LVII. Soirée mousse

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Paul me regarde tout sourire.

" - ouai j'adore !

- parfait, je lance les pâtes alors, répondis-je en souriant."

Je trouve une grande casserole, que je rempli d'eau, avant de la mettre sur le feu.

Pendant que l'eau chauffe, je rejoins Paul à la table, pour préparer ma sauce en sa compagnie, dans un grand bol en inox.

"- où est-ce que tu as appris à faire une vraie carbonara ?"

Je regarde le fond de mon bol, légèrement gênée, avant de remettre frénétiquement une mèche de cheveux derrière mon oreille.

"- et bien..."

Paul perçoit ma gène.

"- Je ne pensais pas que ça pouvais te gêner... Si tu préfères on parle d'autre chose ?"

Je ne suis pas habituée à étaler ma vie devant les personnes que je ne connais pas ... Mais en même temps, l'envie de me confier me brûle les lèvres et le visage patient de Paul me met en confiance.

Après tout, il n'est pas comme les gardiens et en plus il a peur de moi.

Qu'il répète un seul de mes mots et un beau matin, il ne se réveillera pas.

Moi, violente ? Juste un peu sur les bords.

"- non non, ça va ne t'en fais pas... Mais ça reste entre nous ?

- Ne t'en fais pas pour ça."

Je me remets à remuer ma sauce, en commençant à raconter ma vie à ce jeune novice.

"- Avant de venir ici, il y a plus d'un an maintenant je dirais, je suis sortie avec un Italien, il s'appelait Jeremy et il n'y a pas à dire, il était vraiment beau. "

Paul m'observe, captivé par mon récit.

"- Je ne sais pas pourquoi il s'est intéressé à moi, car à l'époque j'étais invisible aux yeux des mecs... Mais j'étais si heureuse avec lui, il était attentionné, malgré que nous soyons si différents...

- Il t'a appris à faire de la cuisine italienne ?

- Oui, il cuisinait très bien... Nous passions parfois des après-midis devant les fourneaux, il m'apprenait sa cuisine et moi je lui enseignais la pâtisserie.

- Que s'est-il passé ensuite ?"

Je me tends légèrement à l'idée de devoir énoncer la suite, une sueur froide parcourant mon front.

On a tous un passé.

Mon passé n'est pas incroyable et je ne suis pas la victime de l'année avec la vie la plus terrible qui soit.

Non, je ne suis pas comme ces gens débordant de confiance, la tête haute, qui traine derrière eux un passé digne d'un film tragique, sans jamais se plaindre.

Par rapport à ces gens là, je n'ai pas le droit de me plaindre, mais la vie ce n'est pas que du bonheur et comme tout le monde, j'ai eu mon petit lot de moments durs.

Je reprends, les yeux toujours plongée dans ma sauce, coupant le silence qui venait de s'installer.

"- Et bien, un jour, il m'a quitté comme si je n'étais plus rien."

Comme un jouet démodé dont l'enfant ce serait lassé. Je n'étais qu'un jouet, un passe-temps avant qu'il en trouve un autre.

Et mes sentiments à moi ? Ils ne comptaient pas ?

Les Maîtres Du TempsWhere stories live. Discover now