LVI. Des pâtes ça te dis ?

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Point de vue de Nyla

Après que Paul m'ai expliqué ses souvenirs tout juste retrouvés, je comprends mieux pourquoi il est arrivé ici et la source de ces grandes balafres sur son corps.

Il s'est donc battu contre Jeremy.

Mais qui est ce gars ?

En attendant que les mystères s'éclaircissent, je dois nous trouver à dîner.

" - il faut que l'on trouve à manger. J'aimerais bien commander des pizzas, mais je n'ai pas d'argent et je doute fort que tu en aies."

Il affiche une moue désolé.

"- c'est pas grave, on va trouver autre chose t'inquiète pas. Le rassurais-je. On pourrait aller à la cafétéria des gardien, mais se faire prendre là-bas la nuit n'est pas non plus une très bonne idée. De plus, je ne me souviens plus trop du chemin...

- Tu penses à quoi du coup ?

- Les cuisines du château."

Il me regarde interloqué, avec une certaine hésitation dans le regard.

" - dans la partie centrale des Dimena ? Demande-t-il. Mais je ne peux pas rentrer dans la partie où vont les maîtres, ce serait déplacé."

Je hausse un sourcil.

"- Tu es de la vieille école toi...'

J'accompagne ma réponse d'un haussement d'épaule, réaction bien humaine pour dire "on s'en fou royalement".

"- Les cuisines sont vides et tous les employés sont dans leurs quartiers car il est 11h du soir... Et puis Adrian se balade bien dans les couloirs des Dimena lui !"

Paul semble encore hésiter, mais je ne lui laisse pas le temps de débattre avec lui même. Je l'attrape par la manche pour le tirer hors de l'infirmerie, heureuse de quitter ma prison blanche.

Je rejoins la partie centrale des maîtres où règne un grand silence, montrant l'absence totale de vies humaines.

Nous nous glissons à pas feutrés dans les cuisines, avant que je ne referme les grandes portes derrière nous.

Il trouve l'intérupteur en tatant le mur et l'actionne, les lumières blanches s'allument en grésillant, nous aveuglant pendant quelques secondes le temps que nos yeux s'habituent.

Nos pas résonnent sur le carrelage blanc et glacé, pendant que nous decouvrons les lieux en silence. La grande pièce tout en longueur est remplie de meubles en inox, mêlant tables de travail, fours, frigidaires et de grands éviers.

Cette cuisine est vraiment immense.

Je marche à pas lents, parcourant la pièce, observant la collection de grands couteaux aiguisés sur le mur.

Je n'aimerais pas avoir une de ces lames pointée dans ma direction...

Paul me suis en silence en observant tout comme moi, faisant une description muette des lieux.

J'arrive au fond de la salle et pousse la petite porte en métal sur laquelle se finit la pièce tout en longueur, qui ouvre sur un petit local poubelle donnant lui même sur l'arrière du château.

Je me retourne vers Paul après notre petite inspection à pas de loup.

Je m'adresse à lui en gardant une voix raisonnablement basse.

"- bon et bien cette fois ci c'est sûr, il n'y a personne.

- je ne suis pas sûr que ce soit une très bonne idée d'être ici...

-  Je te trouve bien pantouflard pour un gardien.

- mais c'est juste que..."

Je lui coupe la parole, le pointant du doigt, en signe de remontrance.

"- écoute mon p'tit gars, si tu veux intégrer les gardiens va falloir t'endurcir un peu ! Ne me dis pas que tu ne meurs pas de faim, tu n'as pas mangé depuis quelques jours... Moi si je fais tout ça, c'est pour toi, alors soit tu poses ton cul sur cette chaise et tu attends que je nous fasse à manger, soit je me tire de là et tu peux bien te débrouiller tout seul !"

Bon, j'y suis peut-être allé un peu fort sur ce coup là.

Il me regarde sans un mot, déglutis, puis sous mon regard glacial, tire une chaise de sous la table pour s'asseoir dessus, toujours muet, sans me quitter des yeux.

Je soupire de soulagement et lui souris tendrement.

" - tu vois quand tu veux..."

Je me retourne pour ouvrir le grand frigidaire en inox, laissant mes yeux analyser son contenu.

Pendant que je cherche de quoi nous nourir, d'un sérieux le plus total, j'entends la voix au timbre doux de Paul dans mon dos, qui n'a pas bougé de sa chaise.

"- merci de faire ça pour moi... Je sais que je ne suis pas assez fort pour être un gardien.

- j'ai été dure avec toi... Ne prends pas au pied de la lettre tout ce que je dis.

- non tu as parfaitement raison."

Je passe ma tête par dessus mon épaule, sans me retourner, mais pour avoir un contact visuel avec lui.

Paul m'adresse un petit sourire timide auquel je réponds, tout naturellement.

"- Tu... Commence-t-il. Tu as une force de caractère incroyable, tu m'as scotché sur place tout à l'heure. Tu es largement à la hauteur des gardiens.

- Tu exagères, c'est juste que je n'aime pas qu'on me marche sur les pieds et que j'ai un tantinet d'insolence... Et ne me compare pas aux gardiens, ce ne sont que des playboys aux grandes gueules."

Je crois que je suis entrain de me forger une réputation de bonhomme, exactement ce qui me manquait, notez l'ironie.

Je sors des ingrédients que je pose sur la table, me retrouvant face à Paul qui n'a pas bougé de sa chaise depuis mes menaces.

Il baisses les yeux, regardant ses mains crispées sur ses genoux.

Sa fragilité me touche et je le regarde avec des yeux attendris.

"- Je ne corresponds pas vraiment au profil des gardiens.

- Regarde moi Paul."

Il lève ses yeux d'or sur moi, me fixant sans émotions apparentes.

"- Retiens bien ça, avoir une belle gueule ne te sauvera pas, c'est pas ça les vrais valeurs. Il n'y a pas que le physique dans la vie."

Il me sourit en entendant mes mots, pleins de convictions.

Après notre petite séquence émotion, Paul regarde son ventre en grimaçant.

"- Tu avais raison, je meurs de faim..."

Je rigole en voyant sa grimace.

"- Tu aimes la carbonara ? Je t'en fais une vraie à l'italienne si tu veux !"

Les Maîtres Du TempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant