XIII- Chapitre LVII

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Philippe et Hélène arrivèrent au château, et s'arrêtèrent vers un recoin discret pour descendre de cheval. Il descendit le premier et attrapa la jeune femme par la taille pour la remettre à terre. Elle n'osa même pas dire merci tant elle avait l'impression que le moindre mot lui vaudrait les foudres de son mari.

-Viens.

Elle le suivit tandis que le duc regardait autour de lui comme pour surveiller si personne ne risquait de les voir. Ils entrèrent par une petite porte de service, et avançaient furtivement dans les couloirs. Philippe semblait connaître par coeur ce chemin, qui n'était pourtant pas destiné aux nobles, ce qui interrogea Hélène. Finalement, ils arrivèrent aux couloirs des chambres qu'elle reconnue, et enfin ils arrivèrent à la leur. Ils entrèrent et Hélène sentit seulement à cet instant à quel point son coeur battait dans sa poitrine, sans même qu'elle ne sache pourquoi elle craignait autant d'être vue.
Philippe ferma la porte à clef et se tourna face à elle.

-Assieds-toi.

Elle s'exécuta et s'assît sur le rebord du lit, sans le lâcher du regard, comme pour se préparer à ce qu'il se jette sur elle pour la déchiqueter comme une bête sauvage, rongé par la colère.
Il se regarda un instant dans le miroir, et prit un morceau de tissu pour essuyer les éclaboussures de sang sur sa peau et éponger sa plaie ouverte sur la joue. Il regarda Hélène dans le reflet, et finit par articuler, tout en continuant d'éponger l'hémoglobine sur son visage:

-«La femelle que je suis vous envoie vous faire foutre, telle la catin que vous êtes »...

Hélène reconnut immédiatement ses propres paroles et devint rouge pivoine. Elle n'osait même pas imaginer qu'elle avait pu dire une chose pareille. Qu'est ce qui lui avait pris?
Philippe se retourna face à elle et s'approcha. Même assise elle eut un mouvement de recule, il la toisa.

-Je dois dire que celle-là, je ne m'y attendais pas...
-...Je... regrette... je... ne sais pas ce qui m'a pris... jamais je n'ai...

Il la coupa:

-Si timide, si apeurée... Pourquoi as-tu changé soudainement?
-Je vous l'ai dit je ne sais pas, je...

Il la coupa encore, en se penchant sur elle:

-Il y a forcément une raison. Pourquoi ce moment, pourquoi à lui, toi qui n'ose même pas respirer.
-Je... j'ose respirer.
-À peine, et tu le sais. Pourquoi? Réponds-moi.
-Je n'ai... je n'ai pas réfléchi. C'est simplement sorti. Je ne suis pas... une femelle. Et...

Elle s'arrêta. Il l'attrapa par les épaules comme pour la secouer. Elle tremblait.

-Continue.
-Et vous étiez là.
-Tu savais que je te protègerai...
-Non... je n'en étais pas sure mais...
-Mais quoi? Parle bon sang!

Philippe perdait patience, et Hélène était au bord des larmes tant son regard l'effrayait. Elle finit enfin par lâcher à toute vitesse:

-Mais je ne voulais pas être ainsi humiliée devant vous.

Il la lâcha et se redressa, surpris, les sourcils froncés. Il continue de l'observer quelques secondes puis retourna au miroir et fini d'essayer le sang sur sa peau avant de retirer sa chemise pour en changer. La jeune femme détourna aussitôt le regard, et, en fixant un recoin de la pièce elle osa demander:

-Partons-nous dès aujourd'hui?
-Partir?
-Oui... après tout ce qu'il s'est passé j'imagine que...
-Nous avons été conviés par sa majesté toute la semaine, nous resterons donc toute la semaine. De plus, partir sans raison serait avouer ma participation à ce duel. Si les soupçons pèseront évidemment sur moi, rien ne le prouve et ce genre de chose est alors toléré. Le roi n'ouvre jamais d'enquête... À moins qu'un témoin direct de la scène n'avoue.

Épées et BaisersWhere stories live. Discover now