VI - Chapitre XXIII

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Guillaume.
Arthur avait prononcé son nom hier soir, cela lui revenait maintenant.

Les deux yeux verts continuaient de la fixer, et soudain l'homme se leva et se pencha en avant pour la saluer respectueusement en lui faisant un baise main.

-Madame La Duchesse.

C'était la première fois qu'on l'appelait ainsi, et elle réalisa soudain qu'en effet, elle était une duchesse. Elle n'y avait jamais pensé...
Ses bonnes manières lui revinrent en mémoire et elle fit la révérence à son tour, puis ils s'assirent tous les deux.

Hélène pensait défaillir encore. Cela allait-être sa condamnation à chaque fois qu'elle croiserait cet homme? S'évanouir?
Pouvait il y avait situation plus catastrophique?
Son mari, son beau-frère lubrique et l'homme qui avait déchiré sa robe assis tous les trois à la même table. Et elle avec eux.
Cela ne pouvait pas bien se terminer et elle le savait. Mais maintenant elle se demandait comment. Comment tout ceci allait imploser?!

On servit les boissons et les mets, mais comme d'habitude en présence d'hommes, Hélène n'arrivait pas à avaler quoi que ce soit, et encore moins dans la situation actuelle.

-Quand es-tu arrivé?

Philippe s'adressait à Guillaume.

-Hier soir, pendant les « festivités ».

Son ton était ironique, et Arthur ne cachait pas son air maussade. Sans compter qu'il devait avoir très peu dormi.

-Oui, de ce que j'ai compris, on s'est bien amusés hier sans moi.
-Pitié Philippe, pas de ton paternaliste. Tout a été parfaitement remis en place avant ton arrivée.

Cette fois, le duc laissa la colère s'extérioriser. Même s'il était encore en parfait contrôle de lui même.

-Par les serviteurs, pas par toi! Mes serviteurs. Pendant leurs heures de sommeil. La prochaine fois que tu veux organiser quelque chose de la sorte dans mon dos, ne compte pas sur eux, j'ai donné des ordres à mon arrivée. Ils ne seront plus tes complices pour tes beuveries dans MA demeure!

Il avait presque hurlé sur le « MA », et avait frappé du poing sur la table comme un point final qui retira toute envie à quiconque d'ajouter quelque chose après ça. Hélène sursauta. C'était la première fois qu'elle ne voyait ainsi. Mais elle était bien heureuse qu'Arthur se fasse ainsi traité, comme un enfant. Elle priait simplement pour que cette colère ne dérive pas contre elle.

Guillaume était le plus serein de toute la tablée. Il était silencieux, mais attentif, et mangeait.
Philippe retrouva son calme.

-Je suis désolé Guillaume que tu aies été accueilli ainsi, ce n'est pas digne de notre nom de traiter ses hôtes de la sorte.
-Tu n'as pas à t'excuser, cela m'a amusé de me promener ainsi sans qu'on s'occupe de moi. J'ai même fait des rencontres pour le moins amusantes.

Hélène voulait disparaître. Elle enfonçait sa tête dans ses épaules et avait les yeux rivés à son assiette.

-Oui d'ailleurs, qu'avez-vous fait tous les deux quand je vous ai laissés hier soir en tête à tête?

La jeune femme poussa un hoquet et lâcha sa fourchette qui résonna bruyamment contre son assiette. Elle ne pouvait pas avoir entendu. Il n'avait pas pu dire ça. Elle n'entendait plus que sa propre respiration et son coeur battre dans ses oreilles.
Elle releva avec une lenteur infinie ses yeux vers ceux d'Arthur qui la fixait en dissimulant un petit rictus derrière son verre de vin - elle ne l'avait jamais vu boire autre chose.
Et c'est la, précisément à cette instant que tout implosa. A cause d'Arthur.

Épées et BaisersWhere stories live. Discover now