XC. L'appel du sang

1.4K 154 8
                                    

Point de vue d'Arthur

Je m'assois en face de mon père pour le diner, mes frères se trouvant de chaque cotés tandis que ma mère reste dans le canapé devant la cheminée, décidée à ne pas manger ou à nous laisser entre hommes.

Une ambiance étrange, voir pesante, règne dans la pièce et je tente d'oublier les trois hommes qui me fixent avec des regards froids en face de moi, en suivant des yeux le ballet du serviteur.

Mon père finit par prendre la parole d'un ton sec et sans appel qu'il utilise depuis toujours.

"- Mes fils, j'ai une mission pour vous. Je ne vous est pas réunis ici par hasard.

- Je te servirais toujours. Lui répond Jean comme un bon petit soldat."

Je défaille devant la réaction de mon frère, qui depuis sa naissance est décidé à suivre les pas de mon père jusqu'à sa mort.

Mon autre frère, Luc, ne dit mot. Résigné de suivre le destin imposé, il est une âme errante et sans vie, plus qu'un simple pantin aux mains des Rickwell.

" - En quoi as-tu besoin de nos services, demandais-je, je n'ai plus envie de participer encore à tes manigances douteuses."

Mon père se lève de sa chaise regardant le sol de façon solennelle.

"- Arthur, pour une fois rend honneur à ta famille et ne refuse pas. J'ai besoin de mon fils.

- Et qu'est-ce que j'y gagne ?"

Jean me lance un regard froid empli de dégoût et de désespoir, tandis que mon père relève la tête et me fixe en se rapprochant doucement de moi.

" - ça n'a jamais été facile entre nous je le sais, reprend-il, je sais aussi que tu me détestes. Mais une dernière fois, je veux que les hommes de la familles soient réunis pour une affaire des plus importantes. Après cela ..."

Je le regarde intrigué, ne connaissant pas mon père sous ce jour. L'appel de ma famille et de mon sang miroitait sans que je ne m'en rende compte dans mon esprit, mon choix étant déjà fait.

"- Après cela tu pourras choisir de quitter définitivement la famille et de couper tous les ponts, tu seras libre. Dit-il avec une voix qui se voulait envoûtante."

Je me lève et nous nous retrouvons face à face nous toisant dans notre superbe masculine.

"- Très bien. Je te suivrais et ferai tout ce que tu m'ordonnes, je suis un Rickwell."

L'honneur et la liberté m'étant offerts sur un plateau d'argent, mon choix ne se pose pas. Mon père me sourit en posant une main amicale sur mon épaule.

"- Content que tu soies des nôtres."

Jean grimace derrière mon père, mais tout cela n'a pas d'importance pour moi, car ayant tout oublié, presque envouté, le seul désir oublié de satisfaire mon père, mon sang, plane sur mon âme, avec ma liberté à la clé.


Point de vue de Nyla

J'ouvre les yeux après une longue nuit de sommeil dans ma petite chambre de gardien. Je cligne des paupières, les laissant s'habituer à la lumière matinale qui règne dans la pièce.

M'étirant doucement avant de me préparer pour partir travailler.

Quelques dizaines de minutes plus tard, je me retrouve comme à mon habitude à côté de Paul, dans le bus en direction de l'école de la communauté. Ma tête collée à la vitre tremble avec les mouvements du bus, tandis que mes yeux suivent distraitement le paysage qui défile à toute vitesse.

De nombreuses pensées tournant en boucle dans mon esprit.

Qui emmener en Italie ? Comment faire pour partir là-bas avec mon gardien, si nous ne nous entendons plus...

Je m'arrête de penser sentant une présence que je connais bien dans mon esprit. Je me redresse et me retourne d'un coup sec vers Adrian, que je surprends entrain de me fixer tandis qu'il tourne la tête.

Encore une fois je ne suis pas seule dans mon esprit...

Je me mure dans un profond silence en me concentrant sur autre chose pour que mes pensées ne puissent être épiées.

Paul qui somnole depuis le début de la route pose sa tête sur mon épaule, j'observe sa petite bouille endormie bercée par sa respiration calme.

Je dois l'emmener en Italie. Après tout c'est mon frère d'arme je ne peux pas partir sans lui.

Un fois arrivée au lycée, je passe ma matinée aux cotés de Jeen, suivant sans grand intérêt les cours.

Je regarde à la dérobée mon voisin aux cheveux verts.

Une main retient son menton tandis que ces yeux suivent lascivement le professeur. Sa bouche légèrement entrouverte me fait repenser à l'autre fois et je ne peux m'empêcher de sentir mes joues chauffer.
Je continue malgré tout de l'observer, étant sûrement la chose la plus intéressante à faire sur le moment.

Ses épaules bien droites sont légèrement en avant car il est avachi sur sa table, tandis que je peux apercevoir ces muscles harmonieux à travers son t-shirt, dans le dos.

En le regardant, je tente de me rappeler des magnifiques tatouages qui parcourent son corps. Il finit par me jeter un regard intrigué.

"- C'est moi que tu regardes ?

- Euuh... fut ma seule réponse."

Jeen sourit plein de fierté, sachant pertinemment que je l'observais.

"- D'ailleurs Jeen...

- Oui ?

- Mon oncle est venu me parler hier soir...

- Que t'a-t-il dit ?

- Dans quelques jours je suis envoyée en Italie pour le rassemblement de la communauté.

- Alors tu nous quittes ... ?"

Il affiche une mine triste, adorable. Je pose une main rassurante sur son épaule.

"- Ne saute pas aux conclusions, le calmais-je, je dois choisir qui m'accompagnera là-bas et ... J'aimerais que tu viennes avec moi."

Son visage s'illumine et je pense que si nous n'étions pas en cours, il m'aurait sauté dessus de joie.

"- C'est un honneur !"

Son visage se rapproche du mien et nos yeux se fixent, oubliant le reste du monde. Je sens son souffle accéléré sur ma peau, tandis que mon cœur s'agite.

"- Mon seul souhait est de te protéger. Murmure-t-il dans un souffle."

Je souris tandis que nous fixons mutuellement nos lèvres.

- Je ne vous dérange pas vous deux ? Nous coupe soudainement Mme. Joselin."

Effectivement le reste du monde ne nous a pas oublié car toute la classe se retourne dans notre direction tandis que nous nous écartons, les joues rouges.

Malgré cette gène une seule chose compte... Jeen fait parti du voyage !

Les Maîtres Du TempsWhere stories live. Discover now