LXXXV. Comment partir ?

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Point de vue de Nyla

Je pars en cours, accompagnée de Paul, mais l'esprit peu tranquille, je dois l'avouer.

Hier, avant ma discussion avec Chronos, j'ai tenté de "contacter" mon gardien et ... On peut clairement dire que j'ai essuyé un échec cuisant.

Malheureusement, une petite voix me dit que ce n'est pas tant de ma faute que ça...

Je ne peux m'empêcher de me faire du soucis pour Adrian, qui n'est d'ailleurs pas dans le bus qui nous mène tout droit à nos études. J'en suis certaine, car cela fait maintenant quelques minutes que mes yeux passent de visage en visage, cherchant sans résultats les traits rassurants et joyeux de mon protecteur.

Normalement ce n'est pas au maître de protéger son gardien... Bon sang où es-tu Adrian ?

Je vois bien que Jason est assis dans le bus, mais il est dans un triste état, son pauvre regard et sa petite mine m'en disent long sur la nuit qu'il a pu passer.

Paul qui devine mon inquiétude ne cesse de me rassurer, sans réel résultat. Nous arrivons devant l'établissement qui nous sert de lycée. Je pose un pied, puis l'autre, sur le bitume humidifié par la pluie matinale, un rictus inquiet barrant mon front.

Le bus disparaît après nous avoir tous fait descendre.

Les cours passent doucement aux côtés de Jeen, dans la classe chauffée rempli par le bruit des radiateurs mêlé à un brouhaha d'arrière fond. Je me concentre le plus possible, essayant pour une fois de faire bonne figure... Mais aussi pour essayer d'oublier le gardien à côté de moi, qui réveille dans mon esprits nos derniers instants passés ensemble. Ce n'est vraiment pas le moment de penser à ça.

Malgré cela, ma concentration n'est pas à son paroxysme, si bien que Jeen perçoit sans mal mon inquiétude. Du coin de l'œil, je peux le voir écrire quelques mots, sur le bord de son cahier.

Je tourne les yeux du professeur, pour m'intéresser à la feuille qu'il a discrètement poussé dans ma direction.

"ça va ? Tu as l'air inquiète !"

J'enlève mon stylo de mes lèvres ( je mordille inconsciemment mon stylo quand je suis préoccupée), pour répondre sur le bord du papier.

"Adrian n'est pas revenu hier... Je ne sais pas où il est"

"Pourquoi ne pas lui parler par la pensée ?"

"je n'y arrive pas -.-"

"Ça t'es déjà arrivé ?"

" non ! :o
D'habitude quand il ne répond pas, je peux au moins lire ses pensées ! "

" tu peux faire ça ? \o/ "

" Oui mais là... Non. Tout ce que je vois est flou, ça ne sert à rien. "

" Reste calme, tu le verras certainement ce soir."

" merci de me réconforter ;) "

Après cela, la place manquant sur la feuille, nous décidons de nous concentrer sur le cours, si bien que la journée passe plus vite que je ne l'avais prévu.

Je range tranquillement mes affaires, tout en discutant avec Pauline et Jeen de nos journées passées en classe. Alors que je lance mon sac par dessus mon épaule pour m'apprêter à sortir, le surveillant du couloir passe la tête dans l'encadrement de la porte avec un regard désintéressé et hautain.

"- Nyla et Maël ! Avec moi ! Scande-t-il sans aucun sentiment. Vous allez m'aider en faisant des travaux d'intérêt généraux."

Ma retenue en compagnie de l'ex-petit-ami de Paul m'était complètement sortit de l'esprit et ne tombe pas du tout au bon moment, car j'avais prévu de partir à la recherche d'Adrian.

"- quoi ?! Répondis-je sans réfléchir. Et puis d'abord on ne nous avais pas parlé de TIG... On avait parlé d'heures de colle.

- Je trouve ça un peu fort pour juste un retard... Éluda simplement Maël.

- Si vous continuez c'est les deux que vous allez avoir et vous comprendrez le sens de la ponctualité ! Nous coupa-t-il sévèrement."

Je mâche quelques mots de protestations inaudibles tandis que Maël soupire, lassé de son existence, comme toujours. À notre plus grand regret, nous nous retrouvons à suivre le surveillant à travers les couloirs, tel de bons petits larbins se rendant à leurs tâches quotidiennes.

Nous le suivons jusqu'au terrain d'entraînement. Il s'arrête dans le couloir qui sépare les vestiaires et la salle d'équipement.

"- Alors je vous explique, vous allez passer le balais dans les vestiaires puis vous rangerez les équipements dans l'autre salle."

Une lueur d'espoir passe dans mon regard, tandis que Maël garde son éternelle expression neutre.

" - vous n'allez pas rester ?"

Le surveillant capte très bien mon idée et ne tarde pas à me remettre à ma place, cassant mon pauvre espoir.

"- Si vous espérez vous faire la malle en douce, oubliez tout de suite. Dans le couloir il y a une caméra qui ne risque pas de vous louper, si vous tentez de partir avant 18h30."

Il nous donne deux balais et part, nous laissant seuls avec notre ménage à faire. Nous échangeons un regard avec Maël avant de commencer à passer le balais dans les vestiaires.

Je ne cesse de faire le même geste répétitif avec mes bras, poussant lascivement la poussière, tout en cherchant un plan pour retrouver Adrian.

Maël ne dit rien à mes côtés, sans pour autant être concentré sur son travail, cette attitude constante de "je m'en fou" me surprend continuellement.

" - Tu penses qu'on peut nous entendre ? Demandais-je soudainement.

- Non pourquoi ?

- Parce que je dois partir d'ici, mais je ne peux pas en parler si quelqu'un nous entend...

- pourquoi veux tu partir ?

- Je me fais du soucis pour quelqu'un, je dois absolument le retrouver.

- Ce n'est pas que je ne veux pas t'aider, car je veux partir moi aussi, mais ça risque d'être vraiment compliqué.

- Tu as une idée ?"

Il commence à m'expliquer en bougeant ses mains au fil de ses paroles, je pose mon balais contre le mur pour me concentrer sur ce qu'il dit.

" - Et bien comme tu le vois, toutes les fenêtres ont des barreaux, donc notre seule sortie possible serait la porte d'entrée mais...

- Mais il y a la caméra. Devinais-je.

- Une caméra peut être débranchée, malgré cela elle se lancera en autonomie sur sa batterie 5 minutes plus tard.

- ça veut dire que nous disposons de 5 minutes pour partir si nous arrivons à débrancher la caméra ?

- Oui. Mais quand bien même, si on nous voit sur la vidéo entrain de la débrancher, alors tout cela n'aura servi à rien...

- Hmmm... Je crois que tu as oublié un léger détail."

Maël me lance un regard intrigué.

"- Vraiment ?"

Je lui lance un sourire complice, tandis que ma conscience adopte le rire du diable dans mon esprit.

" - Je suis un maître du temps. énonçais-je simplement."

Les Maîtres Du TempsNơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ