LXXIX. Premier écart de comportement

1.5K 152 5
                                    

La matinée passe avec douceur aux côtés de Jeen, qui me parle à voix basse pendant les cours. Je m'habitue à sa présence, et commence à l'apprécier, oubliant nos quelques petits différents passés. Il ne semble pas du tout perturbé par l'histoire qui s'est passée entre Jeremy et moi, et ne m'en parle pas, pour mon plus grand bonheur.

La cloche sonne l'intercours et je vais rejoindre Pauline à sa table.

" - Bravo Nyla. Me félicite-t-elle avec ironie.

- De quoi ?

- De t'être fait remarquer aussi vite.

- Ah, ça..."

Je passe une main gênée dans mes cheveux, avec un rire légèrement crispé. Pauline, de son côté, me sourit avec un air désespéré.

" - Tu m'accompagnes aux casiers ? Me somme mon amie."

J'acquiesce en opinant du menton, ayant moi aussi des affaires à poser dans mon casier. Sur ce, nous nous y rendons sans perdre de temps, avant que le cours ne reprennent.

Alors que je pose mes cahiers, je sens une main se nicher sur mon épaule. Surprise, je fais volte-face, me retrouvant nez à nez avec Paul, aussi étonné que moi de ma réaction.

Nous sommes si près, que nos nez pourraient se toucher.

Alors que je vais m'écarter pour refermer mon casier avant de discuter avec lui... Quelqu'un qui passait dans le couloir le pousse avec violence sans même sans rendre compte. Paul se rattrape sur moi, je n'ai pas le temps de réagir que je suis écrasée contre les compartiments, nos lèvres se retrouvant plaquées l'une contre l'autre. Sa main s'est rattrapée sur mon épaule tandis que l'autre s'est appuyée sur les casiers derrière nous.

Je ne vous cache pas ma surprise.

Paul s'écarte avec des yeux ronds d'étonnement et le souffle haletant, et je dois avoir la même tête que lui.

" - Pardon ce n'était pas volont- S'empresse-t-il de s'excuser."

Paul n'a pas le temps de finir sa phrase, que quelqu'un l'attrape par le col et le plaque contre le mur en face de moi, de l'autre coté du couloir.

J'observe le profil de son agresseur, encore sous le choc de l'action précédente.

Un garçon au cheveux bruns plutôt courts qui sont rassemblée sur un côté, une coiffure plutôt banale chez un homme en soit, tout le reste chez lui est aussi lambda que ses cheveux.

Après mûres réflexions, j'en arrive à la conclusion que cet homme n'est autre que Maël, son ex-petit ami.

Je me décide à écouter leur discussion, qui a déjà commencé depuis quelques minutes, oubliant moi même un léger détail.

"- Ce n'est pas ce que tu crois ! Se défend Paul.

- Bien sûr que si ! Tu as embrassé un fille !

- Oui... Mais ce n'étais pas volontaire.

- Tu crois que je vais gober ça ? Comment peut-on s'embrasser sans le faire exprès ?

- J'avoue que c'est dur à croire mais c'est la vérité ! Tente de le convaincre mon ami, avec peine.

- Tu as pris du plaisir ?

- Pardon !? S'exclame Paul avec surprise, s'attendant sûrement à tout, sauf à cette question."

Alors que j'écoute avec intérêt leur échange pimenté, le détail marquant que j'avais oublié tout à l'heure, me saute aux yeux... Nous sommes seuls dans les couloirs !

Ce qui veut dire que...

"- Nous sommes en retard ! m'écriais-je tout à coup, oubliant les déboires des deux garçons."

ils tournent la tête vers moi, je crois qu'ils avaient oublié ma présence jusqu'à maintenant, avec le même air intrigué.

" - Ils n'y a plus personne, les cours ont déjà repris ! Expliquais-je avec entrain."

La panique se lit sur leurs visages, oubliant un instant le problème du moment, nous nous ruons vers nos salles de classes, Maël et moi d'un côté et Paul de l'autre.

Dix minutes plus tard, nous nous retrouvons dans le bureau du responsable de notre niveau avec l'ex-petit ami, car évidemment le professeur a refusé de nous prendre dans son cours alors que nous avions vingt minutes de retard.

Paul n'est pas avec nous, son professeur, sûrement plus clément, a accepté de le prendre dans son cours.

Le vieux en face de nous ne semble pas des plus jovials et je me demande comment j'ai pu me mettre dans une telle situation, alors que ce n'est que le premier jour de cours.

Je vous laisse imaginer le reste de l'année à ce rythme là. Et encore, s'ils acceptent de me garder toute l'année.

"- je vous félicite tous les deux, arriver en retard le premier jours est tout à fait impressionnant. Lâche-t-il sarcastiquement à notre égard."

Nous ne disons rien avec Maël, attendant qu'il finisse et que la sentence tombe, pour pouvoir filer d'ici.

" - Mlle. Dimena, vous êtes un élément important de cette école, étant un maître du temps puissant. Je compte sur vous pour ne plus faire ce genre d'écart."

J'hoche la tête pour donner mon accord, tout en gardant le silence, mes yeux fixant mes chaussures pour éviter tout contact visuel.

Le responsable se tourne vers Maël en soupirant.

"- Et vous... Je sais que vous n'êtes pas un élève exemplaire, je n'hésiterais pas à vous foutre dehors s'il le faut, donc vous avez intérêt à ne plus faire d'apparitions dans mon bureau !"

Maël semble s'en foutre royalement et contrairement à moi, soutient le regard du vieil homme, avec une certaine insolence.

"- vous viendrez faire le ménage après les cours demain soir, jusqu'à dix-huit heure. Maintenant filez ! Je ne veux plus vous vous voir ici. Termina-t-il."

Nous ne nous faisons pas prier et quittons son bureau pour rejoindre notre classe, sans s'adresser un seul mot. Pendant le reste du cours, je raconte mes péripéties à Jeen, qui ne cesse de rigoler à plein poumon, s'attirant les foudres du professeur.

La matinée se termine enfin, nous nous retrouvons tous à la cafétéria pour l'heure du déjeuner.

Nous nous mettons autour d'une grande table pour manger, évidemment quand je dis "nous", ça comprend aussi Jeremy. Moi qui était heureuse de pouvoir enfin manger le midi avec Pauline, ce plaisir est gâché par sa présence.

Tout le monde mange en silence, l'ambiance étant palpable, j'échange des regards avec ma confidente. Alors que nous entamons une discussion de regard, tous les autres mangent le nez dans leurs assiettes.

Au bout de quelques minutes intenables, je me lève de ma chaise, ne supportant plus ce silence pesant.

" - Je vais manger ailleurs, annonçais-je avec simplicité sans aucune émotion dans la voix."

Les Maîtres Du TempsWhere stories live. Discover now