IX - Chapitre XXXVI

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C'est un rayon pâle de la lumière de l'aube qui vint taper la paupière de Guillaume à travers les branchages de sa cabane de fortune et l'émergea de son sourire du quel il n'avait pas réalisé avait été plongé. Il prit quelques instants avant de réaliser où il se trouvait et la cause de la situation.
Il baissa les yeux. Hélène était recroquevillée entre ses bras, endormie.
Il sentait que ses jambes et ses bras étaient engourdis, presque douloureux.
La pluie avait cessé. Le soleil brillait timidement. Mais Guillaume avait froid, atrocement. Il était trempé, et les endroits de sa peau en contacte avec Hélène ne sentait aucune chaleur particulière.
Il redressa doucement sa tête vers l'arrière pour voir son visage, l1 tenant toujours entre ses bras.

-Hélène...

Comme elle ne se réveilla pas, il articula de nouveau son prénom. Plus fort.

-Hélène. Le jour est levé.

Mais rien.
Il la secoua légèrement, pressa ses bras. Rien
Il prit son visage dans l'une de ses mains et toucha la chaleur de ses joues. Elle était gelée.

-Hélène!

Il lui avait presque hurlé au visage. Mais la jeune femme ne se réveilla pas.

Ses camardes. Dans la neige. Morts.

Une terreur insupportable lui enserra la gorge.
Il s'extirpa hors de la cabane, la jeune duchesse en chemise blanche entre ses bras. Il se releva, la portant, et regarda autour de lui.
Il avait toujours eu un bon sens de l'orientation, et son instinct lui disait de remontrer par la droite. Il n'avait rien d'autre à part cet instinct, alors il l'écouta. Il se mit en route, enjambant les feuillages, les racines et les branches. Marchant et courant du mieux qu'il pouvait, laissant derrière lui sa chemise, sa veste, et la robe d'Hélène. Elle était légère, mais le chemin était long. Les minutes passaient, et s'allongeait en heures. Chaque pas devenait plus lent et dur que le précédent, engourdi et gelé, il avait paradoxalement atrocement chaud maintenant.
De temps en temps il s'arrêtait quelques secondes pour reprendre son souffle, et faisait une nouveau tentative pour réveiller Hélène mais toujours sans succès.

Soudain, en remontant un petite montée de pierres, il découvrit avec soulagement un chemin. Le sentier était étroit, mais s'en était un. Et il était certain qu'en le suivant sur la droite il s'approcherait du palais, ou au moins de n'importe quel signe de vie. Il se mit donc à marcher à vive allure dessus, galvanisé par cet espoir. Mais rapidement, ses jambes commencèrent de nouveau à fatiguer. Sans s'arrêter il pencha son visage vers celui d'Hélène, si pâle, tacheté de sang et de boue:

-Hélène, s'il te plaît, reste avec moi.

Au même instant des bruits de sabots tintèrent à l'oreille de Guillaume. Il se tourna vers le bruit, et au loin, il vit plusieurs silhouettes floues de cavaliers. Il s'effondra à genoux, épuisé, sans lâcher Hélène. Les chevaux approchèrent à toute allure. Le visage de Philippe devint net dans la vision floue de fatigue de Guillaume. Assez proche, il sauta de son cheval et se précipita vers eux, suivi de près par plusieurs hommes.

-Hélène!

Il fit relai de son ami, la prenant dans ses bras.

-Hélène!

Elle ne se réveillait pas, même si il avait hurlé, avec colère. La peur ne faisait pas partie du panel d'émotions dont il était capable, alors ne restait que la colère.

-Il faut... la réchauffer... la ramener... au palais... vite...

Guillaume parlait difficilement, le souffle court et saccadé, toujours à genoux sur le sol.

-Vous! Aidez mon ami! Dépêchez-vous!

Les hommes concernés se précipitèrent sur Guillaume, et sans attendre Philippe était déjà remonté sur son cheval, Hélène dans ses bras, et partit au galop vers le palais, pour sauver sa femme qu'il avait passé la nuit à chercher sans relâche.

Épées et BaisersWaar verhalen tot leven komen. Ontdek het nu