X - Chapitre XLI

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Philippe sortit frustré des appartements de sa femme, mais sans regret. Après ce qu'elle avait vécu, il ne voulait ni la blesser, ni la brusquer et ne surtout pas briser ce qu'ils avaient commencé à construire lors de la discussion à cheval, avant que la situation ne dégénère.
Néanmoins, il était un peu déçu de constater qu'elle n'était pas autant pressée de le retrouver charnellement que lui l'était. Mais c'était une femme, alors pouvait-on vraiment lui en vouloir?
Malgré tout, il avait envie de chair, de chaleur. Il avait envie de sexe, et se satisfaire seul ne lui suffisait plus. Il avait envie d'Hélène. Elle se refusait à lui.

Il entra en trombe dans les appartements d'Arthur qui sursauta presque.

-Toujours si délicat dans tes entrées mon frère.

Philippe ignora son commentaire.

-Tu sais que je refuse que tu organises tes petites fêtes, mais également que tu ramènes tes visiteuses ici.
-Je m'en souviens plutôt bien oui, étant donné que je dois maintenant me déplacer moi-même...
-C'est soir, ramène les femmes que tu veux.

Arthur dressa un sourcil, posa son livre et se leva de son fauteuil.

-Hum. Quelque chose me dit que ce laisser-passer ne sera pas gratuit.
-Choisis-les prêtes à se faire saillir par autre chose que ta petite queue...

Le visage d'Arthur s'illumina d'un sourire:

-Et bien alors? La petite jument n'est plus assez fraîche pour te satisfaire? Ça n'aura pas duré longtemps.
-Ferme-la. Ou je retire mon offre.

Le frère cadet mima une clef fermant à double tour sa bouche avant d'être jetée par dessus son épaule, et quitta la pièce, prêt à envoyer une voiture et un serviteur pour chercher ses demoiselles préférées.

Philippe soupira une fois seul. Il n'était pas trop friand des prostituées, mais il fallait bien admettre que la plupart savaient s'y prendre, et que c'était toujours bon de se vider. De plus, elle permettait de n'avoir aucune accroche et n'exigeait pas des discussions après l'acte, contrairement à ses maîtresses de la cour. Depuis l'arrivée d'Hélène au palais suite à leur mariage arrangé, le duc n'avait vu intimement aucune autre femme, même pas lorsqu'il s'était rendu à Versailles pour ses affaires. Cette nuit, il cela changerait.

Il alla rendre visite à Guillaume dans sa chambre, qui était en train d'écrire avec une longue plume grise trempée dans l'encre. Il se leva à l'entrée de son ami.

-Je te dérange?
-Du tout, je griffonnais de la poésie. Rien de très glorieux.
-Oh. Pour une femme?
-Haha... non malheureusement. Tu connais ma passion pour la solitude.
-Justement. Tu aimerais t'amuser ce soir?
-Laisse-moi deviner: Arthur?

Philippe eut un regard entendu. Qui d'autre pouvait se charger de ce genre de tâche?

-Tu abandonnes ton épouse?

Le duc fronça les sourcils, il n'aimait pas cette remarque de la part de son ami:

-Bien-sûr que non. Mais elle n'est pas en état de s'acquitter de ses devoirs d'épouse. Et tu sais parfaitement que la loi autorise ce genre de petits écarts de la part du mari. Je la laisse se reposer, je me trouve même assez magnanime. Je me surprends.
-Comment va-t-elle?

Cette question termina de piquer l'ego de Philippe qui ne prit pas la peine de répondre:

-Tu ne te joindras donc pas à nous?
-Je suis fatigué, et je n'ai pas la tête aux femmes ce soir.
-Et bien... bons poèmes alors.
-Bonnes festivités.

Philippe quitta la pièce. Guillaume se rassit et reprit sa plume. Il ratura le dernier mot, le changea par un autre.

Épées et BaisersWhere stories live. Discover now