VII - Chapitre XXVII

8.6K 707 52
                                    


Le duc observait Hélène qui venait de le remercier, et finement il posa le bougeoir sur la table de chevet et fit un signe avec son index pour qu'elle se retourne.
L'angoisse d'Hélène remonta d'un trait, mais elle obéit, et toujours assise dans le lit, se retourna dos à lui.
Il attrapa les cordelettes de son corset les défit avant de le lui retirer complètement. Elle prit alors une longue respiration libératrice, et voulu se retourner de nouveau face à lui mais il posa une main sur son bras pour l'en empêcher. Elle ne résista pas, mais son coeur s'emballa et tous ses muscles se crispèrent. Elle le sentit s'approcher dans son dos et le matelas s'affaissa lorsqu'il s'assis sue le lit, derrière elle.
Doucement, il fit glisser la main qui était sur son bras jusque dans sa nuque et dégagea ses cheveux pour voir la peau du cou à la peau blanche et fragile. Il s'approcha encore et elle frémit en sentant son souffle chaud dans sa nuque. Puis, il y déposa un baiser. Les doigts d'Hélène se resserrent sur la couverture. C'était le premier baiser que son mari lui offrait, et cela ne faisait que l'apeurer malgré elle. Elle aurait aimé se convaincre qu'il n'était pas un monstre, que sa cicatrice ne le rendait pas si laid et effrayant, qu'elle avait de la chance d'être mariée à lui et pas à son frère, qu'il était un homme que sa famille souhaitait pour elle... mais elle n'y arrivait pas. Seule la peur restait.
Il murmura alors dans son oreille:

-N'aies pas peur.

Le tutoiement, de nouveau.
Il lui avait déjà dit ça. Et cela n'avait pas marché. Cette fois-ci, cela ne fit même que faire l'effet tout à fait inverse, car elle associait ces mots à la douleur qu'elle avait ressentit lorsqu'il l'avait prise. Elle ne voulait pas avoir de nouveau mal.

Mais finalement, il prit délicatement son bras pour qu'elle se tourne face à lui et il plongea ses yeux dans les siens avant d'articuler:

-Tu n'aurais pas dû gifler mon frère... Mais je suis heureux que tu l'aies fait.

Elle ne put s'empêcher d'hausser les sourcils d'étonnement. C'est bien la dernière chose qu'elle s'attendait à entendre.

-Mais maintenant je veux que tu me dises pourquoi.

Elle eu un sursaut. Elle pensait que cette conversation avait été clos. Comment allait-elle pouvoir s'en sortir cette fois?

-Si tu pensais que j'allais me contenter de ce que j'ai entendu au déjeuner, je suis désolé de te décevoir mais je suis un être têtu.

Il ne semblait pas en colère, mais en revanche très déterminé et strict. Hélène comprenait qu'elle ne pourrait pas se sortir de là, à moins de lui mentir ouvertement, et ça elle en était incapable. Sa mère avait fait en sorte de bien lui faire retenir à coup de fouet que le mensonge n'avait jamais été une option. Et cet homme lui faisait bien plus peur que sa mère...

Elle baissa les yeux, tremblante, ne sachant pas comment formuler ce qu'elle avait vu. Il prit alors son menton entre des doigts pour lui relever le visage et qu'elle le regarde. Son expression semblait vouloir être rassurante, mais également sans pitié:

-Dis-moi la vérité Hélène. Je veux l'entendre de ta bouche. Immédiatement.

Elle avait peur. Peur qu'il la frappe, la batte, la répudie, la tue. A quel point était-ce sa faute à elle si elle avait embrassé son frère et vu nu avec tant d'autres partenaires aussi peu habillés? Était-ce de la tromperie? L'avait-elle trompé? Elle n'en avait aucune idée elle même.
La vérité restait bloquée dans sa gorge, et des larmes commençait à remplir ses yeux, ce qui agaça Philippe qui ne out s'empêcher de remettre son masque de dureté sans faille.

-Je ne veux pas que tu pleures. Je veux que tu répondes!

Il avait radicalement haussé le ton.
Il perdait patience cette fois. Sa manière dont elle avait de réagir la rendait coupable et c'était insupportable. Qu'avait elle à cacher?!
La manière dont il lui avait parlé fit glisser les larmes hors des yeux de la jeune femme et elle lâcha enfin entre deux sanglots terrorisés:

-Je n'ai rien fait, je vous le jure! Jamais je ne vous mentirai! Jamais je ne trahirai Dieu et notre mariage!

Son regard était si pure, si innocent. Elle paraissait si sincère, apeurée comme toute femme devrait l'être devant son mari: avec respect et loyauté. La colère de Philippe retomba. Cela était loin de lui suffire, et il n'avait pas l'intention d'en rester là, mais il la croyait malgré tout. Et en cet instant précis, la douceur vierge de sa femme qu'il n'avait pas vue depuis trois jours fit pulser en lui un désir animal, mais également protecteur.
Il leva la main et elle eut un réflexe de recule comme s'il allait la frapper, mais doucement il essuya de son pouce les larmes de la jeune femme qui se calma un peu. Il répéta alors son ordre, mais cette fois qui sonnait plus comme une prière, une demande:

-Je ne veux pas que tu pleures Hélène... Tu es tellement belle.

Épées et BaisersWhere stories live. Discover now