XV - Chapitre LXVII

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Le lendemain matin, Hélène descendit pour le petit déjeuner encore tout à fait déboussolée de ce qui était arrivé à son corps la veille. Elle avait honte, et elle ne savait pas pourquoi.
Lorsqu'elle arriva, il n'y avait que son mari. Guillaume n'était pas encore revenu de Versailles bien-sûr, et Arthur avait visiblement décidé de ne pas se montrer après la décision de Philippe de l'envoyer dans l'armée de Sa Majesté.
Aussitôt, la jeune femme regretta de ne pas être restée dans ses appartements, car se retrouver en tête à tête maintenant la mettait particulièrement mal à l'aise. Mais il était trop tard. Elle s'assit donc en bout de table, face à lui, évitant de le regarder dans les yeux.

-Bonjour Hélène.
-Bonjour...
-As-tu bien dormi?

Elle hocha la tête tandis qu'un serviteur remplissait son verre.

-C'est normal. C'est un des effets... dit alors Philippe l'air de rien.

Elle releva les yeux vers lui, devant rouge pivoine. Est-il vraiment en train de parler de ce qu'elle croyait?! Ainsi? A table? En pleine journée?
Il ne lui laissa pas le temps de s'offusquer plus longtemps qu'il demanda alors avec un léger sourire amusé:

-Tu aimerais recommencer?
-Non! Je... Non. C'était... ce n'était pas bien.
-Pas bien selon les préceptes que l'on t'a enseigné, ou parce que tu n'as pas aimé la sensation?

Hélène jeta des coups d'œil furtifs aux serviteurs. Que pensaient-ils de cette conversation? La comprenaient-ils?

-...Je... ne veux pas parler de ça ici.

Elle essayait de paraître ferme, pour que ce cirque prenne fin. Mais au lieu de décourager le duc, cela semblait au contraire l'encourager à la mettre le plus mal à l'aise possible:

-Très bien. Allons en parler dans ta chambre dans ce cas.

Il commença à se lever. Elle paniqua:

-Que faites-vous?

Il alla jusqu'à elle, toujours assise sur sa chaise, et se pencha au dessus d'elle.

-As-tu aimé, ou n'as tu pas aimé?
-...Arrêtez... ne me demandez pas ça... s'il vous plaît.
-Si tu ne réponds pas, je recommence ici pour vérifier par moi-même.

Bien-sûr il n'en avait pas l'intention, mais il savait que cela suffirait à motiver Hélène à répondre et dire la vérité, et en effet, cela fut le cas:

-Je... je ne sais pas, je vous le jure... C'était tellement... étrange, saisissant. Cela m'a fait peur. J'ai cru que mon coeur allait s'arrêter de battre... Mais, après... je me suis sentie bien. Bizarrement bien. Comme si ce n'était pas normal. Je me suis sentie comme Eve croquant dans le fruit.

Philippe caressa doucement la joue d'Hélène avec son index, et répondit simplement d'une voix douce, sans plus aucune once de menace:

-Je sais... Mais je voulais te l'entendre dire.

Il se redressa, retourna à sa place.

-La prochaine fois, tu ne seras pas aussi surprise, tu apprendras à apprécier et apprivoiser ces sensations.

Elle croyait avoir mal entendu:

-La prochaine fois?! Mais...

Il la coupa en se levant:

-Je vais devoir te laisser, j'ai beaucoup de travail qui m'attend. Sois sage Hélène. Nous nous verrons ce soir.

Il s'apprêta à partir, mais se retourna une dernière fois avant de disparaître:

-J'ai fait envoyer la lettre à ta sœur à l'aube. Nous recevrons une réponse dans moins de deux semaines si tout se passe bien. Je t'en informerai alors.

La jeune femme oublia alors leur discussion, et tout le reste, car seule sa sœur comptait. Elle voulut le remercier sincèrement pour ce qu'il faisait alors qu'il n'y était pas obligé, mais il était déjà parti...

Épées et BaisersDonde viven las historias. Descúbrelo ahora