V - Chapitre XVII

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Cela faisait deux jours que le duc était parti.
Hélène et Margot passaient tout leur temps ensemble, et virent à peine Arthur qui de toute façon, comme il en avait fait le serment à son frère, se montra très respectueux et bienveillant avec les deux jeunes femmes, ce qui rassura vraiment Hélène.
Elles se promenaient dans les jardins et jouaient aux cartes, mangeaient dans les appartements d'Hélène et lisaient. En réalité, cela ne changeait pas grand chose de leur vie d'avant, à la différence que la mère de la jeune femme n'était plus constamment sur son dos, ce qui était très libérateur. En revanche, la gouvernante elle, Madame Simone, surveillait les deux demoiselles de près, et était particulièrement mauvaise dès qu'elle s'adressait à Hélène qui ressentait à quel point sa présence n'était pas désirée en ces lieux et qu'elle lui faisait confiance moins que quiconque...
Elle essayait de se consoler de ce mariage en se disant que si son époux s'avérait régulièrement absent, tant que Margot resterait avec elle alors cela serait supportable, et même malgré Madame Simone.
Si la douleur dans son entre-jambe s'était atténuée, en revanche ce n'était pas le cas des brûlures qu'elle ressentait à chaque fois qu'elle urinait, sans comprendre pourquoi. Elle n'en avait pas parlé à son amie, se sentant comme honteuse, comme si elle avait fait quelque chose de mal. Elle se disait que cela passerait, mais ce n'était toujours pas le cas.

Dans un jour, le duc rentrerait. Hélène n'était pas pressée de son retour, et espérait qu'il serait trop épuisé pour venir partager de nouveau sa couche... mais elle n'était pas non plus naïve et se doutait qu'il voudrait la « retrouver » de toutes les manières possibles.

Alors que les deux jeune femmes dînaient dans les appartements d'Hélène, aux alentours de dix-neuf heures, des bruits de fond commencèrent à se faire entendre. Comme si des meubles étaient déplacés. Elles ne s'en soucièrent pas, jusqu'à ce qu'à leur tour des voix s'élèvent. Elles échangèrent un regard: que se passait-il en bas?
Comme le bruit s'amplifia et qu'après tout, même si c'était avant tout la demeure de son mari, c'était désormais la sienne, elle se leva et ouvrit les portes. Aussitôt le bruit était bien plus fort: un brouhaha constant.
Elle aurait aimé demander ce qui se passait à un serviteur, mais les couloirs étaient vides. Elle se tourna alors vers Margot:

-Reste ici, je vais voir.
-Mais Madame...
-Tout va bien ne t'inquiète pas.

Elle ne laissa pas son amie argumenter davantage et sortie. Elle se laissait guider par les bruits, qui semblaient venir du rez-de chaussée vers les salles de réception. Elle descendit le grand escalier, et alors elle vit des inconnus aller et venir dans différentes salles, hurlant, riant et chantant, sans se soucier une seule seconde d'elle. Elle semblait invisible. Elle avança au hasard parmi les gens, essayant de trouver une raison à tout ceci. Ces hommes et femmes qui avaient l'air de tant s'amuser, merveilleusement vêtus et des verres de vins aux mains, intimidaient Hélène, mais elle n'avait pas l'intention de se dégonfler pour autant. Elle avait bien l'intention de comprendre ce qui se passait ici.
Elle entra dans la grande salle de réception, où la foule s'était vraiment installée. On la bouscula, l'ignora et elle dû jouer des coudes pour ne pas tomber à la renverse. Elle vit alors un serviteur avec un plateau rempli de verres de vins à la main, elle approcha.

-Un verre Madame?
-Que se passe-t-il ici?!

C'est seulement à cet instant qu'il reconnu le visage de la jeune femme, et ses yeux s'ouvrirent en grand.

-Oh... Madame Hélène...
-Qu'est ce que c'est que tout ceci?!
-Et bien... euh... c'est... c'est Monsieur Arthur...

Il ne lui en fallut pas plus pour comprendre.
Arthur avait organisé une fête avant le retour de son frère, sans même la mettre au courant. Cela ne l'étonna en rien du personnage, mais sa colère augmenta encore. Comment osait-il?! Voulait-il à ce point lui faire comprendre qu'elle n'était pas la bienvenue dans ce palais, ou bien était-elle tellement insignifiante à ses yeux qu'il avait oublié totalement son existence?!

Épées et BaisersWhere stories live. Discover now