XX - Chapitre LXXXIV

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Les semaines passaient, et la petite Marie grandissait et grossissait de jour en jour. Sa bouille rose était toujours étirée par un large sourire sans dent qui faisait fondre n'importe qui la regardait. Madame Simone et Margot étaient chargées de s'occuper du nouveau né, mais Hélène insistait pour le faire principalement elle-même, ce qui était assez mal vu dans le château, mais Philippe avait donné des ordres pour qu'on laisse la duchesse s'occuper de sa fille comme elle l'entendait.
Hélène n'avait jamais été aussi heureuse et épanouie. Elle passait ses journées avec sa fille et ses soirées et ses nuits avec son mari lorsqu'il finissait envie ses nombreuses missions et travaux pour le roi.

Depuis deux jours, Guillaume était revenu, invité par Philippe et pour travailler ensemble sur des plans maritimes importants.
Cette fois, Hélène n'avait pas craint ni appréhendé son arrivée, car leur discussion à la réception l'avait apaisée. Elle en était certaine désormais, elle était amoureuse de lui, mais ce n'était pas pour les bonnes raisons, et surtout, les sentiments qu'elle avait pu ressentir pour lui n'étaient rien en comparaison de ceux qu'elle éprouvait désormais ardemment pour Philippe.
Elle savait que l'ambiguïté qu'il y'avait pu avoir entre eux était du passé, et Guillaume semblait lui aussi avoir tout à fait accepté la situation. Il était toujours très gentil et serviable, mais d'une manière tout à fait respectueuse et sans jamais dépasser les limites de ce qui pouvait être permis. Il s'arrangeait également pour ne jamais se retrouver seule avec elle, pour ne pas l'embarrasser ni lui imposer sa présence.
Hélène remarquait tout cela, et elle lui en était reconnaissante.
En voyant la petite Marie il avait sincèrement sourit jusqu'aux oreilles, et il était heureux du bon rétablissement d'Hélène depuis sa chute.

Ce n'était qu'au dîner qu'Hélène voyait Guillaume, car toute la journée enfermé avec Philippe dans le bureau de ce dernier.
Ainsi, ils se retrouvèrent tous les trois autour de la grande table de la petite salle à manger, au milieu des vins et des plats.
La discussion tournait surtout autour de Marie, lorsque soudain, Hélène se sentit mal. Immédiatement, Guillaume le remarqua:

-Hélène, vous allez bien? Vous êtes très pâle.

La jeune femme sourit maladroitement, mais elle sentait son coeur s'emballer, et des taches noires troublaient sa vue.

-Oui oui... j'ai... j'ai dû boire trop de vin...

Philippe fronça les sourcils, inquiet:

-Tu es certaine? Guillaume a raison, tu es vraiment pâle.
-Oui... je vais bien... je vous assure...

Elle utilisait sa main pour se ventiler le visage, voulant encore une fois arracher ce corset de son corps.
Guillaume demanda alors:

-Vous n'avez pas des sels ou des herbes qui pourraient vous faire aller mieux?
-Oh... si... il y en a un sachet dans ma table de chevet dans ma chambre... mais ce n'est pas nécessaire c'est...

Philippe la coupa:

-Je vais le chercher. Reste assise, je reviens.

Il déposa un baiser sur le front de sa femme et s'éclipsa aussitôt.
Hélène continua de faire jouer sa main comme un éventail, se retrouvant seule avec Guillaume.
Il la regardait tristement, et finit par lui dire doucement:

-Je suis désolé Hélène...
-Oh, c'est moi qui suis désolée, je ne sais vraiment pas ce qui m'arrive c'est idiot.
-Rien de grave je t'assure. Je suis désolé, mais j'avais besoin de cette excuse pour qu'il y aille.

Hélène plissa le front, sans comprendre. Guillaume paraissait à la fois déterminé et débordé par une tristesse et une désolation absolue.

-De quoi... parlez-vous?
-Je n'ai rien mis de grave dans ton verre, je t'assure. Je ne veux pas t'empoisonner. Je ne t'ai jamais voulu de mal Hélène, crois-moi. Je ne voulais pas que tu meurs dans ces escaliers... Mais il t'aime. Et il ne mérite pas d'être heureux. Encore moins d'avoir celle qu'il aime à ses côtés. Je suis désolé. Vraiment. Si ça n'avait pas été toi, ça aurait été plus simple. Si tu avais été vicieuse, méchante, odieuse, tout aurait été tellement plus simple. Je te demande pardon. Pardon que ça tombe sur toi...

Philippe arriva à la chambre de sa femme. Il ouvrit les portes vivement et couru jusqu'à la table de chevet. Il ouvrit le tiroir si fort qu'il l'arrache presque du meuble. Il vit alors le petit sachet gris et le pris entre ses doigts. Mais alors, il ne fit pas immédiatement volte-face, car quelque chose capta son regard. Un lettre. Une lettre brodée. Un G.
Un G, ornant un mouchoir blanc, soigneusement plié.

Épées et BaisersWhere stories live. Discover now