XIX - Chapitre LXXXI

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Ouvrir ses yeux demanda à Hélène un effort incommensurable. Elle reconnut alors le plafond de sa chambre.
Que s'était-il passé? Pourquoi tout son corps était -il si douloureux?
Elle bougea doucement la tête, et découvrit assis sur un fauteuil à côté du lit, Philippe, la tête dans les mains, fixant le sol, ou peut-être endormi.

-Ph...Philippe...

Aussitôt, le duc leva la tête. Il se jeta sur la main qu'elle lui tendait.

-Mon amour! Tu es réveillée! J'ai eu si peur, j'ai cru... Oh Dieu soit loué!

Il recouvrit sa main et son visage de baisers, et avec le peu de force qu'elle avait, elle le serra contre elle.
Finalement, il se détacha pour la laisser respirer, mais sans pour autant lâcher sa main.
Alors Hélène baissa les yeux vers son ventre. Toujours gonflé et rond, elle sentait que quelque chose clochait. Elle y posa sa main, sa peau s'enfonça légèrement en elle, comme un ballon dégonflé. Il n'y avait plus là-dedans rien d'autre que les restes d'un ventre de grossesse non-aboutie.
Les larmes montèrent aux yeux de la jeune femme de manière incontrôlable, et elle se dégagea de la main de son mari pour venir poser les deux siennes sur son ventre, espérant encore sentir les petits coups de poings et de pieds. Mais rien.

-Oh... mon dieu... je... non... pas ça...

Alors, Philippe appela:

-Madame Simone!

La porte de la chambre s'ouvrît et la femme entra, tenant quelque chose dans ses bras. Philippe se leva et le lui prit délicatement avant de s'assoir au bord du lit. Hélène découvrit alors un minuscule être rose profondément endormi, enveloppé dans des linges blancs.

-Je te présente notre fille, mon amour. Notre merveilleuse fille.

Hélène se redressa le peu que son corps le lui permettait et regarda le bébé en tremblant, submergée par une émotion incontrôlable, avant de fondre en larmes de plus belle.

-Oh Sainte Marie mère de Dieu...

Elle leva alors les yeux vers son époux, et posa sa main sur son visage, reconnaissante pour tout. Elle était tant désolée d'avoir pu le haïr autant au début, d'avoir eu si peur de lui. C'était un homme bien, et elle le voyait complètement désormais. Il s'était racheté de ses fautes et elle lui pardonnait toutes les erreurs qu'il avait pu commettre. Largement.
Ils se serrèrent dans les bras l'un de l'autre, la petite entre eux, et restèrent ainsi un long moment, paisible. Finalement, Hélène demanda en reniflant:

-Comment s'appelle-t-elle?
-Je t'attendais. Je ne voulais pas choisir sans toi...

Elle eut un nouveau sanglot en souriant.

-Cette petite est un miracle... Appelons la Marie.
-Marie. Cela lui va si bien. Elle est si douce et jolie.
-Marie...
-Marie...
-N'êtes vous pas... déçu que ce ne soit un garçon?
-Je me fiche bien que ce soit un garçon. Nous avons le temps pour avoir d'autres enfants Hélène. Aujourd'hui je suis l'homme le plus heureux du monde, de vous avoir toutes les deux, pleines de vie.

Il embrassa le bébé sur le front puis demanda à Madame Simone de le reprendre pour laisser la duchesse se reposer.

-Philippe... j'ai vu l'homme qui m'a fait ça, il était...

Il la coupa:

-Des serviteurs ont assisté à la scène. Nous l'avons arrêté avant qu'il ne s'enfuie. Je me suis chargé personnellement de... l'interroger.
-Et?
-Il a fini par mourir, sans avoir rien avoué.
-Je sais qui est responsable Philippe...

Une ombre passa sur le visage du duc. Il pressa un peu plus fort la main de sa femme.

-Qui donc Hélène. Dis-le moi tout de suite!

Épées et BaisersWhere stories live. Discover now