LXXXIV. Oubliez vos erreurs, vous vous en souviendrez plus tard.

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Point de vue de Nyla.

Je rentre à pied, oubliant grâce à Jeen ma dernière conversation, plutôt glaciale, avec mon gardien. Nous arrivons enfin au château et je suis soulagée d'être rentrée, car le ciel commençait à se couvrir.

Je me sépare du gardien qui retourne dans sa chambre, et je ne tarde pas à faire de même.Une fois seule, je sens ma mauvaise humeur monter et finis par tourner en rond, ne me sentant pas au mieux, ma tête tournant légèrement.

Alors que mon crâne me fait souffrir, je finis par m'assoir pour reprendre un peu mon équilibre, et ferme les yeux.

Mais qu'est-ce qui m'arrive bon sang ?

Je tente de parler à Adrian, mais en vain, les images dans son esprit son floues et brouillées. il ne répond pas à mes appels et quand je pénètre dans son esprit, la musique est assourdissante et les images m'apparaissent par flash, bien trop indistinctes pour que je puisse deviner l'endroit où il se trouve.

J'avoue que je me fais un peu de soucis, mais après tout, Adrian est grand, je ne suis pas sa mère et il fait ce qu'il veut.

Je lâche l'affaire avec mon gardien et me laisse tomber en arrière sur mon lit, les bras croisés sur ma poitrine et les yeux vers le ciel, avec un mal de crâne prononcé.

"- Chronos ?"

J'attends quelques secondes avant d'entendre la voix grave et rassurante de mon divin "père" comme une mélodie, avec l'impression que l'air s'adresse à moi.

" - oui ?

- Et bien je ne sais pas trop... Je pense que j'ai juste besoin de quelqu'un avec qui parler.

- ta solitude te noie? Je suis ton bouche-trou ?"

Je fronce les sourcils, dans un rictus moqueur.

" - Je ne savais pas que les divinités avaient un sens de l'humour.

- Raconte-moi tes soucis plutôt, au lieu de dire de tels choses."

Malgré sa discrète réprimande, je ne peux m'empêcher d'imaginer Chronos entrain de sourire au moment même.

"- Je ne sais pas vraiment ce qui me préoccupe... Adrian, mes pouvoirs...

- c'est normal que tout n'aille pas bien avec ton gardien, vous êtes peu être liés, mais vous n'en restez pas moins deux êtres humains avec du caractère.

- Oui c'est vrai.

- Qu'est-ce qui te gêne avec ton pouvoir ?

- Et bien j'ai l'impression de l'oublier peu à peu... ça me fait peur, je ne l'utilise quasiment plus.

- Et bien ce n'est pas vraiment grave en soit, cela veux dire que tout va bien, tu utilises ton pouvoir quand tu te sens menacée, donc cela veut dire que tu es en sûreté. "

...

Je regarde le mur, laissant mes pensées divaguer en écoutant les sages paroles du dieu avec qui je converse.
Parler avec Chronos est devenu une habitude, presque une libération, j'ai réellement l'impression que maintenant quelqu'un veille sur moi là haut.

"- Et puis ça économise ton temps de vie en contre partie. "

- C'est vrai. Merci Chronos.

- Merci de ?

- Merci de m'avoir choisie, et de me répondre. J'espère ne jamais te décevoir."

Une petite farandole de grins dorés descendent majestueusement devant mes yeux avant de tomber sur le sol, je comprends ainsi que Chronos vient de partir de la discussion.

Il n'y a pas à dire, il aime soigner ses sorties.

Je me frotte les yeux, rassemblant mes jambes contre ma poitrine.

Je jette un dernier regard sur les artifices précieux autour de mon cou et ne pensant plus à rien, c'est dans un soupire de libération que je m'endors, évitant ainsi de subir mon malaise plus longtemps.


Point de vue d'Adrian.

Je suis Jason au milieu de la foule qui se presse dans le petit bar, les corps se collant et bougeant au rythme de la musique. Cette musique qui engourdit mes sens et m'oblige à bouger mes épaules et mes hanches à l'unisson avec tous ces inconnus.

L'étouffement, le bruit, ma gorge brulée par l'alcool, ma vue floue... Comment puis-je aimer de telles choses ?

Je ne sais pas... Et pourtant c'est l'extase, je ne pense plus à rien, l'alcool et le son brouillant mes sens et mon esprit. À mes côtés, Jason bouge de la même façon que moi, au milieu de tous ces corps pressés les uns contre autres.

Les filles autour de nous sont comme des chats, ronronnant avec des regards affamés, avec le côté félin en moins... L'alcool n'arrange pas vraiment les gens, heureusement il les rend aussi moins difficile.

C'est ainsi que je ne repousse pas la grande blonde qui vient se coller à moi, ma main sur ses hanches la plaque contre mon torse, mon bassin coordonnant mes mouvements avec les siens.

Le reste devient flou, tout passe comme si je regardais une ville cassette en accéléré, des moments passant sous grésillement, à cause de la mauvaise qualité de l'enregistrement.

...

J'ouvre mes yeux, collés par la chaleur, mon cerveau me reprochant mes écarts de la veille avec un gros mal de tête et une lourde envie de vomir. Mes réactions reviennent peu à peu et je commence à détailler la pièce autour de moi, une chambre de fille sans hésiter.

Le bazar règne et des vêtements sont mélangés aux miens sur le sol.

Je me retourne lentement pour découvrir la blonde de la veille, allongée sur le ventre à côté de moi, complétement nue.

J'écarte la couverture qui colle à mon torse plein de sueur, je me sens sale et poisseux, je ramasse mes vêtements sans faire trop de bruit, avant de les enfiler avec un rictus écœuré.

Je quitte la maison et la fille qui n'était rien d'autre qu'un coup d'un soir, regrettant déjà d'avoir couché avec aussi facilement.

En même temps je suis un mec, et ça faisait longtemps. Je secoue la tête, les pensées remplies de remords à l'égard de Nyla, me rendant compte que je ne sais pas où je suis.

Quelques minutes plus tard, ayant programmé un itinéraire grâce à mon téléphone, je rentre à pied, le cœur lourd, mais le corps rassasié.

Mes tourments ne cessent de revenir, que vais-je dire à mon maître ?

Lui mentir ?

Lui dire la vérité ?

Dans les deux cas je sens que je vais déguster... Et puis ce n'est pas comme si Nyla ne m'avait pas déjà menacé de mort ( notez l'ironie, car elle l'a vraiment fait, plusieurs fois...).

Un voile de désespoir apparait sur mon visage, montrant bien dans quel pétrin je viens de me fourrer. Je sens que mes heures sont comptées... Comptées par un maître du temps.

J'aurais pu rire de mon jeu de mot, mais sur le moment l'envie de pleurer sur mon triste sort et mon imbécilité, me parait plus envisageable.

J'arrive enfin devant le château, prêt, ou presque, à affronter un joli démon aux cheveux bruns et au regard de feu.

Les Maîtres Du TempsWhere stories live. Discover now