Chapitre 25.

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Me reconstruire !

Une larme coula le long de ma joue et il me l'essuya en une caresse à l'aide de son pouce.

Me reconstruire. Il voulait me reconstruire pour me détruire de ses propres mains.

Quel sadique ! Il était aussi sadique que lui.

Il était comme lui.

Je te détruirai à chaque fois que tu te reconstruiras...

Mais lui voulait me reconstruire tout d'abord.

Etait-ce possible ? Etais-ce possible de me reconstruire ?

Non ! C'était impossible. Père avait fait de moi ce qu'il voulait, un vase brisé en mil morceaux sans moyen de le récoler.

Me reconstruire. Parker voulait me reconstruire.

Un rire jaune et amer sortit d'entre mes lèvres.

Parker encore accroupis en face de moi, se redressa puis se recula. Il se tint debout les mains dans les poches devant moi, le visage n'exprimant aucune émotion.

S'il fut surpris par ma réaction, il en n'avait rien montré.

Les larmes que j'avais ravalé après n'en avoir versé qu'une me remontèrent aux yeux, mais cette fois-ci, elles étaient voilées d'une profonde colère.

J'étais en colère.

En colère contre cet abruti de Parker.

Je lui en voulais de m'avoir percé aussi facilement. Je lui en voulais d'avoir pu lire sans difficulté en moi ce que j'essayai de cacher au monde entier. Je lui en voulais de prétendre pouvoir me reconstruire.

Je lui en voulais pour tout.

Levant la tête pour plonger mon regard dans le sien, je le laissai voir dans mes yeux toute la colère que je ressentais pour lui en ce moment. Il m'offrit un sourire satisfait qui attisa davantage cette colère.

Les poings et la mâchoire serrés par la colère, je me levai de mon siège et allai me poster en face de la grande baie vitré. Je fixai la vue que m'offrait cette baie sur le Central Park de New York. La beauté de la vue calma en partie ma colère, mais pas entièrement car sa présence à lui dans mon dos la maintenait éveillée.

Il ne fallait pas que je lui dévoile davantage d'émotions.

Il fallait que je reste calme. Me répétai-je pour ne pas exploser toute la frustration et la colère qui circulaient dans mes veines.

Des bruits de pas.

Je l'entendis s'avancer jusqu'à moi.

Je le sentis s'arrêter dans mon dos ne laissant qu'une infime distance entre nous.

Je le vis du coin de l'œil promener son regard sur la peau nue de mon épaule jusqu'à mon cou.

- Dites-le-moi, Mlle Afandé. D'où vient-elle cette douleur dans votre regard. Racontez-la-moi, Mlle Afandé. Racontez-moi votre histoire. Me susurra Parker d'une voix envoutante, ses lèvres quasiment collées à mon oreille droite.

Il faisait le charmeur. Il essaya de me charmer.

Le regard perdu dans le vide, le seul mot douleur me replongea dans de douloureux souvenirs.

Seule. Je suis seule. Toute seule dans cette grande maison vide.

Seule. Ils m'ont laissé seule.

Seule. Je pleure sans que personne ne me console.

Il fait nuit noire dehors. L'orage est puissant et le tonnerre grondant.

Assise à même le sol contre le mur, je me balance d'avant en arrière serrant très fort mon cadeau de Noël.

Dans le grenier de la maison, je fixe le grand sapin poussiéreux que personne n'a voulu sorti. Dénoué de décoration, je le trouve très beaux. Il lui manque juste une grande étoile à son pique mais ma petite taille ne me permet de le lui vêtir.

Jason a beaucoup grandi et à seulement quatorze ans, il avoisine déjà le mètre soixante-quinze. Il aurait pu m'aider à poser l'étoile sur le somment du sapin.

Mais il n'était pas là. Il était parti avec père et mère sur l'iles du Caraïbes y fêter Noël, me laissant seule dans cette maison vide et sans vie.

Serrant fort le nounours en couleur noisette que m'a offert Jason en cette fête de Noël grâce à ses économies, j'ai du mal à retenir mes larmes et mes reniflements bruyant.

Je voulais y aller. Je voulais aller avec eux sur cette ile que mon frère m'avait montré si belle sur les photos. Mais père avait refusé affirmant que j'avais été une trop vilaine fille pour mériter de les suivre.

C'était ma punition. Rester seule.

Chancelante, je sorti de ma cachette que fut le grenier. J'avais faim. Je descendis les marches des escaliers me retrouvant rapidement dans la cuisine.

- Où étais-tu ? Cria tante Rosa, la sœur de mon père qui avait pour charge de me garder pendant leur semaine de voyage.

Tante Rosa est très méchante avec moi. Elle ne m'aime pas. Personne ne m'aime dans cette maison.

- Répond petite idiote ! Cria-t-elle à nouveau en m'assenant une puissante gifle qui me fit perdre l'équilibre.

Les larmes ruisselant sur mes joues, je ne répondis rien. Cela l'énervait davantage quand je parlais.

- Très bien. Comme tu ne veux pas me répondre tu monteras te coucher sans manger. Allez ! Monte dans ta chambre ! M'ordonna-t-elle.

Mon ventre exprima ma faim. L'odeur du plat qu'elle avait réchauffée me titillait les narines. Avec peine, je rejoignis ma chambre rapidement pour éviter de lui donner d'argument pour me porter mains encore une fois.

Me dirigeant à mon balcon. Je regardai par dessus puis fermai les yeux pour refouler cette idée de ma tête.

Je n'avais que onze ans, j'étais beaucoup trop jeune pour me suicider.

Dans le silence de la nuit, je rejoignis mes draps. J'étreignis fermement mon nounours que je venais de baptiser Happy avant de m'endormir profondément.

Je voulais être heureuse comme Happy et s'était pour moi mon seul vœu.

Oublier pour être heureuse.

Juste Une Dernière FoisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant