Les Maîtres Du Temps

XV. La préparation pour une fuite grandiose

Mes lèvres sont toujours plaquées sur celles d'Adrian et mes mains entourent son visage. Petit à petit je sens mon pouvoir pulser dans mes veines. Ses lèvres deviennent chaudes, sa peau devient plus douce, et je sens sa respiration sur mon visage. J'ai réussi à lui transmettre mon pouvoir.

J'éloigne avec douceur mon visage de celui d'Adrian, mettant ainsi fin à notre baiser. Adrian, maintenant animé, entoure ma taille de ces bras puissants et reposent ces lèvres contre les miennes.
Etonnée de sa réaction, je perds progressivement le contrôle de mon corps. Une de mes mains s'accroche dans sa nuque, pendant que l'autre passe dans ses cheveux. Il me plaque contre son torse et notre baiser devient plus passionné, mon corps s'enflamme, je frissonne de bonheur. Nos lèvres se cherchent, se rencontrent. Ses mains glissent dans mon dos provoquant de nombreux frissons brûlants. Il glisse doucement sa langue pour rencontrer la mienne. Nos souffles se mêlent et nos yeux se croisent. J'écarte mon visage du sien, à bout de souffle. Je le regarde pendant de nombreuses minutes, refusant de croire ce qui vient de se passer.

Nyla - Pourquoi ?

Adrian - Je te retourne la question.

Je m'éloigne de son torse et met un peu de distance entre nos deux corps.

Nyla - J'ai arrêté le temps. Et le seul moyen de partager mon pouvoir est d'embrasser la personne.

Je me sers de mon pouvoir comme excuse, même si le désir avait pris le contrôle plus que la raison sur le moment. Adrian regarde autour le lui, faisant des gestes devant les visages inanimés, attendant une réaction.

Adrian - C'est incroyable... C'est donc ça ton pouvoir ?

J'acquiesce du menton, regardant Adrian découvrir le monde arrêté avec un sourire d'enfant.

Nyla - Et toi, pourquoi ?

Adrian baisse la tête, les joues légèrement rouges. Il est tellement mignon, il ressemble à un enfant.

Adrian - Je ne sais pas...

Je pose ma main sur le cœur d'Adrian et lui adresse un sourire.

Nyla - Utiliser mon pouvoir pour deux personnes me coûte énormément. Je vais devoir relancer le temps. Nous devons retrouver nos places. Désolé de t'avoir dit toutes ces choses, je regrette vraiment. Je ne supporterais pas d'avoir Robin comme gardien, je veux être libre, tu comprends ? Notre amitié s'arrête là Adrian, tu as enfin trouvé un maître, l'élue. Moi je vais me battre contre la vie, pour ma liberté comme je l'ai toujours fait. Merci pour ce moment de bonheur.

Adrian attrape mon menton et plonge son regard dans le mien.

Adrian - Je t'ai déjà pardonnée depuis longtemps. Je ne veux pas n'importe quel maître.

Il pose légèrement ses lèvres sur les miennes. Une vague de bonheur traverse mon corps. Il s'écarte de moi et reprend sa position, je fais de même, les joues légèrement colorées.

Je prends la montre dans une main.

Nous nous lançons un regard entendu.

Nyla - Prêt ?

Adrian - Je n'oublierai pas.

J'enfonce le bouton et lâche la montre qui retombe autour de mon cou. Je laisse une vague chaude m'envahir entièrement, pendant que le monde se remet à respirer, les couleurs reviennent, les personnes figées reprennent vie, sous les yeux brillants d'Adrian. Je prends une grande inspiration et adopte une expression neutre tout comme le jeune gardien.

Gilles - Très bien. Maintenant allez vous preparer avec vos gardiens pour ce soir. Je vous laisse.

Mon oncle se lève et quitte le salon, sans attendre, je me lève à mon tour en regardant Robin.

Nyla - Robin, je vais chez les couturières pour le bal. J'ai déjà un cavalier. On se retrouve dans la salle.

Tout le monde me regarde avec de grands yeux, quand j'annonce que j'ai un cavalier.

Robin - qui est ton cavalier ?

Nyla - Jak.

Avant que d'autres questions ne fusent, je quitte la salle pour rejoindre Pauline qui m'attend chez les couturières.

Je passe la porte de l'atelier de couture et retrouve mes trois amies avec bonheurs.

Pauline - Alors ce rendez-vous ?

Nyla - Robin est mon gardien.

Pauline qui avait suivi toute la scène lors du précédent bal, me regarde horrifiée. Elle met ses mains devant sa bouche.

Pauline - Robin ?

Nyla - Oui. Tu comprends, je ne peux pas rester plus longtemps au château. Je pars ce soir, mon oncle n'est pas au courant.

Pauline - Tu vas partir ?

Elle me lance un regard triste.

Nyla - Oui. Mais je viendrais te voir c'est promis.

Je prends ces petites mains dans les miennes, la petite brune me regarde avec un sourire triste.
Je m'adresse à mes trois amies.

Nyla - Vous comprenez que je ne peux pas partir aussi simplement de la communauté, pour l'honneur de mon oncle. J'ai un plan pour disparaître dans les règles de l'art, mais j'ai besoin de votre aide.

Pauline - Nous t'aiderons !

Nyla - Pauline, je vais devoir me rendre au bal juste après, pourrais-tu te charger de prendre mon sac et de le déposer près de la mobylette. Je vais devoir aller au bal, donc je n'ai pas le temps de le faire.

Pauline - Pas de soucis, ce sera rapide.

Je souris à la jeune servante pour la remercier et me tourne vers les deux couturières qui attendent ma requête.

Nyla - Jess, Jeny, j'ai besoin de la plus belle robe que vous puissiez faire, je dois attirer l'attention ce soir ! J'ai foi en vos petites mains de fées.

Jess - Nous feront la plus belle robe de toute la salle !

Jeny - Elle sera si belle que les gens détourneront les yeux !

Nyla - Je suis si contente de vous avoir...

J'ouvre les bras et les trois femmes me rejoignent pour me faire un câlin. Nous nous serons toutes dans les bras pour se dire au revoir d'avance, après le temps nous manquera.

Jess - Reviens nous voir.

Jeny - Notre porte sera toujours ouverte.

Pauline - Ne m'oublie pas !

Nyla - C'est promis.

Je retiens les petites larmes qui pointent au creux de mes yeux.

Je laisse les deux jumelles s'affairer autour de moi, magnant avec art le tissu.