V - Chapitre XVIII

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La fête battait son plein.
Au milieu du chaos, Hélène était perdue.
Jamais elle n'avait assisté à la moindre fête du genre - sa mère le lui interdisant - et elle était sidérée. Elle observait du mieux qu'elle pouvait l'assemblée, à la recherche de son beau-frère, pour lui demander des comptes, mais elle ne le voyait pas. Des musiciens jouaient mais ne se faisaient pas entendre dans le brouhaha omniprésent. Certains jouaient à des jeux de cartes et d'argent autour de tables tandis que d'autres buvaient en discutant et riant atrocement fort. De plus en plus de monde semblait arriver, et la pièce, pourtant immense, paraissait de plus en plus minuscule à la jeune femme qui avait la sensation d'étouffer dans son corset. On la bousculait, on la poussait, elle était tout à fait invisible dans sa petite robe pâle, à peine maquillée et coiffée sobrement, dans ce ras de marée de perruques, poudre et mouches. Les tenues extravagantes, les bijoux et les couleurs vivent donnaient le tournis et la sensation de se noyer. Où était donc Arthur?!

Abandonnant l'idée de le trouver de cette foule, elle ne souhaitait finalement plus qu'une chose: s'échapper et retrouver son souffle.
Elle avança au hasard, sans même voir devant elle, en jouant désespérément des coudes, à la recherche de la première porte qu'elle trouverait pour la mener ailleurs. Et finalement, comme un miracle tombe du ciel, une poignée lui dit face. Elle s'y accrocha comme à une bouée de sauvetage et ouvrit la porte avant d'entrer à toute vitesse... ou plutôt sortir de cet enfer. Elle s'adossa à la porte, essayant de respirer malgré son corset et son cœur battant, mais alors, ce qu'elle vit lui coupa tout ce qui lui restait de souffle et stoppa net son coeur dans sa poitrine.
Devant ses yeux exorbités: des corps nus. Des corps nus de femmes et d'hommes se mélangeant à même le sol, les sofas et les tables. Toujours des perruques, du maquillages, des bijoux... mais aucun vêtement. Et des gémissements, des petits cris, des rires. Depuis ce qu'elle pensait être l'enfer , Hélène avait directement plongé dans la salle de luxure de Satan. Elle était tellement choquée et sidérée de ce qui se déroulait devant ses yeux qu'elle était incapable de bouger, ni même de fermer les yeux ou de hurler.
Une femme à quatre pattes sur un sofa était entourée de quatre hommes, pénétrant tous les orifices qu'il était possible, tandis que sur une table trois femmes se léchaient pendant que plusieurs hommes les regardaient en se masturbant, et sur le sol, une femme urinait sur le torse d'un homme allongé sur le dos. Contre les murs, sur le tapis, et partout où il était possible, des couples se pénétraient, se léchaient, se faisaient gémir. Et au milieu de tout ça, elle le vit enfin, le responsable de tout ceci: Arthur, deux femmes à genoux devant lui en train d'utiliser leurs bouches pour sucer ce qu'Hélène n'osaient même pas prononcer comme mot...
Soudain, une voix sur sa gauche la fit sortir de sa transe hypnotique de sidération et de terreur:

-Bonsoir toi...

Elle tourna son visage et se retrouva face à un homme et une femme, tout aussi jus que tous les autres, souriant et visiblement joyeusement intrigués par elle. Lorsque la femme toucha son bras, le corps d'Hélène se réveilla et elle se dégagea brusquement en poussant un cri:

-Ne me touchez pas!

Tous les regards se tournèrent alors vers elle, -stoppant momentanément les ébats- dont celui d'Arthur qui devint aussi pâle qu'un linge. Ils restèrent un instant immobiles à se fixer, puis Hélène retrouva le contrôle de ses jambes, et, désespérée, elle se mit à courir dans le couloir le plus proche sur sa droite, épouvantée.
Arthur repoussa les deux femmes qui étaient en train de s'occuper de son sexe et remis brusquement son pantalon avant de se mettre à courir derrière la jeune femme dont il avait fait le serment à son frère qu'il la protègerait.

-Hélène attends!

Mais la jeune femme n'écoutait rien, voulait plus que tout s'éloigner le plus possible de cet abject personnage, immonde et pervers. Jamais, même dans ses pires cauchemars, elle n'aurait pu imaginer que ce genre de situation puisse exister. Faire des enfants était la seule raison qui puisse pousser deux êtres humains à s'accoupler, et elle ne pouvait concevoir, elle ne pouvait comprendre, ce qu'était en train de faire tous ces gens. La seule chose qu'elle savait c'est que cela lui faisait peur, et la dégoûtait.

Alors elle courrait. Sans s'arrêter et ne sachant pas où elle allait. Arthur à ses trousses.

Épées et BaisersWhere stories live. Discover now