LXXX. Camp d'entraînement

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Je me lève et commence à partir, mais Adrian se lève à son tour.

" - je suis ton gardien, tu pars, je pars."

J'hoche la tête, heureuse que mon gardien me suive en toute circonstance.

Sans attendre, Pauline se lève à son tour, bientôt suivie de Jason, qui doit suivre mon amie plutôt que moi.

" - Pas question que tu partes sans moi. Dit la jeune servante, totalement sûre d'elle. "

Sa phrase sans appel me fait chaud au coeur et Paul termine ma suite, se levant en rigolant.

"- Frère d'arme n'est ce pas ?"

J'attrape son petit doigt avec le mien en souriant devant la légèreté de sa réaction, heureuse de voir que je suis entourée de personnes qui me soutiennent.

Je m'apprête à me retourner pour chercher une table libre, suivie de mes amis, quand je croise le regard indécis de Jeen.

Il semble hésiter à me suivre et je lui lance un regard compatissant, ne quitte pas tes amis pour moi, je ne t'en veux pas.
Il reste assis face au regard dur de Jeremy, en me lançant un "désolé" muet, que j'accepte sans peine, avant de partir.

Nous nous asseyons à une nouvelle table et discutons légèrement, mêlant rire, joie et bon temps.

Je suis assise entre Adrian et Paul, tandis que Pauline en face de moi est assise aux côtés de Jason, qui la couvre d'un regard protecteur.

"- Que s'est-il passé ce matin pour que tu arrives en retard avec Maël ? Me demande mon amie. "

Pauline me lance un regard intrigué, tandis que je lis la panique sur les traits de Paul à mon côté.

Il ne sont pas au courant de son homosexualité, je suis bien la seule.

Il faut que j'invente une histoire...

Pourquoi maël pourrait être jaloux de Paul puisqu'il m'a "embrassé" involontairement s'ils ne sont pas gay... Mieux vaut aussi passer cet épisode sous silence...

Je dois inventer une histoire de toute pièce et vite, car un silence impatient retient tous mes amis, ils attendent ma réponse.

"- Et bien... Comme tu l'as vu, Paul est venu me saluer ce matin au casier. Et Maël une de ses vieilles connaissances, m'a bousculé et Paul a pris ma défence, donc nous nous sommes pris la tête tous les trois, sans se rendre compte que les cours avaient repris.

- Ma pauvre tu es en retenue avec lui alors que vous avez eu un différent ! Me plaint Pauline.

- Dire que c'est mon premier jour de cours... Soupirais-je."

Jason et Adrian rigole devant ma déception, alors que jentends un discret soupire de soulagement s'échapper de la bouche de Paul.

Apres le déjeuner, nous abandonnons Pauline à contre coeur, pour aller rejoindre les cours spécialisés pour les gardiens, sur le camp d'entraînement derrière le bâtiment.

Nous sommes tous rassemblés sur l'herbe, au centre de ce qui semble être un piste de course.

Notre entraineur arrive d'un pas martiale et je vous laisse imaginer le personnage, qui semble avoir fait la guerre en y laissant le peu de sentiment qu'il avait.

Grand, large d'épaule, regard dur et crâne rasé, le tout acompagné des quelques rides de la cinquantaine.

Pour faire court, mixez un ancien marine, votre oncle au regard sévère dont les réponses sont constituées de deux mots tranchants tout au plus, et pour finir un prof de sport en jogging... Tada ! Vous avez l'entraineur qui se tient devant nous.

Nous nous mettons en ligne, le dos droit et le regard qui fixe l'horizon, comme de bons petits soldats... À ce moment même, deux sentiments se mêlent en moi.

Tout d'abord le fait d'être la seule fille au milieu de tous ces hommes, ne me rejouis guère, et ce sentiment d'être à l'armée me donne l'impression que ma liberté est déjà loin.

L'entraineur commence à marcher devant nous, tout en nous parlant d'une voix forte.

"- Je serais votre entraineur pendant trois ans. Pour vous, je n'ai pas de nom, ce sera soit monsieur, soit coach, soit chef. Et rien d'autre. Ici vous n'allez pas chaumer, et si je vois une seule larme, vous pourrez finir votre entrainement dans les juppons de votre mère, car moi, je ne vous garderais pas. Je vais faire de vous des vrais machines au service de la communauté, alors ne me decevez pas. Compris ?"

Un compris collectif monte dans les airs, tandis que nous gardons le menton haut.

Je sens que ma place ne vaut pas grand chose parmis ces rangs, mais je ne vais pas abandonner sans me battre.

Je suis vers le bout de la rangée. Le "coach", chef, ou ce qu'il veut... Commence à marcher à l'opposer de la rangée, détaillant chacun de nous, méticuleusement.

Il arrive au niveau de jason.

"- pas mal."

Puis d'Adrian.

" - hmm. Très bien."

Puis de jeen.

"- Si t'avais pas les allures d'une pomme verte avec ta teinture, j'aurais pu sortir un "pas mal, malgré qu'un peu chétif".'

Jeen ne vascille pas une seule seconde, aucune expression ne passe sur son visage de marbre. Satisfait, l'entraineur continue sa progression avec des mots assez redondant "pas mal","trop gros", "trop faible"...

Arrive le tour de Paul avant le mien, le coach lui lance un regard dédaigneux comme s'il n'était qu'une petite chose insignifiante.

" - Qu'est-ce que tu fais là toi ? On a pas besoin d'avortons parmis les gardiens."

Je vois que Paul tient bon, il se bat pour ne pas flancher, je vois ses cuisses trembler légèrement, mais il garde tant bien que mal le contrôle, si bien que l'entraineur se lasse et passe à...

Moi.

Il me regarde avec un sourire moqueur et des yeux noirs.

" - Une fille ? C'est bien la première. Allez dégage pauvre tapette, on a pas besoin de gamine dans nos rangs."

Contrairement à tous les autres, je lâche l'horizon des yeux, pour les planter dans les siens, avec un regard éfarouché et insolent, je le défi ouvertement.

" - Qui t'a donné le droit de me regarder dans les yeux morveuse ?

- je me le suis octroyée, ce droit. Répondis-je avec une sourire en coin des plus insolents. "

Le coache m'attrape par le cou, je ne cède pas pour autant, le dévisageant toujours aussi froidement.

"- Et depuis quand tu as des droits ?"

Je ne réponds pas, le trop plein de fierté m'en empêche, mais mon regard de rebellion en dit long sur le fond de ma pensée.

" - C'est bien ce que je pensais. Dit-il froidement. Maintenant tu DE-GAGE."

Il appuye sur le dernier mot mais je reste sur mes positions, prête à lui tenir tête toute la journée s'il le fallait.

" - T'a pas entendu ? Bouge de là."

Je lui lance l'expression la plus froide que mon visage me le permet, avant de cracher nonchalament à ses pieds, marque total de non-respect.

"- Essayez seulement de me faire bouger."

Les Maîtres Du TempsWhere stories live. Discover now