Les Maîtres Du Temps

L. Remords

Point de vue d'Adrian

Après un mouvement ample du bras, je balais les deux novices qui s'écrasent lourdement sur le sol, vaincus.

L'alcool me fait tourner la tête, mes idées ne sont plus claires et ma vue se brouille. Les gens autour de moi se ressemblent, j'entends mon nom de nombreuses fois, je ne sais plus où je suis.

Je finis par reconnaître le visage d'un ami qui me secoue pour me ramener à la raison.

"- hé vieux, reste avec nous !"

Je prends appuie sur un tonneau de bière, tenant ma tête avec ma main restante.

"- Wow... je suis en plein dans le mal. Avouais-je difficilement."

Mon ami tourne tête, quelque chose ayant attiré son attention.

"- oh une bataille entre un novice et l'Acier... Je cours voir ça !

- Att..."

Il a déjà filé entre les gardiens, me laissant seul avec mon tonneau. Les cris, les voix, les bruits de courses et de lutte, tout se brouille et se mélange dans mon esprit.

Puis une voix claire et cristalline, mais emplie de peur, perce mon esprit et mes idées floues, remplaçant tout le reste.

"- Danger. Pense l'esprit de Nyla. 

- Que se passe-t'il ?"

Nyla... Je dois la protéger.

Danger.

Danger.

Danger.

Ce mot résonne en boucle dans mon esprit.

Je tente de me lever et de me diriger vers le combat, qui attire l'attention de nombreux gardiens. Au lieu de ça, je tombe par terre et ma tête heurte lourdement le sol.

Danger.

Ma main serre les brins d'herbes pour tenter de me ramener parmis les gardiens, mais mon corps ne bouge plus.

Je regarde les pieds qui courent devant mes yeux sans faire attention à ma personne.

Puis... Le trou noir. Le néant.

...

J'ouvre difficilement les yeux, allongé sur le dos toujours contre le sol.

Le soleil, au zénith dans le ciel, me brûle la rétine et la peau, m'obligeant à mettre un bras devant mon visage pour protéger mes yeux. Autour de moi, de nombreux gardiens sont allongés de part et d'autre de la clairière. Dans des états souvent pires que le mien.

Je passe la main sur ma joue, où du sang séché par le soleil, peine à se décoller.

Une odeur âcre de blessure, de transpiration et de bière règne au Cor Saltum. Elle m'arrache un sentiment de dégoût.

Je me redresse en faisant craquer mon dos, avec un mal de crâne horrible.

Adrian, l'alcool ce n'est pas pour toi. Donc à l'avenir on se calme, que ça te serve de leçon.

Je scrute les corps inertes qui commencent à reprendre vie. Des gémissements de souffrance montent dans le ciel, en souvenir de la veille.

Danger.

Je me souviens encore des mots apeurés de ma jeune maître de la veille.

Je cherche Nyla des yeux parmi les survivants, sans aucun résultat.