LII. Ma petite soeur

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Les jours de rétablissement à l'infirmerie passent lentement, le temps pansant la blessure du départ inattendu de Jak.

Mes journées sont rythmées par le sommeil, les discussions mentales et les visites chaque soir de mon gardien, qui rendent ma vie un peu plus légère et agréable.

Chaque jour, Émilie vient me parler pendant de longs moments, où nous faisons connaissance. Sa compagnie simple et joyeuse efface mon ennuie.

Trois jours sont passés depuis la soirée du Cor Saltum et quelques petites choses n'ont pas changé.

Je n'ai pas revu Jeen.

Mais surtout, le jeune novice ne s'edt toujours pas réveillé, nourissant mon inquiétude à son sujet.

Pendant mes longs moments de solitude, où Darjee est ma seule compagnie, il m'arrive souvent de le regarder dormir. Son souffle est calme et lent, il semble apaisé.

Je ne sais rien de lui, pourtant son cas me touche et me peine. À chaque fois que je le regarde, je m'attends à ce qu'il ouvre ses yeux pour les plonger dans les miens... Mais rien y fait. Ses paupières en amande restent fermés malgré mes espoirs.

Il est maintenant dix-sept heure, je suis allongée sur mon lit d'hôpital fixant le mur blanc. J'observe sans réel intérêt les posters de médecine, quand Pauline passe discrètement la porte de l'infirmerie.

Elle se dirige vers moi et me prend dans ses bras. Je réponds à son étreinte en enfouissant ma tête dans ses cheveux, qui sentent bon la lavande.

Je suis si heureuse de voir mon amie. Elle s'écarte un peu de moi pour mieux regarder mon visage.

" - Comment vas-tu ? Me demande-t-elle.

- ça va... Même si j'ai connu des jours meilleurs.

- Je meurs de froid... Tu me fais une petite place ?"

Je souris en regardant sa mine d'enfant, qui aurait connu tous les malheurs du mondes.

Je soulève la couette de mon lit en rigolant.

" - Pas besoin d'en faire autant !"

Elle se glisse près de moi sous le draps, venant prendre un peu de ma chaleur. Nous nous tournons l'une face à l'autre, les mains jointes devant nos coeurs, échangeant des mots tout bas, que seul nous pouvons entendre.

"- Tu me manques... Murmure-t-elle. Sans ton humeur turbulente, tout me semble calme et sans intérêt au château. Raconte-moi tes aventures s'il te plait."

Devant ses petits yeux pétillants, je commence mon récit, rappelant les aventures au Cor saltum.

" -... Et après mon combat acharné contre l'homme surnommé l'Acier, Jeen est venu s'occuper de moi, et nous sommes restés ensemble jusqu'à ce qu'il m'amène ici le lendemain.

- Qui est Jeen ? Parle moi de lui.

- Et bien, il n'est pas comme tous ces autres playboys de gardiens, il est magnifique, mais à sa manière... Avec ses cheveux émeraudes, ses yeux bruns, son corps fin et magnifiquement taillé, son style n'appartient qu'à lui et je trouve ça assez craquant... Bien que je me méfie de ce garçon, il peut être très gentil mais à des moments il a une aura très sombre, il n'est pas une très bonne fréquentation, sans parler de sa réputation au près des filles.

- Il a l'air assez épatant... tu l'as revu depuis cet épisode ?

- Non pas une seule fois.

- Continue de me dire tout des garçons qui te tournent autour, je trouve ça intéressant quand tu en parles.

- Il m'est arrivé quelque chose d'assez étonnant..."

Les yeux de Pauline recommencent à briller sous la curiosité. Ils illuminent son beau visage féminin, aux traits encore légèrement enfantins.

"- Il y a peu Jak est passé à l'infirmerie... Expliqué-je, et c'était terrible."

Ces yeux se voilent sous l'inquiétude.

"- Pourquoi ? Demande-t-elle, Jak est pourtant quelqu'un de formidable...

- Il est venu et m'a annoncé qu'il partait.

- oh...

- Mais ce n'est pas le pire, il a déposé une bague dans ma main et m'a dit avec des mots qui m'ont arrachés le coeur, qu'il m'aimait et qu'il reviendrait dans bien longtemps."

Je regarde la petite bague à mon doigt, toute belle et scintillante, que j'avais ramassé après mon excès de colère.

Symbole pur de l'amour de Jak.

Mon coeur se serre à cette pensée.

"- Tu ne l'aimes pas, toi ?

"- Je l'aime, mais pas à sa manière..."

Amicalement.

"- Quelle situation compliquée... Réfléchit Pauline a mes côtés."

Je pousse un long soupir.

"- En vérité... Commencé-je."

Elle me regarde en silence, attendant la suite de ma phrase.

"- En vérité... Je ne sais pas ce que l'amour signifie."

Pauline me sourit calmement, posant un doigt sur mon coeur.

"- Ce n'est pourtant pas compliqué, arrête de penser avec ta tête et laisse parler ton coeur un peu.

"- Laisser parler mon coeur... mais quel sensation ça fait ?

- Aimer... C'est facile et dur à la fois. Aimer c'est quand tu vois cette personne qui est si différente, ton corps s'emballe et ta raison te quitte. C'est juste le bonheur de sa présence, c'est vouloir son bonheur sans rien attendre en retour.

- J'aimerais ressentir ça un jour.

- ça arrivera. En attendant, continue de me parler de tes compagnons...

- Je suis triste de ne plus voir Arthur, il me manque... Je sais qu'avec lui ce n'est pas de l'amour... avec Arthur c'est un savant mélange entre de l'amitié et de la passion.

- Et Adrian ?

- Adrian... Je ne pense pas que ce soit de l'amour, pour Adrian non plus... Adrian est indescriptible. C'est mon tout, une part masculine de moi, mais en plus raisonnable et musclée. J'aime sentir sa présence réconfortante près de moi ou dans mon esprit, sans pour autant lui parler."

Pauline s'est doucement endormie, bercée par mes paroles pleines de passion. Je suis heureuse qu'elle soit passée me voir aujourd'hui. Une compagnie féminine, il y a aussi Émilie heureusement, me fait un bien fou.

Les hommes c'est bien, mais il me faut parfois un peu de féminité pour rester sur le droit chemin...

Comment vais-je faire, une fois entrée chez les gardiens ?

Je décide de remettre ces pensées à plus tard, serrant dans mes bras le corps chaud de mon amie, qui est devenue presque comme une soeur avec le temps.

Ma petite soeur que je n'ai jamais eu.

Elle ne parle jamais de sa famille et ne la vois jamais et je sais qu'il y a une raison à cela, mais qu'importe, quoi qu'il se passera je serais toujours la pour elle.

Je ne suis pas la meilleure personne qui soit, mais moi je l'aime qu'importe ses choix ou ses actes.
Elle et moi nous seront un peu une famille à deux, on se soutiendra, on sera fortes.

Je pose mon menton sur son front et me laisse doucement dériver dans les bras de morphée.

Les Maîtres Du TempsWhere stories live. Discover now