Les Maîtres Du Temps

LXII. Le monde change quand vous n'en faites plus partie

Point de vue d'Arthur

Je suis en cours, le professeur parle d'un voix monotone et soporifique, heureusement le cours touche à sa fin et il ne reste que quelques minutes à devoir endurer cette torture. Je me retourne et regarde les rangées d'élèves derrière moi, à moitié endormis.

La place de Nyla est inoccupée, vide, comme un manque.

Elle ME manque.

Je pose maintenant mon regard sur Stéphanie, qui parle avec sa voisine, de la place opposée à celle de la nouvelle maître du temps. Autrefois quand nous venions en cours, Nyla et moi étions comme chien et chat, et je reprends plaisir à me rappeler d la guerre sans merci que nous nous menions.

On dirait bien qu'elle a disparu de ce monde, effacée des esprits de tous, même de celui de Stéphanie. Mais pas du mien.

Nyla est encrée dans ma mémoire, comme une brûlure au fer rouge sur ma peau. Indélébile, qui vous marque à vie.

Le cours se termine enfin, coupant mon fil de pensée, et je pousse un soupire de soulagement.

J'attrape mes affaires sur ma table, pendant que des amis viennent s'accouder sur les pupitres devant moi, pour me parler.

"- Bon c'est la pause du midi, on va au terrain de basket ? Me propose l'un d'eux.

 - Allez-y en avance, je dois passer par mon casier et j'arrive ensuite. Leur assuré-je.

- okay mec, on va réserver le terrain, à plus."

Ils me font un signe de main, auquel je réponds, avant de sortir de la classe en balançant mon sac par dessus mon épaule.

Je range des cahiers dans mon casier avec un lourd sentiment de lassitude. Au même moment, deux personnes s'approchent et s'accoudent contre mon casier, troublant cet instant de tranquillité, plongé dans mes pensées.

Stéphanie et sa nouvelle copine. Rien que ça.

celle-ci, qui ne semble plus du tout fâchée contre moi, m'adresse la parole avec une voix mielleuse, et un sourire qui manque de naturel.

Les filles juste bonnes à être jolie et à sourire c'était bien avant, maintenant je n'en veux plus.

"- Salut Arthur.

- Casses-toi, j'ai pas le temps là. Répondis-je sèchement.

 - Tu pourrais au moins nous dire bonjour...

- bonjour. La coupé-je sans attendre."

Je ferme mon casier et commence à partir, excédé.

Stéphanie semble avoir bien changé depuis le départ de Nyla.

Et vous savez quoi ? Je n'aime pas, mais alors pas du tout son changement. Elle est entrain de devenir le stéréotype de la blondasse qui se la pète.

Quelqu'un me rattrape par l'épaule, m'obligeant à faire volte-face.

C'est la nouvelle copine de Stéphanie, une blonde un peu plus petite, aux cheveux bouclés comme un caniche, qui mâche nonchalamment un chewingum.

"- On a pas finit. Dit-elle d'une voix neutre.

- On a rien commencé, rétorqué-je excédé, alors tu te détends le caniche et tu me lâches."

La fille en question me foudroie du regard, s'étranglant presque avec son chewing-gum. Mais vous ne savez pas à quel point je m'en fou.

Enfin, vous pouvez quand même aisément le deviner...