II - Chapitre VIII

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-Pourquoi as-tu pleuré?

Cette question prit la jeune femme de court et elle releva les yeux vers lui, les sourcils froncés d'incompréhension.

-Co...mment...?
-Madame Simone est venue me le dire. Il paraît qu'elle t'a croisée en sanglots. Elle a comparé ça à... laisse-moi réfléchir... ah oui, à un goret qu'on arrachait de la mamelle de sa mère.

Hélène devint livide. Tous les habitants de ce palais tenaient-ils donc à l'humilier chaque minute davantage?!
Le duc poussa un petit rire:

-Je te l'accorde, ce n'est pas très gentil. Mais elle a toujours été comme ça, même avec moi. Il n'y a que mon père que je ne l'ai jamais vu reprendre ou sermonner.

Cela n'avait pas l'air de faire rire ou rassurer Hélène. Il poursuivit:

-Même si elle n'était pas venu, et même dans l'obscurité, il suffit de te regarder pour comprendre que tu as pleuré.

Hélène détourna le regard. Ses yeux devaient être gonflés et sa mine basse, il était inutile de nier.

-Tu n'as pas répondu à ma première question. Il paraît qu'un mari et sa femme ne doivent rien se cacher. Ne souhaites-tu pas commencer ce mariage sur de bonnes bases?
-Se rencontrer avant la mariage, ou au moins avoir été présents ensemble pour la cérémonie auraient sans doute été appréciables pour débuter sur « de bonnes bases ».

Cette phrase lui avait échappé. Mais elle devait bien sortir. Car elle avait l'impression que tout ceci n'était pas réel, et elle voulait par dessus retourner chez elle. Son vrai chez elle.
Elle se mordit néanmoins la lèvre pour se punir d'avoir oser dire une telle chose. Si sa mère avait été présente elle l'aurait battue à coup de canne pour avoir osé prononcer de telles horreurs.
Le duc observa la jeune femme en silence quelques instants, puis finit par répondre d'un ton bien plus calme qu'elle n'aurait cru:

-Tu as sans doute raison. Mais moi même je n'ai pas été là lors de la procuration. C'est Arthur qui a signé à ma place. Je suis très occupé au quotidien. Alors si la peur de devoir me supporter chaque instant de ton existence t'effraie ne t'en fais pas, tu ne me verras pas beaucoup.
-Non je... ce n'est pas ce que je voulais dire... je...

Elle essayait de se rattraper comme elle pouvait, mais il était évident qu'il avait visé juste.
Il la coupa:

-Pourquoi as-tu pleuré?

Elle voulait disparaître. Elle ne savait pas quoi répondre sans risquer de la vexer et de déclencher sa colère. Elle ne voulait pas être battue. Alors elle s'emmura dans le silence.

-Je vois. Sais-tu au moins pourquoi je t'ai épousée? Quelle est ton utilité première?

Hélène n'osait plus le regarder, elle gardait le visage baissé et les mains jointes.

-Pour... vous donner une descendance.
-Exactement. Sais-tu comment cela se fait? demanda-t-il sans patience.

Elle voulait mourir de honte, se cacher, se volatiliser, partir en courant...
Au lieu de ça, elle se contenta d'hocher fébrilement la tête.

-Bien. Retourne toi.

Elle obéit, et il se mit à défaire le corset qui enserrait son buste, la laissant enfin respirer, mais retirant une des barrières qui lui restaient.

-Garder un corset pendant est la pire idée qui soit, je n'aimerais pas que tu perdes connaissance. Va t'allonger sur le lit.

Elle avança d'un pas incertain jusqu'au lit et s'y allongea, mains sur le ventre - trop heureuse d'avoir pu garder sa longue chemise-, yeux aux plafonds et jambes serrées l'une contre l'autre, toujours vêtues de leurs bas blancs. Elle se refusait de regarder le duc, mais entendit le froissement de ses vêtements et comprit qu'il était en train de les retirer. La curiosité et la terreur prirent le dessus et lorsqu'elle l'entendit approcher elle ne put s'empêcher de le regarder. Il était torse et pieds nus, mais avait toujours son pantalon. Lorsque leurs regards se croisèrent elle retourna aussi au plafond, tous les muscles de son corps crispés.
Il monta sur le lit, et se pencha au dessus d'elle. Cette fois- ci elle était forcée de le regarder. Sans lâcher son regard il posa sa main sur les cuisses de la jeune fille qui frémit et l'invita à les écarter. Elle ferma les yeux, les doigts tenant sa chemise blanche comme une bouée de sauvetage, et les écarta. Il se glissa alors entre elles et ce contact la faisait trembler de terreur. Elle essayait de calmer ses tremblements en contractant ses muscles mais cela ne faisait rien. Elle rouvrit les yeux, et le vit entrain de faire quelque chose entre ses propres jambes, son pantalon légèrement descendu, des sortes de mouvements avec sa main qu'elle ne comprenait pas.
Puis il releva juste assez la chemise de la jeune fille pour avoir accès au bas de son corps, et cette fois-ci elle ne put se contenir d'avantage et les larmes glissèrent sur ses joues tandis que ses jambes tremblaient d'épouvante, incapable de contrôler quoi que ce soit. Elle ferma ses paupières de toutes ses forces, les mains accrochées aux couvertures, attendant que la chose se passe.

Épées et BaisersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant