait pas croiser qui elle avait croisé, qu'elle n'avait jamais donné son accord pour qu'on déchire sa robe et mette son dos à nu, que si elle avait pu choisir elle aurait préféré la mort à cette infidélité, qu'elle ferait tout ce qu'il voudrait pour qu'il lui pardonne mais que pitié, oh par pitié, il ne la tue pas.

Il était encore trop tôt pour supplier. Elle devait rester calme.
Rester calme.

-...Je ne me suis pas... amusée. Je suis descendue pour comprendre ce qui se passait. Je n'avais pas... été prévenue et j'ai cru que des... indésirables étaient entrés.
-Il s'agissait d'indésirables en effet.

Il paraissait en colère cette fois, mais restait calme. Toujours calme.
Il poursuivit:

-Et vous êtes donc descendue seule? Alors que vous craignez que des intrus soient entrés?

Elle n'y avait pas réfléchi. Il est vrai qu'avec le recule, c'était complètement irréfléchi et absurde.

-Ou...oui. Mais comment savez vous que...
-Ce palais est le miens, et les domestiques qui y vivent également. On me rapporte tout. Je suis au courant de chacun de vos faits et gestes. Alors n'essayez pas de me mentir, c'est inutile.

Ce n'était pas une menace, c'était juste un fait.
Hélène avala difficilement sa salive. Son cerveau tournait à mille à l'heure. Il n'y avait pas de domestiques lorsqu'elle avait croisé cet inconnu, lorsqu'il avait déchiré sa robe. Du moins... elle ne s'en souvenait pas.

-Je n'ai pas participé à cette fête. Lorsque j'ai compris de quoi il s'agissait je suis retournée dans ma chambre.

Elle ne mentait pas. Elle évitait juste les détails. Et elle affirmait cela d'un ton certain cette fois ci. Sa voix ne tremblait pas. Son timbre n'était pas faible.

Il la toisa. Il fixait son regard comme pour lire son âme. Mais Hélène ne baissa pas les yeux. Elle le fixait en retour, la tête haute. Elle n'y était pour rien, tout était la faute de son frère, elle n'allait pas s'écraser pour lui.
Mais qu'allait-il répondre? Qu'allait-il faire? La gifler? La battre?

-Descendons déjeuner.

Hélène croyait avoir mal entendu.
Il avait répondu calmement, simplement. La discussion était close. Et c'était tout.
Il rappela les servantes pour qu'Hélène finisse d'être habillée, et sorti des appartements.

-Que voulait-il?

Hélène jeta un regard aux servantes puis à Margot. Elle n'allait pas parler de ça devant elles. Il l'avait dit oui même: tous les serviteurs étaient ses yeux et ses oreilles. Elle discuterait de cela avec Margot plus tard. En cet instant, elle était attendue.

Une fois prête, elle descendit, seule. Margot déjeunerai là-haut.
Elle arriva à la petite salle à manger. Sa place habituelle l'attendait. Face à elle, le duc, à sa gauche, Arthur.
Mais la place face à lui, celle où Margot s'était déjà assise, était prise. Elle leva les yeux sur le visage de l'invité. Deux iris verts étaient tournés vers elle. Si ses souvenirs, étaient troubles à cause de son évanouissement, elle se souvenait parfaitement de ces deux yeux. L'inconnu de la veille était là, assis à la table du duc. Il n'était pas un indésirable.
Philippe prit alors la parole:

-Hélène, je vous présente Guillaume, mon ami le plus cher.

Épées et BaisersWhere stories live. Discover now